Après avoir fait les Ardennes, il me fallait trouver un autre endroit à visiter à pied. C’est ainsi que j’ai embarqué Thomas avec moi pour une aventure de quelques jours sur la Côte d’Opale.
Départ de Berck
Nous comptions faire une partie du GR120 qui relie Boulogne-sur-Mer (dans le Pas-de-Calais) à Le Tréport (en Seine-Maritime). N’ayant que deux journées et demie devant nous, nous avions décidé de partir de la ville de Le Crotoy et de remonter jusqu’à Boulogne pour un total d’environ 102km. Dans le TER, nous avons revu un peu nos plans pour finalement entamer la marche depuis Berck.
Nous sommes donc sorti du train dans la gare la plus proche de Berck, à Rang-du-Fliers et avons regardé les horaires de bus. Il y avait trois calendriers différents; deux pour la période scolaire et un pour la période de vacances. Sauf que les deux calendriers pour la période scolaire n’affichaient pas les mêmes horaires. On s’est donc fiés à l’un des deux et voyant que nous avions 40 minutes d’attente, nous sommes allés prendre un verre dans la brasserie du coin. Nous avons été très bien reçus et, une bière plus tard, nous étions en route vers l’arrêt de bus.
Il n’est finalement pas passé; il semblerait que le calendrier que nous avions utilisé n’était pas le plus à jour. En nous référant au second, nous avions de nouveau 40 minutes d’attente. Retour à la brasserie pour un second verre, toujours aussi bien accueilli, avant de nous mettre en route, une fois de plus, vers l’arrêt de bus. Cette fois-ci, nous l’avons eu !
Quelques minutes plus tard, nous sommes arrivés sur la plage à marée basse, alors que le soleil commençait à décliner à l’horizon. Un peu plus loin, nous sommes montés dans les dunes et avons installé la tente, puis il était temps de profiter des couleurs de cette fin de journée dans cet environnement très silencieux que seules les très distantes vagues venaient animer.
Après le passage inopiné d’un homme bien portant qui s’est spontanément senti dans le besoin de montrer son sillon interfessier à cette vaste étendue d’eau (se pensant probablement seul), nous nous sommes retrouvés parfaitement seuls sur cette vaste plage.
Nous avons dégusté un repas froid de céréales en sauce avant de nous réfugier dans la tente quand le vent s’est levé.
Du bitume et des ampoules
Je suis sorti en pleine nuit pour effectuer la sempiternelle vidange nocturne et j’en ai profité pour apprécier la noirceur du ciel au-dessus de la mer. Il n’était même plus possible de différencier la ligne d’horizon dans cette lointaine brume qu’aucune lune n’éclairait. C’était un spectacle grandiose duquel je devais m’éloigner tant le froid commençait à se faire ressentir.
Le vent s’est calmé en milieu de nuit, mais nous n’arrivions tout de même qu’à somnoler jusqu’au petit matin. À 7h, tout le monde debout pour un petit déjeuner dans le froid avant de reprendre la route le long de l’eau.
Nous avons marché jusqu’à Stella Plage où nous avons bifurqué afin de rejoindre Sainte-Cécile Plage en évitant Le Touquet. Nous avons profité du magasin d’alimentation pour acheter quelques mets pour notre second petit déjeuner, et une bière pour fêter nos courtes « vacances ». Alors que nous nous désaltérions sur un banc de la ville, un certain Stéphane nous a abordés pour discuter un peu. Originaire de Lille, et anciennement serveur dans un bar que nous connaissons bien, il était à quelques heures du départ de son dernier jour de congés. Nous avons partagé un moment ensemble avant de reprendre la route sur le bitume avec comme unique objectif : atteindre le McDonald’s de Cucq pour un repas chaud.
Sur la route, une envie pressante de chips s’est fait ressentir et s’est vue assouvie devant le magasin le plus proche. Puis ce fut le tour d’une envie de coca, puis de bière. Enfin, nous avons atteint notre première étape. Une commande plus tard et nous voilà dégustant un repas chaud et gras.
La fatigue d’après repas ne nous a pas empêchés de reprendre la route sous un soleil de plomb, le long d’une départementale très active. Thomas commençait à avoir des douleurs aux pieds, que l’on pensait dues aux frottements, au sable et à l’humidité constante dans ses chaussures. De mon côté, les voûtes plantaires chauffaient un peu, mais rien d’alarmant.
Arrivés à Sainte-Cécile Plage, il boitait difficilement. En enlevant ses chaussettes, nous avons découvert avec stupeur de très grosses ampoules au niveau de ses orteils et à l’arrière de ses talons. Je lui ai inculqué le fameux traitement des ampoules que j’avais appris sur le Pacific Crest Trail : transpercer l’ampoule et y laisser pendre un bout de fil pour la drainer en continu jusqu’à son assèchement total. Quelques pas dans l’eau salée pour désinfecter le tout et nous voilà sur une terrasse pour profiter d’une mousse fraîche pour bien terminer la journée.
Les derniers pas jusqu’à un coin de dune assez calme furent douloureux pour Thomas, mais quel bonheur de s’installer face à un tel coucher de soleil ! Alors qu’ils prévoyaient de l’orage une partie de l’après-midi, nous venions d’essuyer une journée presque caniculaire et profitions de cet instant de calme, semblable à la veille.
Cette fois-ci, le silence était entrecoupé des coups de feu d’un mytiliculteur qui effrayait les goélands des poteaux de moules encore à l’air libre. Coups de feu qui perdurèrent une partie de la nuit.
Dernière ligne droite jusqu’à Outreau
Une nuit réparatrice bien complétée, nous avons mis les voiles aux alentours de 8h30 en cette dernière journée de marche. Les pieds de Thomas allaient un peu mieux, mais restaient fort sensibles. Ils furent d’ailleurs réveillés par les quelques traversées humides qui nous menaient jusqu’à Hardelot. Il n’était pas facile de marcher sur le sable mou avec d’aussi lourds sacs, c’est pourquoi nous préférions la marche matinale en pleine marée basse. De plus, les plages étaient bien plus désertes rendant l’expérience plus agréable.
Mazette ! Quelle ne fut pas notre peine quand nous nous sommes rendu compte qu’il n’y avait pas de friterie après avoir traversé la ville ! Nous en rêvions depuis des heures, mais il fallait nous accrocher encore quelques kilomètres; internet nous annonçait une friterie sur la plage d’Equihen.
On s’est donc motivés pour pousser jusque là-bas le ventre vide et sous un soleil de plomb. À la friterie, on s’est pris un Américain merguez et une boisson fraiche.
La fatigue des deux derniers jours commençait à se faire sérieusement ressentir, si bien qu’on s’était décidés à passer nos dernières heures dans un bar de cette ville. Nous étions un dimanche et seul un PMU était ouvert. On a pris un verre en terrasse, racontant notre périple aux habitués qui avaient pris possession des lieux. Mais les portes fermaient à 15h. On s’est alors motivés à pousser encore un peu. Quelques kilomètres plus loin se trouvaient Outreau, puis Boulogne.
Longeant les falaises à leur sommet, on s’est retrouvés à faire plus de dénivelé positif en une heure qu’en 2,5j de marche. Quand le vent soufflait, c’était sympathique, mais quand nous étions à l’abri, nous crevions de chaud ! La vue était bien différente des derniers jours; nous avions de la hauteur sur la mer et sur les plages en contrebas. C’était plaisant de changer d’environnement.
Finalement, après un peu plus de 55km de marche en 2,5 jours, nous arrivions dans un bar d’Outreau, le point d’arrivée de notre petit périple.
Ce n’était pas un voyage au bout du monde. Ce n’étaient pas des paysages grandioses. Nous n’avons pas eu de grandes difficultés ou rebondissements. Ce n’était pas une marche de longue distance. Mais c’était un grand bol d’air frais très appréciable et riche en souvenirs.
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