La précédente section m’a complètement cassé les jambes. Le montées étaient devenu particulièrement difficiles et là caféine était devenu quotidienne pour tenir le coup. Le tous que j’ai pris était nécessaire et m’a fait beaucoup de bien. J’ai repris la route, traversant l’habitat de quelques ours.
Jour 115 : mile 1831,6 – Pinedale
On s’est finalement retrouvés à 14 dans un airbnb de 4 personnes ! De nombreux randonneurs allant vers le sud nous ont rejoint. L’ambiance était très festive et la nourriture abondante. C’était vraiment sympa de passer un moment convivial comme ça tous ensemble.
La météo était par contre très capricieux. 4 jours de pluie et d’orage dont aujourd’hui était la pire. On s’est donc tous motivés à passer une nuit de plus en ville. On a loué un autre airbnb et on est allés se détendre dans le centre aquatique de la ville. De nombreuses piscines, toboggan et rivière artificielle sont disponible, ainsi qu’une corde pour faire Tarzan au dessus de l’eau et des tapis flottants pour faire de la lutte.
Jour 116 : mile 1841,8
Après une excellente nuit, il était temps de me remettre en route. J’ai fait un petit ravitaillement, un bon petit déjeuner, et je me suis positionné à la sortie de la ville pour faire du stop, un Subway dans le sac pour le repas de midi. Après quelques minutes, un randonneur sort du restaurant en face duquel j’étais positionné et m’annonce qu’un homme à l’intérieur lui à proposé de le déposer sur le sentier, mais qu’il restait une journée de plus en ville. Je suis allé voir l’homme et il a accepté de me déposer à mi chemin car je n’allais pas au même endroit que le précédent randonneur.
Il me dépose à un croisement de route, perdu un peu au milieu de nul part, mais j’étais certain que les voitures qui iraient plus loin auraient la même destination que moi. Une demi heure plus tard, une femme vient de garer pour récupérer son courrier à l’unique bâtiment aux alentours. En repartant, elle m’a demandé jusqu’où j’allais. Elle s’est proposé de faire un détour et de me déposer à deux tiers du chemin. J’ai volontiers accepté ! Dans la voiture, elle m’a raconté pas mal d’anecdotes sur la ville de Pinedale. Voyant les gros nuages noirs qui arrivaient, elle m’a pris en pitié et m’a déposé au sentier, s’ajoutant 1h30 de route au total. C’était vraiment très gentil de sa part, et sa seule condition était que je lui envoie des nouvelles de temps en temps.
Je commence donc à marcher à 14h sauf que… Je suis interpellé par un homme et sa femme à la sortie du parking. Ils étaient curieux de savoir quelle randonnée j’allais faire car ils comptaient marcher un peu le lendemain. Quand j’ai expliqué ce que j’étais en train de faire, Ils n’en revenaient pas et m’ont proposé une bière. Ça ne se refuse pas ! Au bout de 2 bières, je me remet en route, il est 15h, et j’ai 2 bières en plus dans le sac pour ce soir ! Sacrée trail magic !
Le sentier remonte progressivement dans les montagnes, sur un sentier bien gradé. Redescente vers une petite vallée et tout se complique. Il y a énormément d’arbres morts en travers du chemin, rendant la marche bien plus compliqué et lente que prévue. Certains glissent et je me prend des branches dans les jambes. Puis début d’une seconde montée bien plus traitre. Elle étais assez longue, près de 500m de dénivelé positif plutôt raide, parsemée d’arbres à enjamber. Les premières gouttes commencent à tomber et j’entends le tonnerre gronder autour de moi.
Au final, il n’y aura eu que très peu de pluie. Il a plut à ma droite et à ma gauche, mais j’étais dans un couloir de nuages plutôt clément. Je redescend de la montagne pour quelques miles de plus. Je fini par surprendre un troupeau de vaches à l’endroit où j’allais m’installer pour la nuit. C’est jonché de bouses et elles m’observent avec beaucoup trop d’intérêt, mais je n’y prête pas trop d’attention. Je mange, bois une bière, et au lit !
Jour 117 : mile 1865,7
Réveil à 6 heures pour un départ une demi heure après. Le soleil se lève dans un ciel parfaitement dégagé, mais je ne me leurre pas, c’est censé dégénérer en début d’après midi.
Je commence tout d’abord par traverser une petite foret avant d’arriver dans une très grande plaine vallonnée. Alors que je marchais, j’ai commencé à entendre des bruits bizarre, comme un dinosaure. Je ne savais pas d’où ça venait, et ce n’est qu’après quelques minutes que j’ai aperçu deux émus. Ils font vraiment un drôle de bruit, et très fort ! Plus loin, j’en croise 6 autres, puis à nouveau 2. À ma gauche, il y a un troupeau d’une bonne centaines de vaches. Elles sont un boucan pas possible. C’est pas facile de profiter du silence dans ces conditions.
Le sentier fait ensuite le tour d’un lac. Je profite de ce moment pour me désaltérer d’une bière que je porte depuis la ville. Le pétillant de ce breuvage me désaltère alors que le soleil commençait à sérieusement taper.
En redescendant de l’autre côté de la colline, je croise un vrai cowboy, mon premier. Sur son cheval et dans tout son attirail, il se balade à droite à gauche et donne des instructions à ses chiens pour rattraper et déplacer le troupeau de vaches. Je suis vraiment content d’avoir vu ça en vrai !
Vers 11h, je prend une pause pour faire sécher tout mon matériel humide de condensation. J’en profite pour manger deux bagels avec du Nutella, quelques crackers et des barres de céréales. Puis je me remet en route. Le ciel se gâte et je commence à entendre des orages autour de moi. Je m’installe au bord d’une petite source d’eau et je commence à filtrer un litre. En plein pendant cette action, un tonnerre vient craquer juste au dessus de moi. Quelques secondes plus tard, de gros grêlons commencent à tomber. Ni une ni deux, je sors mon parapluie et je me réfugie en dessous. Je termine de filtrer puis je m’installe suis un arbre et j’attend que la pluie se calme un peu. Une bonne demi heure passe avant que je n’ose marcher sous une pluie toujours bien présente mais moins violente.
Si ce n’est les plantes qui viennent tremper mon pantalon lorsqu’il rentre en contact avec elles, je reste au sec. Et malgré le petit vent, je n’ai pas froid. Du tout. Ce n’est certes pas très confortable de tenir un parapluie (et je n’ai pas trouvé de vin moyen de le faire tenir à mon sac), mais je suis si heureux de l’avoir là ! En gardant toute la partie haute de mon corps au sec, incluant mes mains, je ne me refroidi pas trop. Tout au long de l’aprem, la pluie fera son apparition, parfois pour quelques minutes, parfois pour une heure. Le ciel était très menaçant et sombre au loin, mais j’ai réussi à éviter le plus gros de l’intempérie. J’entendais au loin un tonnerre absolument continu pendant au moins 4 heures. C’était impressionnant et peu rassurant.
Au final, je suis arrivé au campement à 18h. J’ai fait une très bonne journée, tant en distance qu’en temps. Mon corps est en pleine forme et si ce n’est quelques petites tensions au tendon de la cheville droite en fin de journée, après 7 miles sans pause, je n’ai pas à me plaindre. Comme c’est plaisant de ne pas être en constante douleur !
J’ai installé ma tente sous quelques arbres, à l’abris de la belle averse qui était en train de tomber.
Jour 118,119 : mile 1888,2 – Dubois
Il a finalement plu une grosse partie de la nuit. J’ai fini par mettre des bouchons d’oreilles tant c’était bruyant, même sous les arbres. J’évite de les utiliser d’habitude au cas où il y ait des animaux qui s’attaquent à ma nourriture, mais tant pis pour cette fois !
Au petit matin, grand ciel bleu. Je range mes affaires et je commence à marcher à la fraîche, traversant des plaines brumeuses éclairées par les premiers rayons du soleil. Il y a une atmosphère féérique, c’était vraiment plaisant ! Je retrouve Velveeta avec qui on forme un petit groupe. À peine un mile après avoir quitté le campement, je tombe sur des traces de grizzly fraîches de ce matin. La pluie avait effacée toutes les précédentes traces pendant la nuit, mais celles-ci ont dû être faites entre 3 et 7 heures, quand la pluie s’est arrêtée. J’ai une protection pour ma nourriture; un sac que les ours ne peuvent déchirer, mais je n’ai pas encore de spray anti-ours. Si je me retrouve face à face avec un grizzly et qu’il me charge, je n’ai aucun moyen de me protéger. Ce n’était vraiment pas rassurant ! Velveeta n’en a pas non plus, on devait tout les deux en récupérer un dans la prochaine ville, Dubois.
On avance donc ensemble, faisant du bruit à chaque coin du sentier pour signifier notre présence. Si on voit un ours noir où brun, ce n’est pas trop problématique car ils ont peur des humains, mais si c’est un grizzly, on a répété ma position du mort, protégeant le cou et le visage, le temps qu’il nous laisse tranquille.
On avance à un bon rythme, légèrement ralenti par les arbres en travers du chemin sur une section qui a brûlé il y a quelques années. Pendant une pause, deux randonneurs qui allaient vers le sud nous ont mis en garde qu’un peu plus loin, 3 personnes ont dû utiliser leur spray contre un grizzly, en une semaine. Ce n’était vraiment pas rassurant. On a trouvé un sentier attentif qui permettrait de rejoindre la route un peu plus rapidement. On s’est donc mis à suivre un sentier de vaches, puis une route en terre, avant d’arriver au bord du bitume.
On a profité de la rivière pour rincer nos vêtements et faire une petite douche, puis on a fait du stop et rejoint la ville. Là, c’était l’heure d’un gros burger ! Enfin, on est allé s’installer dans l’une des salles que l’église de la ville met à disposition pour les randonneurs. On a réussi à éviter la grosse averse.
Le lendemain, c’était journée de repos, mais c’était surtout un moment pour planifier les prochains jours sur le sentier. En effet, après Yellowstone, que je devrais atteindre d’ici 3 jours et traverser en 3 jours, le sentier suit la frontière entre l’Idaho et le Montana, sur un bon 600km sans pour autant être très intéressant. Sauf que je suis un peu en retard. Mon objectif est d’arriver au Canada au plus tard le 1er octobre pour limiter le risque d’avoir des tempêtes de neige. Avec toute la distance qu’il me reste, il me faudrait faire 24 miles tous les jours, sans pauses. Bien que ce soit une distance que j’arrive maintenant à tenir quotidiennement, il n’est pas envisageable de ne pas prendre de repos, ni de faire cette distance tout en ravitaillant les jours où je rejoins la ville. Pour les personnes dans mon cas, il existe un sentier alternatif qui a une infinité de chemins possibles. Ce détour s’appelle le Big Sky Cutoff. Il coupe une très grosse partie de la frontière entre l’Idaho et le Montana, raccourcissant le sentier d’environ 180 miles. Ça veut dire faire en moyenne 20 miles par jours, 6 jours par semaine. C’est déjà bien plus abordable !
Comme il existe une multitude de chemins, que certains passent par des propriétés privées, et que certains campements nécessitent des permis, il nous a fallu quelques heures pour tout organiser. On a décidé de tout de même faire la partie de Yellowstone avec les geysers, et de rejoindre l’Idaho puis de remonter au nord sans suivre la frontière. On a donc acheté notre permis pour traverser le parc national, récupéré nos spray anti-ours, fais notre ravitaillement, puis c’était détente.
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2 Commentaires
Waa! T’as débloqué une monture légendaire! xD
C’est génial ces paysages forestiers. Un peu triste de voir des photos d’arbres cramés, mais peut-être que cela est juste le résultat de brûlage dirigé (du moins j’espère).
Je me demande quand même à quel point la technique du « faire le mort » marche sur les grizzlis. Assez pour qu’on continue de le faire, forcément, mais je suis quand même dubitatif, je me dis que le bestiau doit quand même bien (res)sentir/voir que la chose au sol est encore vivante.
Sinon j’ai été surpris que t’aies croisé des émeus parceque je pensais que ça ne vivait qu’en Australie.
Et effectivement c’est le cas. A moins que tu n’aies croisé des émeus importés ici pour X raisons obscurs (j’ai réussi a trouvé un fait divers parlant d’émeu échappé près de Yellowstone mais c’est a priori anecdotique xD). J’ai regardé sur Google des volatiles d’apparences similaires et c’est peut-être des « Nandou » (greater rhea) ou des sandhill crane (grue des dunes) ? Un peu difficile à dire par rapport à la ressemblance.
Enfin, on s’en fout.
Au moins maintenant t’as ton spray anti-ours.
J’espère que ça ne fait pas exploser l’animal comme le spray anti-requin de Batman (Michel Jélareff, ou pas) xD
Hey ! La technique de faire le mort fonctionne sur les grizzly car leur but n’est pas de tuer lorsqu’ils attaquent, mais de te faire comprendre que tu les embêtes, contrairement aux ours noirs qui tuent lorsqu’ils attaquent (et c’est rare!). C’est d’ailleurs ce qui est préconisé de faire dans Yellowstone en cas d’attaque.
Effectivement, avec la rencontre sur j’ai fait hier, j’ai appris que ce ne sont pas des émeux mais des grues des dunes 🙂 Bien vu !