Du mile 161 au mile 181
Je ne marche plus avec le groupe, car deux d’entre eux ont décidé de passer une nuit de plus en ville, un est parti à 5h du matin et les deux autres sont partis vers 7h. Je me suis réveillé a 8h et je ne me suis remis en route qu’à midi (le temps de me préparer et de faire les courses). Direction Humble park, le lieu où démarre le Devil Slides Trail, trail qui me permet de rejoindre le PCT au mile 179,5. Je dois faire un total de 2,5 miles pour atteindre ce fameux départ du trail. Uniquement de la montée. Deux personnes ce sont l’une après l’autre arrêté afin de gentiment me proposer de me déposer au début du trail. C’est vraiment très gentil de leur part, surtout que je ne faisais pas de stop, mais non ! Je marcherai l’intégralité de la route de la frontière mexicaine a la frontière canadienne !
Puis vient le Devil Slides Trail. Je ne le savais pas mais ce trail est réputé pour être le plus dur de la Californie du sud. Que de la montée, bien raide. C’est là que je vois que je suis asthmatique… 10s de marche, lentement, en montée, et je suis a bout de souffle. J’ai l’impression d’étouffer et mes muscles n’ont pas assez d’oxygène pour travailler correctement donc je n’ai pas de force. C’est extrêmement dur. Et je fais le trail le plus dur de la Californie du sud, au pire moment de la journée : 13h. Très grosse chaleur, beaucoup de sueur, plus de force. Enfin arrivé sur le PCT, en ayant déscendu 3L d’eau, je mange mon repas du midi. Puis je me remet en route. Arrivé au mile 181, un dilemme se pose… C’est un croisement et j’ai deux choix : continuer le pct sur 4,5 miles ou monter au sommet du mont San Jacinto, deuxième montagne la plus haute de la Californie, detour long de 5,5 miles. De la montée ? Encore ? Alors que depuis le début de la journée je ne fais que ça et c’est excessivement compliqué a cause de l’asthme ? Oui ! Je ne raterai pas cette occasion ! Je me remet en route, sur un autre détour, plus long que le pct. Premiers pas dans la neige ! Apres de longues heures de galère sur une montée bien raide, j’arrive au croisement pour monter au sommet et a l’abri qui a été construit en 1933. Encore un petit effort… Mon essoufflement est atroce et je n’ai vraiment plus de force. J’arrive a l’abri où je passerai la nuit ; je voulais aller plus loin mais je suis à bout de force. Je pose mon sac, prend une bouteille d’eau et je dirige vers le sommet. 0,1 mile d’escalade sur des rochers sans sentier balisé. Et m’y voilà. 10834 ft de haut soit plus de 3000m de haut. Je viens de marcher 10 miles, 2000m de dénivelé, en 5h30. Au sommet j’ai retrouvé Jake et Sprinkles qui étaient partis tôt de l’hôtel ce matin, et Léo, que j’avais rencontré hier soir à la pizzeria. J’étais a bout de force. Cette après midi, c’est le genre d’après midi qui donne envie d’arrêter et de se reposer chez soi plutôt que de souffrir ainsi. C’est aussi dur physiquement que psychologiquement. Pourtant, quand on a le paysage que j’avais sous les yeux, quand on rencontre les personnes que je rencontre, quand on vie ce que je vie, on se rend bien compte que c’est impossible d’arrêter. Que c’est trop génial pour tout quitter. Un océan de nuages d’où quelques rares sommets de montagne arrivent a sortir. Des oiseaux qui chantent, des corbeaux qui planent, un désert aride, et des montagne enneigées forment ce spectaculaire paysage.
Nous partageons un saucisson en attendant le coucher du soleil. Puis le soleil se cache tranquillement derrière une montagne, laissant place a un superbe ciel étoilé. On se dirige vers l’abri, mais seul Léo me portera compagnie; les autres veulent faire encore 3miles.
L’abri possède quatre lits superposés et deux sac de couchage. Une boite médicale d’urgence, un peu de nourriture en cas d’urgence, de l’eau et un registre de signature. On signe, on fait a manger et on se couche. La nuit risque d’être froide.
Aujourd’hui, j’ai vu mes limites, je les aies dépassées, et j’ai réussi un premier défi : aller au sommet de ce mont.
If you see this after your page is loaded completely, leafletJS files are missing.