Du mile 118 au mile 129
J’étais tellement fatigué hier soir que j’ai succinctement écrit. J’ai par exemple oublié de dire que j’avais attrapé une ampoule au pied gauche, que je voyais et vivais tellement de choses chaque jour que j’oublie de tout écrire le soir même. J’ai trouvé la technique pour ne plus avoir mal quand on a une ampoule : appuyer dessus. Le premier mile est très douloureux, mais à force de marcher dessus, on finit par ne plus sentir la douleur. J’en ai attrapé une seconde aujourd’hui, au pied droit.
J’ai très mal dormi cette nuit. Non pas parce que je dormais sans la partie imperméable de la tente, mais parce que j’ai des courbatures et des douleurs dans l’ensemble du corps, donc je n’arrivais pas à trouver de bonne position pour dormir. Plusieurs fois depuis le début de l’aventure, je suis sorti de ma tente en pleine nuit pour observer les étoiles… C’est magnifique. Comme j’avais peu dormi, j’ai eu du mal à me réveiller le matin. Pour preuve, c’est Matt qui m’a réveillé avec le bruit quand il terminait de ranger son sac. Il était 6h30, alors que j’avais prévu partir à 5h30.
Après une journée à grand dénivelé, avec une température de 35ºC à l’ombre et pas de vent du tout, je suis arrivé au mile 127, où Matt était déjà arrivé. C’est le dernier ravitaillement en eau pour les 31 prochains miles !
C’est une propriété où l’on trouve deux grands réservoirs d’eau. On entend aussi de la musique. En suivant la musique, on arrive chez le trail angel Tom. Des hamburgers sont en train de chauffer, des bières et des sodas sont en libre service dans deux grandes glacières, un chapiteau est mis en place pour faire de l’ombre…
A peine arrivé, Tom vient me voir et me demande si je veux un hamburger, avec ou sans fromage. J’ai donc mangé un délicieux hamburger maison ! Il faisait tellement chaud qu’on est restés toute l’après midi à l’ombre. On était plusieurs motivés à manger les spaghetti que nous offrait Tom puis à repartir pour faire quelques miles. On a mangé au coin du feu et je suis parti tout seul, à la lampe frontale faire quelques miles. Ils s’étaient tous dégonflés. J’ai relevé un défi que je m’étais imposé ! J’ai fait 2,5 miles sous les étoiles. C’était un premier test en vue d’une nuit complète de marche un peu plus tard dans le désert sur une section de 60 miles (100km) sans réapprovisionnement en eau.
J’ai aussi eu mon trail name : Fuck-it ! C’est quelque chose que je dit quotidiennement et qui illustre bien me façon de penser lorsqu’il faut prendre une décision. Je ne m’aventurerai pas dans une traduction française de ce nom; difficile de trouver un équivalent.
Je me couche avec la tête dans les étoiles car une fois de plus, je dors sans la toile imperméable, et dans le silence le plus parfait; absolument aucun bruit ne se fait entendre.
If you see this after your page is loaded completely, leafletJS files are missing.