Jour 138 : Whitehall
Les températures annoncées pour aujourd’hui étaient affolantes. Surtout que le sentier suit des routes goudronnées en plein milieu de la vallée. Les prévisions étaient de 39 degrés mais on a atteint 41, aucun vent, et un brouillard causé par la fumée d’un feu dans l’état d’Idaho. On a pris la décision de passer une nuit de plus à Whitehall.
Pendant la journée, il ne s’est pas passé grand chose si ce n’est une séance photo. Le soir par contre, on s’est organisé une fête dans les toilettes handicapées de la mairie. On a installé 2 ventilateurs, 2 téléphones en mode stroboscope qui projetaient dans une bouteille rouge et une bleue, histoire de mettre un peu de couleur, une petite enceinte à 3$, et nous voilà dansant à 9 dans une petite pièce. On a même fini par allumer la douche et par danser dessous. C’est du grand n’importe quoi, comme on les aime !
Mes tendons sont par contre assez douloureux. J’espère que ça se calme cette nuit.
Jour 139 : Harrison
On prend notre temps avant de nous mettre en route direction Butte, le retour sur le sentier officiel. On doit d’abord faire du stop à l’entrée de l’autoroute 90, tout en dégustant un bucket de chez KFC. Ce n’était pas un endroit idéal pour faire du stop mais on avait pas vraiment le choix. Deux voitures s’arrêtent au même moment et on arrive à faire rentrer tout le monde.
Début de marche sur la route par une température déjà intenable. Au bout de quelques kilomètres, je me rend à l’évidence, mes chevilles ne sont pas du tout en état de continuer. La douleur ne diminue pas et touche les deux chevilles. J’évalue mes options : retourner a Whitehall et y rester jusqu’à ce que le groupe n’atteigne Helena, donc passer 2 sections, où trouver un autre endroit un peu plus confortable. J’envoie quelques messages et Darcy, qui nous avait donné à Wildman et moi des bières, soda et un peu de nourriture il y a quelques jours, a répondu positivement. Elle habite Ennis, quelque 80km plus au sud, une ville que j’avais quitté il y a quelques jours.
Je reviens sur mes pas, triste de devoir pour une énième fois prendre du repos et passer des sections. J’arrive au niveau de l’autoroute où je commence à faire du stop. Il n’y a presque aucune voiture qui passe par là, mais j’ai la chance qu’une randonneuse qui a fait le PCT en 2017 ait reconnu mon matériel. Elle me dépose a Cardwell, où j’avais du attendre de nombreuses heures pour qu’une voiture s’arrête il y a quelques jours. Je décide de faire du stop sur une autre route un peu plus peuplée. En 3 minutes, une autre randonneuse s’arrête. Hope a fait une partie du PCT en 2019, et bien que je n’aille pas dans sa direction, elle s’est proposée de me déposer à l’intersection avec la route 287 qui va droit vers Ennis.
A cette intersection, il n’y a pas de bon endroit pour faire du stop. Les gens roulent très vite et je suis après un virage, mais ça me semble tout de même été le moins pire. Peu de voitures passent, donc je passe mon temps à m’asseoir et à me relever quand j’aperçois un véhicule. Une heure, deux heures, trois heures… Toujours personne. Je suis en plein soleil, en train de cuire, mes bouteilles d’eau sont presque vides. Une voiture fini par faire demi tour et propose de me déposer dans la ville d’Harrison à 15km de là, depuis laquelle j’aurai sans doutes un peu plus de chances d’avoir un meilleur endroit pour faire du stop. J’accepte volontiers !
Le cliché de l’américain républicain commence ! Le calibre .45 bien en évidence sur l’accoudoir, Annie et John conduisent en direction d’Harrison. Ce dernier était probablement déjà un peu éméché. Alors qu’on arrivait en ville, il annonce « Tu vois où je veux en venir Annie ? ». Elle comme moi sommes perdus. Une petite remarque misogyne, puis il se retourne vers moi et me pose la question. Je n’ai aucune idée de ce qu’il insinuait ! Puis il explique : « Tu vois, j’ai une arme. » Oui, ca vous rappelle peut être le début de mon histoire a Ashland en 2016 🙃. « Si tu touches quoi que ce soit, j’hésiterai pas à t’exploser le crâne avec, t’auras même pas le temps de cligner des yeux. Tu veux dormir chez nous ce soir ? »
C’est donc tout naturellement que j’ai accepté cette offre très gentiment amenée ! Il commençait à se faire tard, j’avais encore 50km de stop à faire jusqu’à Ennis et il n’y avait plus grand monde sur la route. C’était donc préférable de rester chez eux. Les menaces armées par les americains bourrés, fervent supporters de Trump, ne me font clairement pas peur.
On arrive chez eux, la déco est au moins aussi bonne que je ne l’imaginais. Des drapeaux américains de partout, des drapeaux « Trump 2024 », « Touche pas à mes armes », « Let’s go Brandon » de partout. Un patriotisme et des convictions politiques sans failles ! On mange et la discussion reviens toujours à « C’est la faute de ce con de Biden » ou « Putin d’immigrants ». Je n’en attendais pas moins pour le coup, je n’ai pas été déçu ! Quelques remarques misogynes de temps en temps pour bien insister sur la supériorité masculine et montrer l’état du QI. Je me suis amusé à le faire rager en balançant des phrases que les américains détestent, du type « Vous êtes vraiment un pays socialiste » argumenté de raisons bidons. Si vous voyagez aux US, ne vous faites pas intimider par ce genre de personnalité, vous pouvez les taquiner et vous sentir en sécurité malgré l’extrémisme de leurs convictions.
On était en train de jouer à un jeu d’adresse dans le salon quand Annie est partie aux toilettes dans la pièce juste à côté. Rien de bien grave me diriez vous. Jusqu’au moment où, en ouvrant la porte coulissante, dans le plus grand des calmes et digne d’une parodie, un fusil d’assault M4A1 chargé est naturellement tombé d’un bon mètre de haut, le canon me pointant directement. Très rassurant tout ça ! Et ils s’étonnent du nombre de blessés et morts par arme à feu…
Jour 140,141,142,143,144 : Ennis
J’ai passé une bonne nuit, malgré la demi-heure où John s’est dit qu’il était temps qu’il aille se défouler dans un punching-ball juste en dessous de ma chambre. Ils ont proposé de me déposer à Ennis, m’évitant de devoir faire du stop. Sur la route, on a fait un détour vers Pony, un tout petit village avec un bar où tous les habitués se retrouvent chaque jour.
À quelques kilomètres d’Ennis, John me propose de tirer avec son 1911 calibre .45 à tête creuse. J’ai accepté. Il s’est tout naturellement mis sur le bas côté de la route, a installé une canette à 15 ou 20m de moi, et me voilà tirant 3 coups. Les 3 dans la canette. Il ne s’attendait visiblement pas à cette performance ! Puis ils m’ont déposé devant le magasin où Darcy est venue me chercher. Sacré rencontre !
J’ai passé quelques jours chez elle, à bouger le moins possible. J’enchaînais pains de glace, ibuprofènes et jacuzzi pour tenter de détendre un maximum et réduire l’inflammation. J’ai tout de même rangé toute sa cuisine pour la remercier, et c’était un sacré bordel.
RockHound, que je n’avais pas vu depuis le sud du Colorado, avait du quitté le trail au tout début du Wyoming à cause de blessures. Il était de passage dans le Montana et est venu me voir une après-midi. C’était vraiment sympa de le retrouver après autant de temps !
Le 8 septembre, il y a eu les toutes premières neiges dans le parc national des Glaciers, où mon aventure se termine. C’est tôt. Beaucoup trop tôt. Je n’attendais pas les premières neiges avant mi voir fin septembre. Ca m’ajoute une très grosse pression car le temps passe, et l’hiver approche à très grands pas dans l’état du Montana. Si je veux pouvoir atteindre la frontière avant que la neige ne masque le sentier et rende impossible la marche, il va vraiment falloir que je me dépêche. Ça fait peur. Mais je n’ai pas fait tout ça pour rien, je n’ai pas poussé autant pour abandonner aussi proche du but. Je vais persévérer, comme je le fais depuis le début.
Jour 145 : Helena
Darcy me dépose à Helena vers midi, après 2 heures de route. Elle tenait vraiment à me déposer car elle voulait être impliqué dans mon aventure. Ça m’a évité de faire du stop toute la journée. J’attendais le groupe qui finalement n’arrivera que demain en ville. J’ai passé 6h au mcdonald avant de rejoindre Long Stride et Dyno, un randonneur qui fait quelques sections du sentier. On partage une chambre à trois pour la nuit.
Au McDo, j’ai été abordé par une personne âgée qui se sentait vraisemblablement très seule. Elle était très gentille et semblait vraiment intéressée par mon aventure et mes histoires. Elle a tenu à prendre mon numéro pour que je lui donne des nouvelles quand j’atteindrai le Canada. Ce sont des rencontres qui font assez chaud au cœur, et je suis content d’avoir pu lui apporter un peu de bonheur et quelques sourires. Je n’ai pas beaucoup marché ces derniers temps, et je le vois car j’ai enfin repris un peu de poids, mais j’ai fait d’incroyables connaissances qui apportent une toute autre dimension à mon aventure.
Jour 146 : Helena
StumbleBee est venue me chercher avec Bill, quelqu’un qu’elle a rencontré en 2016 sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Il habite pas loin d’Helena et a proposé de nous héberger pour une nuit. Il me ramène sur da propriété sur laquelle il a 3 maisons. Pour vous donner une ordre de grandeur des maisons et parcelles du coin, le voisin a créé un aéroport dans son propre jardin pour se balader dans son petit avion.
Là, j’ai retrouvé tout le petit groupe. The Austrian, qui avait quitté le trail il y a un bon mois, a décidé de revenir pour faire un peu de trail magic. Il est venu avec Flame et Waves qu’il a trouvé sur le sentier. Je ne les avait pas vus depuis une éternité ! Tous ensemble, on s’est posés pendant une bonne heure et on a discuter de la possibilité de remonter jusqu’à la frontière et de marcher vers le sud jusqu’à Helena. Ca nous permettrait d’éviter la neige qui semble s’approcher à très grands pas. Néanmoins, nous étions plus favorable à continuer vers le nord, malgré les risques. Chacun a exprimer ses opinions, ses craintes et ses aptitudes à marcher en pleine montagne par temps de neige. On a finalement pris la décision de continuer vers le nord. Pour se faire, on va tous porter quelques chaufferettes d’urgence, acheter des vêtements un peu plus chaud, et des raquettes si la neige commence à s’accumuler. C’était une discussion importante et nécessaire.
Le soir, on a profité d’un excellent repas; gratin dauphinois maison avec du saumon que Bill a pêché une semaine plus tôt en Alaska. En dessert, une tarte aux pommes et un peu de glace. C’était un moment vraiment inoubliable.
Jour 147 : mile 2633,5
On a droit à un petit déjeuner de roi, avec des saucisses et du bacon élevé sur la propriété, des pancakes et des fruits frais. On range nos affaires et on est redéposés sur le sentier. StumbleBee et Bass vont passer deux sections et prendre une semaine de repos car ils ne sont pas en forme. Wildman, Flame et Waves devaient passer en ville pour un petit ravitaillement, donc ils seront une heure derrière nous.
Je commence la journée derrière tout le monde car je préfère avancer lentement. Les tendons sont un peu douloureux pendant la première heure, puis ça se calme. Je dépasse Velveeta et Sprouts pendant qu’ils faisaient leur pause déjeuner. Je voulais atteindre le sommet de la montée avant de prendre la mienne. Au sommet, je n’avais pas vraiment de vue. La fumée est si épaisse que l’on ne voit vraiment rien à quelques centaines de mètres. Ça rend par contre une atmosphère très particulière. En effet, la lumière du soleil est un peu orangé, comme lorsqu’il se couche. J’avais donc droit à un coucher de soleil continu. Avec les couleurs des arbres qui tournent déjà au rouge, c’était magnifique.
Je suis de retour sur le sentier officiel et c’est un bonheur de ne pas avoir besoin de sans cesse vérifier que je sois sur la bonne route. Ceci dit, j’ai emprunté une route de terre pour éviter une montée inutile. Sur cette route, deux hommes s’apprêtaient à couper du bois. L’un d’entre eux m’a proposé de les aider à porter les troncs contre un billet. J’ai passé une petite demi-heure avec eux à charger le coffre avant de reprendre la route. Aucun randonneur n’est passé entre temps. Soit ils ont tous fait la montée et m’ont dépassé à ce moment, où ils sont toujours derrière moi car quand j’arrive au campement, je suis seul.
Je fais des massages et étirements pendant une bonne demi-heure pour essayer de détendre les muscles et tendons qui m’ont un peu gêné aujourd’hui. Je mange mon repas à une bonne cinquantaine de mètres de ma tente en raison des ours dans les parages, et je vais me coucher, seul. Pour une reprise, 15,5 miles ce n’est pas trop mal, mais je vais devoir vite reprendre les journées à 20+ miles.
Jour 148 : mile 2654,9
Départ à 6h45 dans un calme incroyable. J’entame le début d’une longue marche sur les crêtes et sommets de cette chaîne de colline. En haut de la première, je croise quelques biches qui ont immédiatement fuit car la saison de la chasse à l’arc a commencé. Alors que j’avançais tranquillement sur la seconde, j’ai sursauté lorsque juste à côté de moi, quelqu’un a tiré à deux reprises avec un fusil. A priori quelqu’un qui ne respectait pas les saisons de chasse.
J’ai atteins une jonction à partir de laquelle j’ai du faire 300 mètres hors sentier pour trouver un abreuvoir dans lequel j’ai pu faire un ravitaillement en eau. Le prochain est à 25km de là, donc je bois un bon litre avant de partir et je fais mes réserves. J’ai croisé Wildman sur le retour. Ils avaient tous pris une autre route, à priori un peu plus courte et avec moins de dénivelé. J’avais eu environ 1200m hier.
La journée continue dans une fumée toujours aussi épaisse. Si épaisse que lors de la grande montée (bien trop raide par endroit), nous étions tous un peu en train de tousser. Au sommet, ce qui devait être un paysage magnifique n’était qu’une grosse brume dans laquelle on arrivait à distinguer quelques montagnes. J’ai reçu un message de Cream qui s’apprête à terminer l’aventure et à priori, le parc des glaciers et la forêt de Bob Marshall sont eux aussi sous une épaisse couche de fumée. Ce sont les deux dernières sections et à priori, deux des plus belles sections de toute l’aventure. J’espère que ça se calmera d’ici là.
Il à commencé à pleuvoir en début d’après midi. Ça s’est vite calmé, mais la fin d’après midi devrait être humide. En parlant de l’après-midi, le sentier suivait toujours la crête et ondulait sur de très belles collines. C’était assez plaisant même si les paysages étaient très monotones.
J’ai atteins la jonction à partir de laquelle il m’a fallu descendre pendant 10 minutes hors sentier pour avoir une source d’eau. Puis 10 minutes de retour. Le sentier est tellement en altitude que c’est le seul moyen d’avoir ce précieux breuvage.
Dernières montées avant d’atteindre le campement. C’était cette fois dans une forêt de très grands pins dont la moitié étaient morts. Peu rassurant, mais très appréciable. Au campement, on a tous mangés sous une petite pluie, joué un peu de ukulélé, puis je me suis couché, alors que la pluie redoublait d’efforts. J’espère que ça calmera les feux et que ça dissipera la fumée.
Mes chevilles étaient douloureuses tout au long de la journée, tantôt aux tendons, tantôt musculairement. Et mon mollet gauche continue de me faire mal de manière un peu aléatoire. J’ai donc décidé de marcher en prenant des anti-inflammatoires matin, midi et soir, pour quelques jours. Je n’aime pas marcher sous anti-douleur, mais tant pis.
Jour 149 : mile 2672,6
Départ à la fraîche avec une tente trempée, mais un ciel à priori prometteur. Après quelques minutes de marche, j’ai une première vue. La pluie a réduit le brouillard causé par la fumée. C’est toujours bien présent mais de moins en moins.
Après quelques miles, j’arrive au magasin de Dave. Au milieu de nul part, littéralement, il a construit une petite maison et vend des équipements de rando. Il y a absolument de tout ! J’ai pu faire un ravitaillement là pour ne pas avoir besoin d’aller dans la ville de Lincoln demain et faire quelques économies et ne pas perdre trop de temps. Dave, c’est le même homme que j’ai rencontré le deuxième jour sur le PCT, dans un magasin très semblable à celui là. Il a fini par changer de localisation pour se trouver là.
C’était d’un calme incroyable. J’avais une belle vue surplombant un peu les montagnes alentours, et malgré la route de terre en plein milieu de la vallée, il n’y avait personne. Pas un bruit, par un oiseau, rien. C’était vraiment reposant. J’en ai profité un peu avant de reprendre la route, toujours en suivant les crêtes et sommets.
Les différentes forêts et les plantes qui prennent leur couleur automnales rendaient le sentier vraiment magique. L’humidité et le calme de ces forêts m’a remémoré d’excellents souvenirs de mes balades forestières en France. Comme un peu de nostalgie. Nostalgie d’un peu tout d’ailleurs, qui s’installe de plus en plus maintenant que la frontière est à quelques jours à peine de marche.
C’était une bonne journée aujourd’hui, malgré les douleurs au mollet gauche et aux chevilles. Les ibuprofènes me permettent de marcher dessus, mais j’espère juste ne pas empirer la situation.
Jour 150 : mile 2689,2
Ma tente était trempée de condensation ce matin, mais ça ne m’a pas empêché de commencer à marcher aux premières lueurs. Avant de quitter le campement, j’ai du faire un détour de 700m qui descendait le long de la route pour me ravitailler en eau. C’est le dernier ravitaillement pour les prochains 20km. C’est un peu ennuyant de devoir faire autant de distance hors sentier chaque jour pour avoir de l’eau, mais la situation devrait bientôt changer.
La journée commence par une belle et longue montée. Les courbatures que j’ai aux fesses depuis hier n’aident pas à monter ! Mais j’arrive au sommet sur lequel je prend un petit déjeuner face à la vallée encore un peu couverte de fumée. Le calme est incroyable, la vue est magique.
Le reste de la journée et principalement un passage de colline en colline, suivant les crêtes. Je passe de forêts en plaines et vice-versa. Je monte, je descend. Les fesses sont douloureuses, le mollet et les chevilles le sont aussi. Mais les yeux, les oreilles et tous les autres sens sont ravi de cet environnement de plus en plus grandiose. Les falaises commencent à faire leur apparition.
J’arrive à la route qui va jusque Lincoln, mais je ne vais pas rejoindre cette ville. À la place, j’entame la dernière grosse montée de la journée pour totabiliser 1400m de dénivelé, un peu plus que les précédents jours. Dans cette ultime montée, je trouve un sweatshirt qui me plaît. Je le met sur mon sac au cas où je retrouve son propriétaire. Quelques minutes plus tard, le voilà qui redescend. Il me l’offre car c’est un vêtement de son association et il en a d’autres.
Enfin, j’arrive à une yourte ouverte au public, après une demi heure de marche sous la pluie, grêle et l’orage. Il y a une forte odeur d’essence car il y a un générateur à l’intérieur, mais l’endroit est très cosy. Je suis à l’abris du vent, du froid, de la pluie, et je profite d’un bon repas et d’un thé en observant les alentours. Cette section est vraiment belle ! J’espère juste que mon corps arrive à tenir le peu de marche qu’il me reste, car ce qui est devant s’annonce absolument grandiose.
Jour 151 : Augusta
J’étais bien content d’être dans la yourte, car j’ai évité une grosse tempête. Entre le vent et les trombes de pluie, la nuit fut bruyante. Au petit matin, la météo était toujours très capricieuse. Aucune visibilité, des rafales à 80km/h, 2 degrés. Je regarde les prévisions et ils annoncent de la pluie à partir de midi pendant 2 jours. Vu les 2000m de dénivelés positifs à faire aujourd’hui, la météo actuelle et à venir, l’ampleur de mes courbatures et la douleur au mollet, je prend la décision de revenir sur mes pas, 5km, pour atteindre la route et retourner en ville. Certes, je vais passer 2j de marche, mais c’est ma dernière pause possible avant les 2 sections que j’attend le plus. Quitte à ne pas avoir de vues et à avoir un temps dégueulasse, je préfère être en ville.
Un vétéran me dépose à une intersection au milieu de nulle part à partir de laquelle je fais une seconde fois du stop pour rejoindre Augusta, avant dernière ville de mon aventure. Robert, l’homme qui m’a pris en stop après 1h30 d’attente, a pris une bière avec moi puis s’en est retourné vers le parc national des Glaciers, où je traverserai la frontière dans quelques jours. Il était très intéressé par mes histoires, et c’était sympathique de passer un moment avec lui.
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