La première section a pour sur réussi à me fatiguer. Un peu de repos, et je me lance dans la seconde, alors qu’une vague de froid est en cours.
Jour 6 : mile 31,3 – Neels Gap
En me levant après une excellente nuit, j’ai remarqué que ma douleur au niveau du talon gauche était toujours assez présente. J’ai aussi remarqué que de la pluie était prévue pour dans 5 jours. La seconde section est une section de 4 jours. J’ai donc préféré rester une nuit de plus en ville afin d’arriver dans la prochaine ville le jour où la pluie est prévue. C’était d’autant plus intéressant qu’aujourd’hui est la première journée d’une vague de froid de 3 jours.
Il n’y avait malheureusement pas grand chose à manger ici, si ce n’est des pizza et burger surgelés. J’ai tout de même fait un peu de marche pour retourner au magasin de vêtements de sport, afin de voir le fameux arbre des abandons. Il est coutume d’accrocher sa paire de chaussure dans l’arbre lorsqu’on abandonne l’aventure à cet endroit. Il y avait déjà beaucoup de chaussures, témoignant du manque de préparation et du nombre de blessures qui arrivent sur cette première section.
En parlant de blessure, Nolan a décidé de rentrer chez lui. Son genoux gauche n’a pas résisté aux descentes, il arrive à peine à poser le pied par terre. Il est vrai que les dénivelés sont conséquents et bien plus abruptes que sur les précédentes randonnée. Il a néanmoins dit qu’il reviendrai l’année prochaine pour prendre sa revanche !
Jour 7 : mile 42,8
Je me mets en route après une nuit assez peu réparatrice. Deuxième jour de vague de froid. Il fait -6 degrés et le vent souffle à 50km/h. Mes doigts se gèlent rapidement. Je fini par ranger mes bâtons de marche et par marcher avec mes mains dans les poches de ma doudoune.
La journée débute par une grande montée assez raide. Je l’apprécie grandement car elle me réchauffe un peu. En haut, j’ai le droit à une belle vue sur les montagnes environnantes. Étant à l’abri du vent et au soleil, je me pose comme un lézard jusqu’à avoir bien chaud. Je reprends ma route avec une grande descente jusqu’à un croisement de route. Là, je suis accueilli à bras ouvert par 3 trail angel en train de faire de la trail magic. Ils me préparent 2 chocolats chauds, un croque-monsieur et un donut chocolat. C’était vraiment génial ! Le seul soucis c’est que le vent soufflait beaucoup à cet endroit. En reprenant ma route, je retournais du bon côté de la montagne, ensoleillé et à l’abri du vent.
Un peu plus loin, une seconde intersection avec une route et à nouveau, de la trail magic ! On me prépare un bon burger avec deux tranches de fromage et j’ai droit à un soda. Quel bonheur d’avoir de la bonne nourriture, et de discuter avec des personnes qui ont déjà fait le sentier et qui savent comme il n’est pas facile de marcher par ce froid !
Parlant de froid, tout est congelé autour de moi. Cela inclut l’une des sources que je voulais utiliser pour me ravitailler en eau. J’ai profité de la trail magic pour remplir une de mes bouteilles.
Le reste de la journée était assez simple, même si vraiment très froid. Excepté un petit passage où le sentier était incliné vers le côté et plein de boue. C’était épuisant de retenir mon poids à chaque pas, et ca a lancé quelques douleurs aux deux chevilles, mais ça devrait aller pour demain. Par contre, le froid et le vent m’ont brûlé le visage. Je pense que ça va piquer demain !
Cette nuit, je suis dans un abri, accompagné de 6 autres personnes. Nous ne sommes pas complétement à l’abri du vent, mais ce sera déjà pas mal ! Je n’hésiterai pas à utiliser un chauffe-main dans mon sac de couchage au besoin.
Jour 8 : mile 56,2
C’est une nuit extrêmement froide que l’on vient d’avoir. Une température minimale de -7 a été enregistrée dans l’abri. J’étais bien au chaud jusque 5h30 environ grâce à deux chaufferettes pour les mains que j’ai mises dans mon sac de couchage. J’ai par contre été réveillé à trois reprises. La première, par mon voisin qui a eu une terreur nocturne comme toutes les nuits depuis qu’il a fait la guerre du vietnam. La seconde fois, par une fille qui a crié après un ours au niveau des tentes à 50m de l’abri. Enfin, parce que j’avais besoin d’aller aux toilettes.
Dès le réveil, je me fais un bon chocolat chaud avec mes flocons d’avoine histoire de me donner un petit boost pour lutter contre ces températures hivernales. Je me mets rapidement en route après mon petit-déjeuner.
Pendant quelques kilomètres, le sentier était en faux-plat ascendant, longeant les montagnes sur leur face ensoleillée. C’était un vrai bonheur de faire de la distance au chaud, sur un sentier aussi lisse. Le long du chemin, je profitais des stalactites de glace pour m’essayer à quelques photos. Malgré la température, l’absence de vent était très agréable.
Une bonne montée plus loin et je redescends vers Unicoi Gap, une route assez peuplée, et le premier endroit depuis lequel on peut rejoindre la ville d’Hiawassee, mon prochain lieu de ravitaillement. Néanmoins, je ne rejoindrai pas la ville par cette route mais par une seconde, deux jours plus tard.
Au croisement avec cette route, j’ai été accueilli par une bonne quinzaine de personnes d’une église du coin, qui faisaient de la trail magic. Ils allaient plier bagage mais m’ont quand même servi un énorme burger avec 2 steack grillés au bbq et 3 tranches de fromage. J’ai eu un coca, un chocolat chaud et une banane en plus. Une prière plus tard et je reprenais ma route sur une montée longue et très raide. À mi-chemin, je remarque une épaisse fumée au fond de la vallée qui se trouve à ma droite. Je suis assez étonné mais je ne m’en préoccupe pas plus que ça.
En haut de cette montée, deux randonneurs qui n’étaient là que pour la journée me donnent une barre de chocolat et un brownie fait maison. Quel délice !
Je ne m’attarde pas trop et passe de l’autre côté de la montagne, entamant une descente sur un chemin chaotiquement jonché de pierres. C’est là que je remarque que je m’enfonce dans la fumée. Toute la vallée est maintenant enfumée. Je sens une odeur de brûlé et il se met à neiger des cendres. Plus de doute, il s’agit bien d’un feu de forêt. Je cherche en ligne des informations mais il n’y a encore rien. Deux hélicoptères tournent au-dessus, donc j’en conclus que les pompiers sont au courant.
Je tousse pas mal dans la dernière montée de la journée, probablement à cause de la fumée. Je croise d’autres personnes qui m’annoncent que c’est un départ de feu volontaire, pour éviter que toute la forêt ne brûle cet été si un incendie est déclaré. C’est quelque chose d’assez chiant aux US. Me voilà donc rassuré !
J’arrive au campement vers 16h30 après une belle journée de 22km, ma plus longue jusqu’à maintenant. C’était aussi une journée avec un dénivelé de 1100m. Je me sens plutôt en forme, quoi que les jambes légèrement brûlantes à la fin des montées. J’ai des petites douleurs qui se manifestent un peu partout au niveau des chevilles et pieds, mais les massages, étirements, repos et curcuma que je prends quotidiennement ont l’air de faire leur effet. Demain, c’est une journée un peu plus courte, et le lendemain, j’arriverai en ville pour un peu de repos. Juste avant de me coucher, j’ai appris à Crayon et TinMan à suspendre leur nourriture pour éviter que les ours ne s’en délectent.
Jour 9 : mile 65,6
La nuit fut bien moins froide qu’escompté, et c’est tant mieux ! Je prend mon temps car je n’ai qu’une petite journée d’environ 16km à faire aujourd’hui. Je profite d’un petit feu de camp avant de plier bagage et de me mettre dans une montée bien raide. Il n’y a plus de fumée du feu d’hier et c’est tant mieux, ça me permet d’observer une vue assez incroyable sur les innombrables monts alentours.
Une fois en haut, le sentier suit les crêtes. C’est beaucoup de dénivelé tant positif que négatif, mais c’est très plaisant. Le soleil se met à chauffer et la toute première goutte de sueur de l’aventure perle sur mon front. Dire que le veille, les températures négatives avaient gelé toute cette nature et qu’aujourd’hui je suis en train de suer !
Après une belle descente, je décide de faire une pause et de manger la moitié du bloc de fromage que j’ai acheté en ville. Quel régal ! J’ajoute un peu de thon et quelques chips pour agrémenter tout ça et j’entame la dure montée vers Kelly Knob. Une montée qui m’aura définitivement poussé à bout de souffle ! Mais la vue au sommet est très impressionnante.
De là, ce n’est plus qu’une longue descente avec quelques marches en pierre, jusqu’à l’abri. Sur la route, je ravitaille en eau et j’en profite pour y tremper mes pieds endoloris. Ce sont surtout mes tendons des fibulaires qui tirent beaucoup.
À l’abri, je passe toute l’après midi avec JayJay et Criquets que j’ai rencontrés le tout premier jour. C’était bien sympa ! On a même observé les souris en train de se balader à l’intérieur, juste à côté de nos tapis de sol. Au moins, on n’aura pas à ranger nos affaires en pleine pluie demain. En parlant de demain, il me tarde d’arriver en ville pour manger un gros burger…
Jour 10 Pluie 4 : mile 69,2 – Clayton
J’ai très mal dormi. La première raison, c’est parce que j’ai eu des remontées acides et que j’avais une sensation d’oppression au niveau de la gorge. La seconde, c’est parce que mon voisin ronflait si fort que les bouchons d’oreilles n’étaient pas suffisants. La troisième, c’est parce que j’ai eu de grosses douleurs aux tendons, comme l’année dernière… C’est en train de me bouffer le moral ; il est hors de question que je refasse une randonnée comme l’année dernière, c’était atroce de passer mon temps à enchaîner les tendinites.
Départ vers 8h de l’abri, sous la pluie. Je n’avais pas beaucoup de marche à faire pour arriver au parking où une navette m’attendais, mais c’était tout de même pas mal de dénivelé. J’ai réussi à trouver un réglage qui me convient pour tenir mon parapluie.
La marche s’est plutôt bien passée, mais j’ai de plus en plus mal aux fibulaires. Je pensais aller à Hiawassee mais il n’y avait plus de place dans l’hôtel, donc j’ai pris une navette jusqu’à Clayton. Là, j’ai mangé un gros burger, un milkshake, puis j’ai ravitaillé avant de prendre un bain à l’hôtel. Je passe la nuit avec Irish, Bret et Doc qui a réussi à rattraper son retard.
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