Vipassana, qui signifie voir les choses telles qu’elles sont réellement, est l’une des techniques de méditation les plus anciennes de l’Inde. Elle y était enseignée il y a 2500 ans comme un remède universel aux maux universels. La technique de méditation est enseignée lors de cours résidentiels de dix jours pendant lesquels les participants apprennent les bases de la méthode, et pratiquent suffisamment pour obtenir des résultats bénéfiques. Il n’y a pas de frais d’inscription pour les cours, pas même pour couvrir les coûts de nourriture et d’hébergement. Toutes les dépenses sont couvertes par les dons de personnes qui, ayant suivi un cours complet et fait l’expérience des bienfaits de Vipassana, souhaitent offrir à d’autres la possibilité d’en bénéficier également.

Préface

C’est un article très long et personnel qui parle de sujets qui ne plairont pas à tout le monde. Il me semblait tout de même intéressant d’être le plus sincère possible pour expliquer ce que cette expérience m’a apportée, quelles ont été les difficultés auxquels j’ai fait face, le pourquoi du comment, et la raison de mon retour anticipé en France. Mon expérience m’est propre et tout le monde ne réagit pas de la même manière lors de ce type de retraite. Cet article n’engage que moi et est à but éducatif. Je n’incite aucunement à la consommation de stupéfiants.

Début du récit

Il m’a fallu un peu de temps pour écrire cet article pour plusieurs raisons. La première, c’est que la prise de note est considérée comme une distraction et donc est interdite. Je voulais prendre le temps de bien tout me remémorer pour ne rien oublier de cette expérience. Ensuite, parce que mon téléphone était toujours cassé à la fin de la retraite. Enfin, parce qu’il me fallait du temps pour prendre un peu de recul sur ce que j’ai vécu, me remettre de mes émotions, et régler les soucis de santé que je vais expliquer dans cet article.

Le jour de notre arrivée au centre, vers 17h, il faisait un grand soleil et 26 degrés. On gare la voiture, prend nos affaires et nous voilà séparés, les hommes d’un côté du bâtiment, les femmes de l’autre. On me demande de lire et de signer quelques papiers qui attestent que j’ai bien compris dans quoi je m’embarque et que je suis prêt à me conformer aux règles. On a ensuite notre premier repas et je retrouve Julianna et Bérangère. On m’attribue la chambre numéro 4, une chambre tout seul, contrairement à certains qui ont un dortoir. Je suis plutôt chanceux ! Mais dans cette chambre se trouve le thermostat qui gère la température de tout le bâtiment. Ainsi, il m’est impossible d’ouvrir la fenêtre pour aérer, et ca a son importance dans la suite de l’histoire.

Je fais connaissance avec Josh, l’un des gars qui va faire la retraite en même temps que moi, et Tom, l’assistant du professeur côté homme. On discute un peu de la meilleure position pour méditer sans trop être en douleur, quand à 20h pile, le gong sonne. Ce gong marque le début du Silence Noble que nous allions avoir pour les 10 prochains jours. Plus personne ne parle, un silence assez pesant s’installe, et nous essayons tous de faire le moins de bruit possible lors de nos déplacements.

Jour 0 : Ta gueule

La journée de notre arrivée est considérée comme le jour 0 et nous n’allons faire qu’une heure de méditation. On nous attribue un carré de tapis chacun dans le hall, et nous sommes libres d’y emmener différents types de coussins ou petits bancs pour les genoux afin de nous mettre dans la position que l’on considère comme la plus confortable. Les hommes sont à gauche de la salle, les femmes à droite, et nous faisons tous face aux professeurs, Dylan et Sonya. Nous sommes 18 nouveaux élèves de chaque sexe, et sur les côtés de trouvent quelques anciens élèves qui ont postulés comme serveurs.

Tout le monde s’installe dans des positions différentes. J’adopte une position assez classique, celle du Lotus, surélevé d’un cousin et avec quatre petits carrés de mousse pour bien caller mes jambes. Je me tiens relativement droit, et j’attend que la séance commence. Quand un silence de plomb règne sur cette salle de 50 personnes, le professeur lance un audio. On entend pour la toute première fois S. N. Goenka parler. C’est un professeur très reconnu dans le monde de la méditation Vipassana. Il nous invite à fermer les yeux et à nous concentrer sur notre respiration. Le but étant d’observer l’air qui entre et sort de nos narines. Ce n’est pas Vipassana à proprement parler. En effet, il nous indique que nous n’apprendrons Vipassana qu’à partir du quatrième jour, mais que les 3 premiers sont primordiaux pour réussir à le pratiquer. Il précise qu’il est tout à fait normal de nous perdre dans nos pensées, et qu’il faut, sans s’énerver, se reconcentrer sur notre respiration. Avant que je n’aille plus loin dans la description de cette fin de journée il faut que je vous partage mon état physique, mental, et le pourquoi du comment je me suis retrouvé là.

Depuis de nombreuses années, je me considère en quelque sorte comme un psychonaute. Se définit comme telle une personne qui aime explorer les capacités du cerveau et de l’esprit. J’ai déjà pratiqué et essayer de nombreuses choses à cet égard. J’ai par exemple, pendant quelques mois, suivi un entraînement pour la pratique maîtrisée de rêves lucides. C’est un état très particulier pendant lequel on se rend compte que l’on est en train de rêver, alors que notre corps et la grande majorité de notre cerveau est encore endormi. Lors d’un rêve lucide, le rêveur, en prenant conscience qu’il est actuellement dans un rêve, en prend le contrôle. Ainsi, il peut faire absolument ce qu’il veut. Voler, se téléporter, parler à des personnes bien particulière, respirer sous l’eau… Il n’y a aucune limites. Avec un peu d’entraînement, il est possible de provoquer ces rêves et de les maintenir de plus en plus longtemps. J’ai aussi eu une période pendant laquelle j’utilisais des sons binauraux pour me plonger dans des états de transe et de relaxation. Plus récemment, c’est la découverte des psychédéliques dans un but spirituel qui m’a passionné. Champignons hallucinogènes en nature ou stimulé par des LED multicolores pour atteindre des niveaux d’euphories et d’extase très particuliers. LSD pour l’aspect ultra géométrique des visuels, l’esprit créant des mondes infinis dans une simple flaque d’eau par exemple. 2-CB pour des visuels moins géométriques mais beaucoup plus colorés que le LSD. Kratom, rapé et kava pour explorer des calmes mentaux assez poussés. Enfin, la DMT, molécule endémique à l’homme et à de nombreuses plantes. Psychédélique considéré comme l’un des plus puissant sur terre, retrouvé notamment dans le fameux Ayahuasca d’amazonie, elle provoque un trip d’une quinzaine de minutes au plus profond de l’esprit. C’est l’expérience la plus marquante que j’ai pu avoir dans ma vie et qui m’a énormément aidé lorsque j’en avais besoin. Toutes ces consommations sont faites de manière très responsables, occasionnelles, et à but spirituel. J’accorde une grosse importance aux risques de dépendances et ne m’aventure dans les molécules qui ne présentent qu’un risque minime à nul tant d’un point de vue physique que psychique.

Outre mon intérêt pour les états de conscience altérés, j’étais arrivé à un point où j’avais beaucoup de mal avec le lâcher prise. Très important lors de l’influence d’une molécule, c’est aussi primordial dans la vie de tous les jours pour se sentir mieux avec sois même ou avec les autres. Ensuite, c’était un bon bordel dans ma tête. Des fils de pensées absolument constants, partants dans tous les sens, bien souvent tous en parallèle. Je n’arrivais dernièrement plus à observer de silence. C’est en partie du fait de la randonnée où j’étais plongé 10 à 12h par jour dans mes pensées avec de très limités moyens de distraction. Enfin, la culture indienne m’a toujours intéressée, la méditation de même, et c’était un excellent moyen de reposer mes chevilles après ces tendinites.

C’est donc comme ça que je me suis retrouvé là, sur ce coussin, les yeux fermés, à observer ma respiration. Ah, non. À peine 5 respirations et mon attention était déjà en train de divaguer dans le passé et le futur, m’imaginant déjà lors du dernier jour, me rappelant quand je m’étais inscrit, repensant à certaines journées sur le CDT, me demandant ce que… « Stop ». Je me rend compte que je n’étais plus concentré sur la respiration, je reprend donc. Inspire, expire, inspire, expire, inspire… Tiens, je me demande ce que Wildman fait maintenant qu’il est de retour au Texas. D’ailleurs, je ne lui ai jamais joué la musique que j’apprenais sur le ukulélé. C’étaient quoi les paroles déjà ? Ah oui, « Imagine there’s no heaven »… « Stop ! » J’étais encore en train de divaguer. Concentration à nouveau, sur mon inspiration, puis sur le reste des paroles, puis… « Ta gueule ! » C’était un constant combat contre mes anciennes habitudes, de sans cesse penser à quelque chose pour combler le vide. Il se passait tellement de choses dans ma tête. Je voulais vraiment que toutes ces voix se taisent. Je voulais du calme. Et quand l’esprit avait quelques secondes à peine de calme, c’est le corps qui prenait le relai. Mes douleurs aux dos, sur la zone du zona, étaient insupportables. Je passais mon temps à me pencher en avant, en arrière, me redresser, me courber… Et je réfléchissais à la prochaine position que je pourrai essayer. Mais du coup, je n’étais pas concentré sur ma respiration. Parfois pendant presque 10 minutes d’affilées. C’était compliqué, vraiment.

Le gong sonne, marquant la fin de cette toute première heure de méditation. Je suis frustré de ne pas avoir réussi à avoir de concentration sur ma respiration plus d’une ou deux minutes au total. Peut être que la méditation, ce n’est pas pour moi ? Nous sommes conviés à nous préparer à nous coucher. A 21h30, tout le monde est au lit. Il fait 23 degrés dans ma chambre.

Jour 1 : Le toucher de l’air

Le gong nous réveille à 4h pour une première méditation de 2h à 4h30. J’ai très mal dormi. Lorsqu’il fait chaud dans la chambre, je fais constamment des cauchemars et mon sommeil n’est donc pas très réparateur. Tant pis, je me rattraperai plus tard. Je m’installe sur mon coussin, dans le hall qui a une lumière très tamisée. Le professeur n’est pas là, il n’y a pas d’instructions. Il s’agit d’un créneaux où nous avons juste à reprendre l’exercice de la veille. Je m’exécute. L’exercice est toujours aussi compliqué, surtout pendant deux heures d’affilées. Tant au niveau du corps que de l’esprit, mais progressivement, je commence à apprendre à taire mon esprit. Le gong de 6h30 sonne; c’est l’heure du petit déjeuner dans la salle à manger maintenant coupée en deux par un rideau pour empêcher le mélange des sexes. Je prend du yaourt à la grec dans lequel j’ajoute différentes graines, noix et granola. Je complète par un thé, deux toasts avec du beurre salé et une banane. C’est le régime que je suivrai tous les matins qui suivront. C’est vraiment bon, ça tient au corps. Puis on a le droit à une petite pause pour nous laver par exemple. Le programme est toujours le même.

  • 4h : Réveil
  • 4h30 – 6h30 : Méditation dans le hall ou dans notre chambre
  • 6h30 – 8h : Petit-déjeuner et repos
  • 8h – 9h : Méditation commune dans le hall avec instructions
  • 9h – 11h : Méditation dans le hall ou dans notre chambre
  • 11h – 13h : Repas du midi et repos. Possibilité d’avoir une conversation privée avec le professeur
  • 13h – 14h30 : Méditation dans le hall ou dans notre chambre
  • 14h30 – 15h30 : Méditation commune dans le hall avec instructions
  • 15h30 – 17h : Méditation dans le hall ou dans notre chambre
  • 17h – 18h : Snack (dernier repas de la journée) et repos
  • 18h – 19h : Méditation commune dans le hall avec instructions
  • 19h – 20h15 : Débriefing vidéo de la journée présenté par S. N. Goenka
  • 20h15 – 21h : Méditation commune dans le hall avec instructions
  • 21h – 21h30 : Repos et extinction des feux

11h45 de méditation par jour, deux repas complets et un en-cas à base de fruits et de thé à 17h. 6h30 de sommeil par jour au maximum si on ne fait aucune sieste. C’est un rythme vraiment très soutenu !

Lors de la première heure avec instruction, S. N. Goenka se veut rassurant, indiquant qu’il est parfaitement normal qu’à ce stade, nous n’arrivons à nous concentrer que quelques secondes par-ci par-là, mais qu’il ne faut pas baisser les bras et que tout ça devrait changer sous peu. Il ne parle par contre pas de la douleur physique qui me blesse de plus en plus. En ouvrant rapidement les yeux, j’ai vu que presque tout le monde réussissait à se tenir bien droit et j’ai commencé à perdre confiance en moi, persuadé que je n’étais pas capable d’aller jusqu’au bout de cette expérience de vie. À la fin de l’heure, Goenka chante une chanson indienne et termine par répéter à trois reprises « Bhavatu sabba maṅgalaṃ ». À ça, les anciens élèves répondent trois fois « Sadhu ». Je suis un peu perdu, comme tout le monde.

Je ferai le créneau suivant dans le hall. Lors du repas du midi, Tom vient me voir et discrètement m’annonce que le professeur souhaitais me parler, dans le hall. J’ai mentionné le Silence Noble, mais je n’ai pas encore expliqué ce que c’était. Il s’agit d’une pratique qui limite au maximum de distraire l’esprit. Ainsi, nous devons garder un silence irréprochable envers les autres élèves ou serveurs. Tant physique qu’oral. Ainsi, nous sommes conviés à marcher en regardant le sol pour ne pas croiser le regard des autres, ne pas faire de gestes, ne pas adresser la parole etc… Nous devons aussi faire attention au bruit que nous faisons dans les couloirs, les chambres, les douches, en ouvrant les portes… Le but étant de ne pas distraire les autres pour que chacun reste au maximum dans ses esprits, dans son état méditatif. Nous ne sommes par la même occasion pas autorisés à faire de sport, à écrire, à lire. En soit, tout ce qui est considéré comme une distraction. Néanmoins, en cas de besoin, nous pouvons discrètement adresser la parole à l’assistant, et nous avons le droit d’avoir un entretiens avec le professeur chaque midi.

Le professeur souhaitais me parler vis à vis de certaines réponses que j’ai mises sur le formulaire au début du cours. Il souhaitais me mettre en garde sur le fait que la méditation pouvait faire remonter certains traumas ou souvenirs parfois dur à encaisser, mais que celà faisait parti du processus « de purification de l’esprit » que vise à offrir Vipassana.

Lors de la seconde session avec instruction, Goenka nous demande de préciser un peu notre concentration. Plutôt que de se concentrer sur la respiration, il nous demande de nous concentrer sur la sensation de l’air sur notre lèvre supérieure, sur nos narines, ou dans nos cavités nasales. Il appelle ça « le toucher de l’air ». C’est un exercice qui demande un peu plus de concentration et qui reste tout aussi compliqué que le premier. Néanmoins, je remarque que j’arrive à me concentrer un peu plus longtemps, que je divague moins et moins longtemps. Le brouhah incessant dans ma tête se calme petit à petit. Je suis passé des « ta gueule » aux « tais toi ». Physiquement par contre, ce n’est toujours pas ça. Alors j’essaie une autre position, avec quelques coussins en plus.

La séance qui suit, je tente de me concentrer mais impossible de déconnecter, je me met à suivre un fil de pensées que je n’arrive pas à mettre de côté. Goenka nous a dit qu’une pause de quelques minutes, une marche, s’allonger un peu, peuvent aider à se vider la tête. Après une demi heure d’essai, je fini par baisser les bras et faire une petite marche dehors. Nous avions accès à un petit pan de forêt avec un peu de dénivelé, de nombreux chemins et bancs. Le tout en restant assez proche du centre pour entendre le gong, et en respectant la séparation des sexes. A ce moment, sans raison apparente, j’ai quelques larmes qui montent sans trop comprendre pourquoi. Les premières d’une longue série.

Calmé, l’esprit un peu plus reposé, je reprend la méditation jusqu’à la pause snack pendant laquelle je dévore 4 bananes, 2 pamplemousses, 3 poires et 2 thés. J’étais vraiment affamé ! Je fais ma douche pendant la demi-heure qu’il me reste. Lorsque vient l’heure du debriefing, nous avons droit à une vidéo de Goenka qui date de 1991. C’est un sacré personnage, avec un certain humour, un calme incroyable et un discours qui fait sens sur le pourquoi du malheur dans le monde ou de tout à chacun. On apprend là aussi que le but ultime de Vipassana est de se libérer de nos désirs et déceptions afin d’atteindre « le bonheur ultime », le tout en tentant de faire ressentir l’une des plus grosse loi de la physique : tout n’est que vibration à l’échelle atomique. Le but de ressentir, c’est d’en être convaincu au plus profond de nous. Ainsi, on peut accepter que la science prouve des choses, mais tant que l’on ne l’a pas ressenti au plus profond de soi-même, ça n’a pas la même valeur. Je peux par exemple vous persuader que traverser les États-Unis à pied est douloureux, mais vous n’en serez convaincu qu’en le vivant vous même. Rien ne bat un ressenti, une expérience. Quand vous avez vous même ressenti quelque chose, vous êtes plus réceptif et impliqué.

Il profite de ce débriefing pour nous expliquer ce que veulent dire les chansons qu’il a chanté à plusieurs reprises. On apprend donc que « Bhavatu sabba maṅgalaṃ » signifie « que tous les êtres soient heureux » et que « sadhu » est une manière d’acquiescer ça.

Enfin vient le moment de la dernière méditation de la journée. Je suis très réceptif lors de ces 45 minutes et je tombe dans un état méditatif très intéressant. Je sens la partie gauche de mon cerveau s’alléger. C’est impressionnant et vraiment plaisant. La journée se termine donc sur une bonne note. Je me couche à 21h30 en espérant avoir une bonne nuit.

Jour 2 : Le triangle des sensations

Le gong de 4h me sort d’un profond cauchemars. La température dans la chambre est de 22 degrés et j’ai une fois de plus passé une nuit entière à faire des cauchemars. Je ne suis absolument pas reposé et la première méditation est particulièrement compliquée. Je tente une nouvelle position : sur les genoux, assis sur un petit banc. C’est toujours aussi douloureux pour le dos et le cou. J’alterne donc ces positions lorsque cela devient insupportable. Je suis fatigué mais aussi affamé. Je lutte jusqu’au petit déjeuner pendant lequel je dévore une quantité astronomique de nourriture une fois de plus.

Vient l’heure de méditation guidée. Pendant cette heure ci, j’ai réussi à ressentir un calme intérieur et une légèreté dans tout mon cerveau. Mes « tais-toi » sont devenu des « shhh ». Pour la premières fois en très longtemps, je ne ressens plus cet énorme bordel dans mon cerveau. Je ne dis pas que je ne dérive plus dans des fils de pensées dont je peine parfois à m’extirper, mais cela devient de moins en moins fréquent, de moins en moins intense.

La journée se poursuit tranquillement. J’avais quelques questions pour le professeur, et j’ai profité de l’heure du midi pour aller les oui poser. Il y avait entre autre « Comment cette technique est elle censé soigner les traumas alors qu’elles nous apprend à justement ne plus penser mais juste ressentir ? ». La réponse était assez théorique mais j’espérais pouvoir mieux la comprendre lors des prochaines séances. Il m’a répondu qu’en observant les sensations plutôt qu’en y réagissant, on apprend à notre cerveau à ne pas réagir aux éléments extérieur. Le but de Vipassana est de nous apprendre comment le faire en méditant pour ensuite réussir à le faire dans la vie de tous les jours. J’ai aussi expliqué les difficultés que j’avais. Pour mon dos, il m’a proposé un dossier de chaise à ajouter derrière mes cousins pour que je puisse le reposer de temps en temps. Il a aussi bien compris mon besoin de manger. Il m’a proposé que les serveurs me préparent un repas complet pour la pause de 17h. J’ai volontiers accepté !

Mes questions répondues, je suis parti faire une balade dehors ; il neige désormais alors qu’il faisait encore si chaud il y a deux jours… Lors de la première méditation de groupe de l’après midi, nous avons de nouvelles instructions. Désormais, il nous est demandé de nous concentrer sur les sensations que l’on ressent sur le triangle formé du haut de notre cavité nasale jusqu’aux joues, à hauteur de notre lèvre supérieure. Qu’importe la sensation, chaud, froid, picotement, lourdeur, battement, vibration… Il nous faut mettre toute notre attention sur la sensation la plus douce afin d’entrainer notre cerveau à ressentir des choses de plus en plus subtile. L’exercice, je le trouve beaucoup plus simple que les précédents. Je sens facilement un engourdissement ou des picotements qui se propagent. Lorsque les sensations sortent de la zone, je n’y prête plus attention. Je ressens des petites vibrations, puis d’autres encore plus imperceptibles. Mon attention est maximale quand je me rend compte que je commence à avoir des flash stroboscopiques dans les yeux, mes paupières tremblent un peu et mes yeux étaient rivés vers le troisième oeil (milieu du front). C’était inconsciemment qu’en me concentrant, j’étais en train de reproduire des effets que je provoque volontairement lors de la prise de certains psychédéliques. En effet, les flash stroboscopiques, les yeux fermés, rivés vers le troisième oeil et en constante vibration augmentent les visuels et offre des sensations très intéressantes. Je me souviens par exemple de ce moment où je voyais comme la neige d’une vieille télé, et en me concentrant sur les flash stroboscopiques, j’avais l’impression que mon champ de vision augmentait jusqu’à me permettre de voir à 360 degrés. Je me sentais en plein milieu de cette boule de neige noire et blanche. Seulement là, en méditant, c’est un état que je gardais assez longtemps et mes yeux commençaient à fatiguer. Lorsque je tentais de garder mes yeux normaux, je ne ressentais rien et je finissais par retomber dans cet état.

La pause de 17h m’a fait beaucoup de bien. J’ai pu me détendre les yeux, et remplir mon ventre d’un repas complet que j’ai complété avec quelques fruits et un thé. Je me sentais un peu mal à l’aise pour les autres qui voyaient et sentaient mon assiette alors qu’ils étaient en train de manger léger. Mon voisin, Mercury, ne mangeait presque rien, donc ca ne devait pas trop le déranger, mais les autres… D’ailleurs, je n’ai pas expliqué, mais nous ne mangeons pas les uns en face des autres. Nous sommes positionnés de telle sorte à ne voir le visage d’aucun des autres élève. Encore une fois, le but est d’éviter toute distraction.

Lors du débriefing, nous avons eu l’explication des nouvelles paroles des chants, puis de nouveaux exemples d’en quoi cette méditation peut aider le monde à être meilleur. La discussion commence aussi à beaucoup cracher sur toutes les religions, ou du moins, à prôner l’athéisme. Je me considère comme tel, mais j’ai tout de même trouvé que le discours était un peu trop tranché. La dernière méditation était très productive aussi, mais à la fin, j’avais un petit mal de tête et un peu mal aux yeux. Une bonne nuit de sommeil devrait régler ça !

Jour 3 : Le rectangle sous les narines

Malheureusement, cette troisième nuit n’a pas été plus réparatrices que les précédentes et ce à cause de la température à nouveau. Je commençais à avoir un très sérieux déficit de sommeil. Les réveils étaient de plus en plus compliqués et je me sentais souvent m’endormir pendant certains moments de méditation. C’était particulièrement embêtant car cela me déconcentrait énormément. A tel point que je m’accrochais inconsciemment à la moindre pensée et que je commençais à partir dans un rêve éveillé mais non lucide. Je me retrouvais de temps en temps dans de drôles de positions, penchant vers l’avant ou sur le côté, et il était moins une que je ne m’endorme complètement, ce qui aurait mené à une inéluctable chute. J’ai donc fini la dernière demi heure des deux premières heures de méditation à me reposer sur mon lit. Il nous était autorisé de pratiquer certaines séances dans nos chambres ou dans les couloirs, avec notamment l’option du lit pour reposer le dos quelques minutes. Néanmoins, il nous était fortement déconseillé de rester plus de 5 minutes dans le lit car les probabilités de s’endormir étaient trop importantes. A ce moment là, c’était mon but de m’endormir ! Je n’ai finalement réussi qu’à somnoler car trois autres élèves avaient décidé qu’ils n’allaient plus faire d’effort pour être silencieux. Claquant les portes, se raclant ouvertement la gorge pour aller cracher de gros mollards, pratiquant la technique de respiration de Wim Hoff sous une douche froide, baillant très bruyamment… D’ailleurs, en parlant de bruit, lorsque nous étions dans le hall, il étaient souvent très frustrant de perdre toute sa concentration lorsque quelqu’un toussait ou éternuait. Et dieu qu’il y en avait des malades ! Alors que la politique était très stricte dans les mails qu’ils nous envoyaient : « aucun symptômes tolérés », une bonne quinzaine de personnes toussaient sans cesse, éternuaient (et souvent reniflaient), ou avaient une diarrhée. C’était clairement peu rassurant de rester aussi proche d’eux pendant autant de temps.

Chaque séance de méditation était différente. Parfois, je n’avais aucun soucis à être vraiment productif et à voir des progrès, parfois, j’étais incapable de rien. Lors des méditations non guidées, il arrivait à un peu tout le monde de se cramer le cerveau au point de prendre une pause à l’extérieur. Je croisais deux ou trois personnes à chaque fois, mais dans un silence d’or. Je n’avais jusqu’à maintenant croisé le retard de personne, mais en rentrant dans le bâtiment, je n’ai pas fait attention et l’un des élèves et moi même nous sommes brièvement regardés dans les yeux. Il y avait aussi cet homme dont je ne connais pas le nom, qui s’est excusé lorsqu’il a coupé le chemin de quelqu’un. C’étaient jusqu’à maintenant les seuls moments où le Silence Noble avait été rompu. J’ai par contre eu des souvenirs qui me sont revenus, des choses que j’avais complétement oubliés et qui à priori ne me plaisaient pas. Il était étonnant et plaisant de pouvoir me remémorer des choses et de les analyser de manière objective. J’ai pu donc, hors méditation, me poser de réelles questions sur mon environnement, et sur les raisons qui font que je suis qui je suis actuellement. J’arrivais loin dans mon chemin de pensées et je me surprenais moi même de jusqu’où je pouvais aller.

Pendant la méditation guidée du début d’après-midi, les instructions changent : il nous fallait maintenant nous concentrer sur les sensations que l’on avait sur le tout petit espace sous les narines, jusqu’à la lèvre supérieure. Qu’une partie de la moustache donc. Je ne ressentais presque rien. Je devais me concentrer comme jamais, poussant fort sur mes yeux pour parfois avoir un petit picotement. Je désespérais au plus les heures passaient. De nombreuses idées ont commencé à me venir en tête, comme raser la moustache par exemple, pour ressentir l’air passer sur ma peau, mais ces pensées étaient contre productives et m’empêchaient de méditer correctement. Par contre, mon dos allait un peu mieux depuis que j’avais de quoi m’adosser. Attention, ne vous méprenez pas, c’était encore très douloureux et je changeais régulièrement de position, mais ce n’était plus aussi dérangeant que ça pouvait l’être avant.

Lors de la dernière méditation de la journée, j’ai réussi à avoir une concentration à toute épreuve. Je n’ai pas ressenti autant de sensations que je ne l’aurai espéré mais tout de même, je voyais clairement des progrès. C’était tout de même la journée la plus dure car l’exercice n’était vraiment pas évident. Quand je me suis levé de mon tapis pour aller dans ma chambre, mon cerveau était tout léger, tout calme. Je marchais au ralenti, je me sentais bien. Sauf ma tête et mes yeux qui commençaient à devenir un peu douloureux.

Pendant la pause du midi, j’avais demandé à voir le professeur pour lui parler de mes difficultés à m’endormir. Il s’est voulu rassurant, expliquant que la méditation pouvait faire ressortir les traumas de différentes manières. Il m’a assuré que ça passerai au plus j’avancerai dans le cours. Rassuré, je vais me coucher. Néanmoins, j’en avait gros sur la conscience avec les fils de pensées que j’avais eu pendant ma pause du midi. Je n’ai finalement pas réussi à m’endormir avant 23h.

Jour 4 : Vipassana

C’est aujourd’hui une journée extrêmement importante car nous allons enfin apprendre Vipassana. Je la commence par contre plutôt mal. Avec l’insomnie et les cauchemars que j’ai fait pour la 4 ème nuit d’affilée, j’atteins un niveau de fatigue bien trop important. Je décide de ne pas faire les deux premières heures de méditation et de ne me réveiller qu’au petit-déjeuner. Je me sentais déjà bien plus frais à ce moment, mais aussi coupable de ne pas avoir fait preuve de sérieux. Les instructions n’ont pas changé pendant la journée, jusqu’au soir. J’avais toujours un peu de mal à ressentir des sensations sur la petite zone. C’était définitivement plus compliqué que de les ressentir sur tout le triangle, mais je voyais tout de même les progrès que je faisais chaque jour. Dire qu’il y a 4 jours de ca, j’étais presque incapable de me concentrer sur ma simple respiration. Ce même exercice qui aujourd’hui était très simple !

Mon mal de tête et derrière les yeux revenaient progressivement au plus la journée passait. Je mettais clairement ça sur le dos de la fatigue ! Et malgré mes siestes à chaque pause, je me sentais toujours en gros déficit de sommeil. Pour preuve, pendant le débriefing du soir, je m’endormais assis et j’avais beaucoup de mal à suivre le cours. Je n’en ai d’ailleurs pas encore parlé, mais les cours sont en anglais, avec un très (très!) fort accent indien. Il n’est pas toujours facile de comprendre, et ca demande clairement un niveau bilingue tant le vocabulaire est poussé. De nombreuses discussions se veulent très spirituelles et philosophiques. Ca me demande un peu de travail alors que mon cerveau travaille déjà de nombreuses heures chaque jour ! Il termine son long discours quotidien par nous autoriser une pause de 5 minutes avant d’enfin nous apprendre Vipassana pendant le dernier cours de la journée. Du moins, la première étape de Vipassana car il y en a plusieurs.

Je m’installe sur mon coussin après m’être aspergé le visage d’eau froide et d’avoir pris un peu l’air pour calmer la fatigue. Goenka nous demande de prendre une position que l’on pense pouvoir tenir une heure entière. Il instaure les heures de forte détermination. Pendant les heures de pratique commune guidée (3 x 1h chaque jour), nous devons faire notre maximum pour faire preuve de beaucoup de détermination et de n’absolument pas changer de position, malgré les douleurs, afin de nous inciter à ne plus réagir à ces dernières. L’exercice me semblait impossible, mais je me suis assis légèrement adossé, un peu courbé vers l’avant, mes pieds sur le sol, les jambes bien écartées et les mains jointes entre mes jambes. C’est une position que j’arrivais à tenir un peu plus facilement que les autres.

Dans la pièce, plus un seul bruit. Plus personne ne bougeait. L’exercice commence comme toute la journée, en essayant de ressentir des sensations juste au dessus de la lèvre supérieure. Je me suis dis « il se fout de nous ? Ca fait 2 jours qu’on fait ça ! J’ai du mal en plus avec cet exercice, alors si vipassana se base dessus, ça ne va pas être possible… »

Puis il nous indique de bouger lentement toute notre attention vers le sommet de notre crâne, sur une petite surface de quelques centimètres carrés. De la même manière qu’au niveau de la moustache, nous sommes censés avoir des sensations. Je peine un peu à avoir quoi que ce soit quand d’un coup, une espèce de picotement, comme si des petites fourmies marchaient en rond sur ce petit bout de crâne. Incroyable ! Puis il nous dit d’observer les sensations sur tout notre crâne, morceau par morceau. Les sensations n’ont pas à être les mêmes à chaque fois, mais c’est à priori la seule que j’ai actuellement. Je ressens ces fourmies à droite, puis à gauche, puis derrière, et cette sensation tend à rester, même si moins importante, lorsque je me concentre sur un autre morceau. Il nous dit de faire de même sur le visage, descendant progressivement jusqu’au cou. Lentement, morceau par morceau, ma tête est soit prise de picotements, soit d’une sensation d’engourdissement. Ma concentration est à son paroxysme. Celà fait 10 minutes que je n’ai pas décroché de cet état méditatif, que je n’ai pas eu une seule pensée. Ma tête est dans une légère vibration très plaisante, très impressionnante. À ce moment, je décroche quelques secondes à peine car cela me rappelle beaucoup une sensation que j’ai eu plusieurs fois lors de rêves lucides.

Les rêves lucides les plus impressionnants que j’ai pu faire sont ceux où je décide de passer au travers un miroir (croyez moi, en rêve, c’est vraiment particulier), et ceux où je me met à respirer sous l’eau. Il est très difficile pour ne pas dire impossible de décrire correctement ces sensations qu’il faut vivre pour les comprendre. Une vibration complète du corps, incontrôlée, paisible, plaisante, inimitable. Pas un centimètre cube du corps n’est pas en vibration lorsque je pratiquais ce genre de rêve. C’est à ce moment que je me rend compte que cet état très éphémère est l’état physique ultime que Vipassana est censé nous apprendre à atteindre et à garder pour de nombreuses minutes contre quelques secondes lors d’un rêve. Ce moment où il est possible de sentir chacune des infinies vibrations de l’univers, de la matière.

Je me reconcentre lorsqu’il nous dit de faire le cou. Puis de descendre sur l’épaule droite, et progressivement atteindre la main. J’ai beaucoup de mal à ressentir quoi que ce soit au niveau de l’épaule ce qui me frustre un peu car j’avais l’impression de gâcher cet incroyable moment où j’apprenais pour la toute première fois cette pratique qui m’intéressait depuis de nombreuses années. Mais je me suis attaché à la toute petite sensation de mon t-shirt sur ma peau lorsque j’étais en train de respirer. Cette sensation a ensuite comme naturellement glissée jusqu’à ma main. Puis, passage sur l’épaule gauche avec le même problème. Goenka était déjà en train de parler du coude gauche que j’étais toujours bloqué sur l’épaule. J’ai sauté cette zone pour ne pas prendre de retard. Passage sur le torse. Je ne ressens absolument rien. Je redouble de concentration, ne prêtant même pas attention à mes yeux en train de pousser pour sortir de leur orbite. Je fais la passe aussi sur les visuels très intenses que j’ai sous mes paupières qui flashent plus vite même que le stroboscope de mon téléphone. Au plus je plonge profond dans cet état de méditation, au plus les sensations sont fortes sur les zones que j’ai déjà observées. Ma tête vibre incroyablement fort, je ressens mon cœur battre sur tout mon visage. Mais je tente de ne pas y prêter attention car je dois maintenant observer l’estomac. Je ressens beaucoup de tensions à cet endroit là, d’un côté vers l’autre.

Passage au niveau de la nuque pour redescendre le long du dos. En arrivant au niveau du zona, je ressens pour la première fois de la séance la douleur. J’étais si concentré sur le reste que j’en avais complétement oublié que c’était douloureux ! C’était une douleur que j’arrivais à observer objectivement, pour une fois, sans avoir d’aversion pour elle. Incroyable !

Le bas du dos n’est pas très sensible, mais on arrive aux fesses qui elles, sont très douloureuses. Ne pas bouger, être constamment appuyé dessus, ça devient très inconfortable, mais tout comme les picotements qu’on ressent régulièrement à droite à gauche, c’est une sensation qui est vouée à passer. Non pas pendant la séance, mais à la fin, en bougeant enfin. Tout est éphémère. Tout comme les sensations au niveau de mes jambes que je ressens à peine quelques secondes avant qu’elles ne disparaissent. Je termine la jambe droite avec une autre partie douloureuse, le talon qui est privé de sang. Je passe à la jambe gauche et la même chose se produit. Nous atteignons la dernière partie du corps, le pied gauche. Toutes les parties de mon corps sur lesquelles j’ai senti une sensation bien marquée sont en effervescence ! Il reste quelques parties inanimées mais Goenka indique que c’est normal pour les débuts.

Je suis exténué, ça fait une demi heure que je suis parfaitement concentré, en continu. Avec la fatigue en plus, je n’en peux plus. Et mon corps devient très douloureux. Goenka nous dit de retourner tout en haut de crâne et de recommencer le même exercice, encore, et encore, et encore, jusqu’à ce que la séance se termine. Les zones déjà activées se réactivent très facilement. Pour les autres, j’en ai quelques unes de nouvelles mais pas autant qu’espéré. La douleur atteint des sommets mais je tiens bon. Les minutes deviennent des heures, les secondes des jours. Je n’attend qu’une chose, que le gong sonne pour me libérer de ces douleurs, mais je suis tiraillé car ces sensations que j’ai en moi sont extrêmement puissantes et plaisantes. Comme si la presque intégralité de mon corps raisonnait enfin à l’unisson avec mon cœur.

Je lutte, encore et encore, « plus que 10 secondes » je me dis, alors que je n’en avait aucune idée. Je n’arrive plus à faire l’exercice, mon cerveau est cuit, mon corps à besoin de repos. Goenka se met à chanter. Je sais que cette chanson marque les 3 dernières minutes de la séance. Je tiens le coup ! On arrive au moment où on peut dire « Sadhu ». Ma gorge est coupée, je suis incapable de dire quoi que ce soit. Quand d’un coup, le gong de la libération sonne. Du plus profond de moi, deux énormes larmes remontent jusqu’à mes yeux pour couler le long de mes joues. Des larmes de joie d’avoir reussi à ne pas bouger. Larmes de joie et de fierté d’avoir réussi cet exercice. Larmes de douleur. Larmes d’une profonde tristesse, car cette sensation de légèreté, de vibration, de vide, de calme et de sérénité, je ne l’avais pas vécu aussi intensément en de très nombreuses années. C’était même plus puissant que lors d’une redescente de DMT. Je suis complètement abasourdi par ce que je viens de réaliser. Comme sous le choc de cet état de transe dans lequel je me trouvais.

Le professeur nous invite à rejoindre nos chambres pour nous coucher. Pour la toute première fois depuis le début de cette retraite, personne ne bouge. D’habitude, quelques personnes se lèvent en moins de 5 secondes. Là, trente secondes plus tard, nous n’avions pas encore bougés. J’ai compris qu’on était un peu tous dans le même état. Quelques personnes ont eu des sanglots, se sont mis à renifler, et le besoin d’un mouchoir les a motivés à se mettre en route. Toute la pièce a fini par les suivre. Je bougeais très lentement, comme pour ne pas déranger cette paix que je ressentais. Ma tête vibrait toujours. Je sentais mon cœur battre dans tout mon visage, dans mes doigts, dans mes pieds.

Je me couche immédiatement dans cet état second. Sauf que mes yeux tremblent encore. Mes paupières sautent toujours, et je vois encore de gros flash. Les vibrations de ma tête restent constantes, jusqu’à ce que je ressente une drôle de sensation au niveau du coeur, comme une intense tension. Au même moment, les vibrations de la tête se mettent à exploser. Ca part dans tous les sens ! J’avais la sensation que mon visage était gonflé tant je ressentais mon cœur battre dessus. Une grosse tension s’installe sur mon front et les vibrations atteignent une intensité maximale. Je commence à partir en crise d’angoisse. J’ouvre les yeux que j’avais de toute façon du mal à maintenir fermés tant mes paupières étaient en train de sauter. Je me rend compte que je n’ai jamais quitté l’état de méditation. Je regarde l’heure, il est déjà 22h30.

Je me lève, bois un peu d’eau, m’en jette sur le visage, j’enfile mes chaussures et mon manteau et je pars marcher un peu dans le noir de cette nuit sans lune. Je tente de me calmer, de reprendre mes esprits, mais mes paupières continuent de sauter, mon cœur de battre sur mon visage, mon crâne de vibrer. Je n’arrive plus du tout à quitter l’état méditatif. Je vois l’heure qui passe et j’angoisse de plus en plus à faire une 5 ème mauvaise nuit alors que cela devient vitale.

Minuit, je suis pris de tremblements, j’ai des vertiges lorsque mes yeux sont fermés, et lorsqu’ils sont ouverts et que je les bouge, ça me fait tourner la tête déjà bien en bordel. Minuit 30, j’ai l’impression de perdre les pédales. Le réveil est dans 4 heures et je ne suis pas en état de dormir. Une heure, je panique complètement et décide de réveiller le manager pour lui expliquer la situation. Il me dit que ce n’est pas inquiétant, que je réagis juste très fort à cette nouvelle expérience, qu’il faut juste que je m’allonge et que je continue de méditer car lorsque le corps ne bouge pas, il se repose, et lorsque l’esprit est en méditation et ne fait qu’observer ce qu’il se passe, il se repose aussi. Il me conseille de me concentrer sur mes mains et mes pieds, zones où il est très facile de ressentir quelque chose. Elles tendent à calmer un peu l’état méditatif. Je retourne dans ma chambre, je m’exécute, et je fini par m’endormir, à moins de 3 heures du réveil.

Jour 5 : En parallèle

Je me lève avec le gong après une très petite nuit. Je suis exténué mais bien content de voir que mes yeux se sont calmés et que ma tête n’est plus douloureuse. J’ai par contre les paupières lourdes, clairement à cause du manque de sommeil. Je m’asperge le visage d’eau fraîche et à 4h15, je m’installe dans le hall pour méditer. Je suis le premier, je serai rejoins par quelques autres étudiants un quart d’heure plus tard.

Je tente de méditer différemment, en mettant un peu de mon attention sur mes yeux pour ne pas trop les contracter. Ca fonctionne plutôt bien au début, mais j’ai beaucoup de mal à ressentir quoi que ce soit lorsque je scanne mon corps, partie par partie. Le soucis, c’est aussi qu’après quelques minutes, je commence à m’endormir. Je lutte pendant une grosse demi-heure, mais mes moments d’absence se prolongent. Je deviens incapable de me concentrer sur quoi que ce soit et je me met à rêver assis. Je fini par me rendre à l’évidence : je suis beaucoup trop fatigué pour pouvoir méditer. Alors, je retourne me coucher jusqu’au petit-déjeuner.

Je me sens déjà en bien meilleure forme avec deux heures de sommeil en plus. Je mange, toujours en très grande quantité, et je me serai bien recouché pour l’heure qu’il me restait, mais j’étais de ménage aujourd’hui. Chaque jour, une personne différente doit nettoyer les 3 toilettes et douches. J’arrive à en faire 2 pendant cette heure. J’aurais volontiers commencé les 3 ème mais quelqu’un prenait déjà sa douche. Alors j’ai comblé les quelques minutes qu’il me restait par une petite balade dehors. Le soleil, le frais, le grand ciel bleu, le calme… Je me sentais si bien dans ces conditions. Alors qu’hier soir, j’étais en train de subir, me retrouver là dans ce tel calme m’a fait un bien fou. J’observais la neige sur la montagne d’en face, les écureuils sauter d’arbre en arbre, les pierres posées les unes sur les autres en forme de petites tours, les feuilles jaunes tomber lentement. J’étais en paix, tant avec moi même qu’avec mon environnement. J’avais la tête légère.

Première heure de méditation guidée de la journée. C’est aussi la première heure complète de forte détermination. Je m’installe assis avec le dos légèrement posé sur le dossier. Je plie mes jambes, pose mes pieds sur le sol de telle manière que mon poids soit le mieux répartie possible. Mes mains sont jointes entre mes jambes, posées sur le coussin. Je me sens bien. Je fixe ma position, ferme les yeux, et je me laisse guider par Goenka. Je ressens quelques sensations, même si presque imperceptibles au début. Au fur et à mesure de mon scan, les sensations s’intensifient. Mais mes yeux poussent aussi de plus en plus. Je commence à avoir quelques flash sous les paupières. Je tente de les calmer mais je n’y parviens pas. Un petit mal de tête s’installe progressivement. Je termine mon premier scan en un peu plus d’une demi-heure. Nous sommes censés faire un scan en une petite dizaine de minutes normalement, mais il y a tellement de zones sur lesquelles je ne ressens presque rien qu’il me faut beaucoup plus de temps pour tout observer.

Le premier scan étant terminé, j’entame le second et les douleurs aux fesses, pieds et dos commencent à se faire ressentir. Je tiens bon, je ne me déconcentre pas, je continue l’exercice. Je ressens des vibrations à chaque fois que j’observe un morceau de ma tête. Quand j’atteins le cou, toute ma tête vibre. Une plaisante vibration. Mais les douleurs s’intensifient. A tel point que je n’arrive plus à me concentrer. J’ai beau faire preuve de détermination, ça devient insoutenable. Je bascule donc vers l’avant, me place en position du Lotus, et continue l’exercice. J’étais à moins de 10 minutes de la fin de l’heure quand j’ai changé de position. Ca reste une sacrée performance et je ne suis pas trop déçu de moi.

La séance suivante, nous sommes tous dans le hall, et le professeur nous appelle par petit groupe de 3. On doit s’installer face à lui, et il nous pose à chacun quelques questions. Notamment « Arrives-tu à tenir une heure entière sans bouger ? Ressens-tu des sensations partout ? ». Il nous donne à chacun des conseils en fonction de nos difficultés, puis nous méditons 5 minutes avec lui. Enfin, il nous annonce que l’on peut terminer la séance dans le hall ou dans nos chambres, comme bon nous semble. Je préfère continuer dans le hall car je sais que je vais m’endormir dans ma chambre. L’aspect un peu plus formel et sérieux du hall m’aide à ne pas trop me perdre dans mes esprits. Je retourne donc à ma place et continue l’exercice, sur des zones un peu plus grandes, comme me l’a conseillé le professeur.

Grâce à ces grandes zones, un scan me prend moins de 2 minutes. Ma tête est coupée en 4 zones contre 14 au début de la journée. Il est beaucoup plus simple et moins frustrant d’avancer comme ça. Puis, progressivement, je diminue leur taille jusqu’à atteindre le même nombre de morceaux à observer. Lors de mon dernier scan, j’arrive à réduire encore leur taille. Le scan est assez long, un bon 20 minutes, mais ma tête est par exemple découpée en 22 morceaux différents. Mon attention est irréprochable, à tel point que je ne fais plus attention à mes yeux. Quand je sens que je n’ai plus de force psychologiquement, je sors de l’état méditatif, plutôt content de ma séance, mais mes paupières qui sautent toutes seules à nouveau. Il restait 45 minutes avant le repas du midi, mais je n’étais plus capable de rien, beaucoup trop fatigué. Alors j’ai essayé de dormir un peu. J’ai somnolé jusqu’au gong.

J’ai mangé en vitesse afin d’avoir le temps de nettoyer la dernière douche, de faire une petite balade, puis une sieste. Je devais aussi voir le professeur ce midi pour lui raconter ce qu’il m’était arrivé la nuit dernière. Tom, l’assistant lui avait bien évidemment raconté. Il me répète plus ou moins la même chose, que ce n’est pas grave, que ce sont les traumas qui ressortent, qu’il faut continuer de méditer ou se concentrer sur les extrémités. Je lui parle de la température dans la chambre qui est la cause de tous mes cauchemars. Il propose de me mettre dans un dortoir non utilisé qui est hors des limites de la retraite, mais qui me permettrait de dormir avec la fenêtre ouverte. J’accepte volontiers ! Il propose aussi que j’ai un repas complet à 21h, juste avant de me coucher, et que je prenne une infusion pour la nuit, doublement infusée, le tout pour essayer de passer une nuit réparatrice. J’étais aux anges qu’il me propose des solutions. Il m’invite aussi à continuer de faire attention aux mouvements de mes yeux pour éviter les maux de tête. Je termine cette heure de pause à marcher à l’extérieur. Je ressens par contre un peu de fatigue avant d’entamer la prochaine méditation et je décide de prendre une pilule de caféine.

Je fais la séance suivante dans le hall, et je change de position 4 ou 5 fois. J’avais trop mal aux fesses pour tenir sans bouger. Par contre, les sensations sont de plus en plus intenses un peu partout dans mon corps. J’arrive à ressentir des engourdissements ou picotements sur certaines parties jusqu’alors insensibles. Je vois clairement un progrès, et je ne ressens aucune fatigue grâce à la caféine. Par contre, mes paupières deviennent de plus en plus incontrôlables et, lorsque j’arrive à les maintenir fermées, je vois de nombreuses lumières et flash. Mes yeux en eux même sont légèrement douloureux mais c’est supportable. Quand le gong sonne, je profite de l’intercours pour prendre quelques secondes dehors et me rafraichir le visage. Commence alors la méditation collective de forte détermination. Je m’installe toujours dans la même position et je débute l’exercice qui n’a pas changé depuis la veille. Je m’étonne une fois de plus par les progrès ! Je scan de plus en plus de morceaux de mon corps, de plus en plus rapidement. J’arrive à faire 4 scans quand le gong sonne la fin de la séance. Une heure, sans bouger. Je suis si fier de moi ! Pour la première fois, et non sans mal surtout sur la fin, j’ai réussi à maintenir la position pendant toute la durée de la séance ! Par contre, j’ai l’impression de m’être grillé le cerveau tant j’étais concentré. La séance suivante s’est commencée par une petite marche en extérieur, sous la pluie, pour souffler un grand coup. Les bruits de la nature et l’air frais me faisaient un bien fou, de même qu’un peu d’exercice pour détendre mes muscles, mais la méditation était si intense que j’avais parfois l’impression de ne plus pouvoir réfléchir ou me concentrer. C’était plaisant dans le sens où ca forçait un certain calme dans mes pensées. Ca l’était par contre moins lorsqu’il fallait me remettre à l’œuvre. J’ai fini par rentrer et par m’installer dans ma chambre au lieu du hall pour avoir un peu plus d’intimité. J’ai eu beaucoup de mal à me concentrer mais j’ai tout de même réussi quelques scan. Pour le reste de l’heure, j’ai préféré faire des étirements et à nouveau de la marche.

J’ai mangé un repas complet pendant la pause du goûter, puis j’ai changé de chambre. Je me retrouve donc dans un dortoir normalement réservé aux serveurs masculin, entre les chambres des filles et des garçons. Pour y accéder, je dois passer par l’extérieur. Je me retrouve assez loin de ma chambre initiale et il me sera compliqué d’entendre les gongs, mais j’ai un réveil que j’utiliserai en replacement. C’est un dortoir de 4 personnes dans lequel je me retrouve tout seul, avec un toilette et une douche privative. C’est plutôt sympa comme changement. Mais le plus important pour moi, c’est clairement de pouvoir ouvrir la fenêtre et faire descendre la température à 15 degrés pendant la nuit. Par contre, je sens un peu de fatigue arriver, et la journée est encore loin d’être terminée. Pour tenir le coup, je prend une demi pilule de caféine.

Début de la séance de méditation en groupe, avec instruction. Goenka nous explique que nous devrions maintenant être capable d’observer deux endroits en même temps. Ainsi, il nous demande de scinder notre tête en 2 zones, droite et gauche, et d’observer les sensations des deux côtés en même temps, puis de redescendre le long du corps, toujours en observant les sensations en miroir. Les deux épaules en même temps, les deux avant-bras, les deux mains, les deux pectoraux… C’est plutôt compliqué au début, mais je m’étonne d’y arriver aussi rapidement. Une fois que l’on est capable de le faire sur de grosses zones, on peut commencer à réduire leur taille. Je prend gout à l’exercice et j’augmente progressivement le nombre de zones que j’observe. Certaines sont parfois insensibles lors d’un scan mais pas lors du précédent ou du suivant. Lorsqu’on observe les sensations en miroir, il arrive qu’un seul côté ait des sensations. Lorsque c’est le cas, il faut continuer le scan et une fois terminé, revenir sur toutes ces zones là, une par une, sans effet de miroir.

L’effort est tel qu’un mal de crâne commence à se faire ressentir. Mes yeux à nouveau tentent de sortir de leur orbite et mes paupières se mettent à sauter incontrôlablement. De plus, je me met à ressentir une très grande fatigue, malgré la caféine. Ma détermination à maintenir la position tombe dans le néant au bout de 40 minutes et je me met à bouger toutes les 5 minutes tant l’inconfort est présent. Je deviens parfaitement incapable de me concentrer et mes paupières sont trop en bordel pour que je garde mes yeux fermés. Alors, je les garde entrouverts et je me met simplement à suivre les chemins de pensées qui me viennent. A la grosse différence du moi d’il y a quelques jours, qui pensait à tout et n’importe quoi, les pensées qui me viennent sont des introspections. Bien que ce ne soit pas de la méditation à proprement parler, c’est tout de même un travail sur moi même qui reste intéressant.

Entre cette heure de forte détermination et le débriefing, on a le droit à quelques minutes de pause. Je passe aux toilettes, bois un peu, me rafraichis le visage, prend un peu l’air et je m’installe à nouveau dans la salle pour regarder Goenka nous parler de cette première journée très importante de la retraite. Il nous explique qu’il n’est pas toujours facile de ressentir des sensations en miroir, surtout au début, mais qu’avec un peu d’entrainement, nous serons bientôt tous capable de le faire les doigts dans le nez. Il parle de l’importance des heures de forte détermination et à quel point la douleur est superficiel. Toujours avec de beaux exemples et de nombreuses histoires. Toujours avec un discours qui prône le bien-être et l’amour envers son prochain. Je peine à tenir éveillé jusqu’à la fin du discours tant je m’endors sur place, mais je me fais force. J’ai beaucoup de mal à tout écouter par contre, car mon cerveau est si fatigué que la traduction de l’anglais vers le français devient difficile. A la fin de son discours, je me rassure : il ne reste que 45 minutes avant de pouvoir me coucher !

C’était 45 minutes pendant lesquelles je n’arrivais pas à me concentrer. J’étais juste beaucoup trop fatigué, tant physiquement que psychologiquement. J’avais déjà bien travaillé toute la journée. J’avais juste besoin d’une grosse nuit bien réparatrice. Je ne venais alors de faire que la moitié de la retraite. Je me rendais à l’évidence que je n’arriverai pas au bout de la retraite si je ne reprenais pas un rythme de sommeil correct. Quand le gong a sonné la fin de cette longue et horrible séance pendant laquelle j’étais incapable de méditer, j’ai couru vers la cuisine pour manger le repas qui m’avait été préparé, boire l’infusion « nuit tranquille » dans laquelle il y avait deux sachets, puis j’ai sauté dans mon lit, sous la fenêtre grande ouverte, et j’ai fermé les yeux. Mais bien évidemment, quand on cherche le sommeil, on ne le trouve pas. J’avais pourtant tout fait pour être dans de bonnes conditions, mais rien à faire, mes maux de tête étaient trop intense. Mes yeux bougeaient dans tous les sens et c’était de pire en pire au plus l’heure avançait. Mes paupières ne tenaient absolument plus en place. J’avais des tremblements, des sueurs froides, des vertiges. J’étais dans un tel état que j’ai décidé de prendre un antidouleur qui possède un peu de diphenhydramine, une molécule qui aide à l’endormissement. Vendu librement dans les pharmacies américaines, j’y avais eu recours quelques fois sur le sentier lorsque j’avais trop de douleurs physique et que j’avais vraiment besoin de dormir. Je sais que cette molécule me fait de l’effet dans la demi-heure suivant la prise, alors j’ai avalé la pilule et j’ai attendu bien sagement sur mon lit. Il était déjà 22h30. Quand j’ai senti que mon corps était en train de se détendre, j’ai fermé les yeux. Instantanément, ils sont partis en arrière comme lorsque l’on dors. Mes paupières étaient toujours en train de sauter à tout va et ma tête était en vibration douloureuse, mais je me sentais progressivement tomber dans un sommeil. Sauf que j’étais incapable de déconnecter. Incapable de ne plus penser et de vraiment dormir. Mon cerveau me ramenait sans cesse à la réalité. Une énorme frustration s’est installée. C’est le pire qui puisse arriver avant d’aller dormir ! 2 heures que j’étais en train d’essayer de dormir, mais je n’y arrivais pas, même si j’en avais énormément besoin. Ca m’a mis dans une rage incroyable. Tous mes symptomes ont empirés. Ma tête était abusément douloureuse, vibrait comme si j’étais dans le réacteur d’un avion, mes yeux essayaient de sortir de leur orbite, mes paupières clignaient plus vite que je ne serai capable de le faire spontannément. J’avais des douleurs au coeur, au corps, partout. J’étais dans un état que je n’avais jusqu’alors jamais ressenti de ma vie. Je n’étais plus maitre de rien dans mon corps, je ne savais plus quoi faire, quoi dire. J’étais prêt à appeler à l’aide mais je redoutais que l’on me répète la même chose que la veille. J’hésitais à aller dehors me vider un peu la tête et essayer de déconnecter, ou faire une douche chaude pour me détendre, mais j’hésitais aussi à rester dans mon lit pour potentiellement profiter de la diphenhydramine…

Je me suis retrouvé dehors. Mais je n’ai aucun souvenir d’être sorti. Je commençais à avoir des trous de mémoire ainsi que des hallucinations visuelles (je voyais des souris où il était flagrant qu’il n’y avait rien) et auditives (j’avais l’impression d’entendre des pas derrière moi). Je perdais complètement les pieds. Je n’étais plus moi même. J’avais l’impression que mon moi, ma personnalité, était progressivement arrachée de mon corps. Comme s’il ne restait au final que mon enveloppe, mais que je mourrais intérieurement. Une idée m’est venue pour potentiellement m’aider à déconnecter mon cerveau qui partait dans une boucle infini de rage, de peur, de tristesse et d’angoisse : tomber dans les pommes. Il est possible de se faire sois même tomber dans les pommes par hyperventilation. Je connaissais la manipulation, et je me disais que c’était peut être un bon moyen d’arrêter quelques secondes mon cerveau comme pour le reset, de la même manière qu’on éteint un ordinateur de temps en temps pour arrêter des processus zombie qui tournent en fond de manière indésirés. J’étais par contre dans un tel état physique et psychologique que j’avais peur de ne pas reprendre mes esprits, ou que je les reprendraient avec des séquelles. Je me suis donc ravisé et je suis rentré. Je n’ai aucun souvenirs du reste de la nuit. Il était 1h48 la dernière fois que j’ai regardé.

Jour 6 : Balayer

Je me suis réveillé à 4h avec mon réveil mais je l’ai décalé jusqu’à l’heure du petit-déjeuner. Je me suis rendormi immédiatement ! J’ai mangé avec la tête dans un flou complet. Je ne savais absolument pas quoi penser de ce qui s’était passé hier soir. Je n’avais plus aucune douleurs, j’étais à nouveau en contrôle de mon corps, mais repenser la veille me donnait beaucoup d’anxiété. J’avais eu peur. J’avais peur. Ne vous méprenez pas, ce n’était pas peur de mourir. C’est bien quelque chose qui ne me fait plus peur depuis que j’ai vécu une expérience de mort imminente sous DMT. Non, la peur que je ressentais là, c’était celle de ne plus être moi même. Peur que mon moi disparaisse en laissant mon enveloppe vide dans un hôpital psychiatrique. J’étais aussi abasourdi de voir que la méditation pouvait me pousser dans de tels états. Peut être n’étais-je pas fait pour la méditation ? Peut-être devrais-je juste abandonner ? A moins que ce ne soit pas la méditation en elle même qui me mette dans cet état ? Auquel cas, est-ce la fatigue ? Ou ai-je un soucis de santé ? Je ne savais plus trop quoi en penser. Mais quel sentiment de libération et de légèreté j’ai eu quand je suis aller marcher sous un grand ciel bleu, dans un silence absolu. J’étais si calme intérieurement. Ca me faisait un bien fou de me sentir de la sorte après les nombreux mois de brouhaha mentaux et la soirée chaotique de la veille.

Première séance de méditation de la journée, je reprend l’exercice où je m’étais arrêté la veille. J’arrive avec pas mal d’aisance à scanner mon corps de manière parallèle. Comme la veille, certaines parties sont plus silencieuses que d’autres mais se réveillent progressivement au fur et à mesure des scans. Je n’en ai pas encore parlé, mais il fait assez frais dans la salle et heureusement, car au plus je m’enfonce dans l’état méditatif, au plus ma température corporelle augmente. Lors des premiers jours, j’utilisais un plaid en début de séance que je retirais après quelques minutes. Néanmoins, c’est une petite déconcentration, et ca empêche aussi de ressentir certaines sensations sur la peau comme un petit courant d’air frais. Certaines parties de mes bras ne ressentaient aucunes autres sensations que ce froid, il était donc important pour progresser.

J’ai remarqué sur cet exercice que les parties que je scannais ne restaient pas aussi active une fois que je passais aux suivantes. C’était un peu frustrant mais j’essayais de ne pas laisser cette frustration m’atteindre car Goenka répétait souvent qu’il fallait rester très stoïque sur toutes les sensations, physiques comme psychologiques, et qu’avec de la persévérance et du sérieux, les progrès se feront assurément. Je vois par contre pas mal de progrès d’un point de vue détermination. En effet, j’arrive à tenir l’heure entière sans bouger presque à chaque fois ! Ca engendre de nombreuses douleurs et raideurs aux talons, fesses, dos et nuque, que je soulage par divers étirements et craquements entre chaque seances. Il est par contre important de noter que la douleur residuelle du zona semble de plus en plus supportable. J’y prête en tout cas moins d’attention qu’avant.

Je ne vais pas épiloguer sur les séances suivantes, pendant lesquelles j’ai tantôt du mal à méditer, tantôt beaucoup de facilités. Lorsque je m’en sors bien par contre, je peine à tenir l’heure entière en état méditatif tant la fatigue physique et psychologique s’installe. Je termine en général en me concentrant sur ma respiration, ou je me laisse aller à mes idées qui, pour la plupart, relèvent plus de l’introspection que de la fantaisie. Ca reste assez plaisant et constructif. Les maux de tête s’installent toujours au fur et à mesure que la journée se déroule. J’en parle à nouveau au professeur lors de la pause du midi qui me répète la même chose que la veille. Il me conseille de faire une infusion encore plus puissante pour le soir. Il se veut rassurant, m’expliquant qu’il est souvent sujet aux insomnies mais qu’il en profite pour méditer et qu’il y trouve tout de même du repos.

Je fais les méditations de l’après-midi avec de la caféine dans le sang car la fatigue me rattrape souvent après manger. La première séance de cette après-midi, je n’ai été capable de rien. Après une demi-heure à tenter de me concentrer, je me rend à l’évidence : mon cerveau est trop en bouilli des seances du matin et il me faut du repos. Je n’arrive pas à mettre de côté la frustration, donc je préfère faire un tour dehors puis m’allonger sur mon lit. J’ai profité du beau paysage des sommets de montagne enneigées et des couleurs automnales de plus en plus importantes au sein de cette forêt. Quand vient l’heure de méditation avec forte détermination, j’arrive à reprendre l’exercice. Je peine à maintenir la position pour une raison que j’ignore, mais je ressens de plus en plus de choses et les sensations perdurent un peu plus dans le temps. Ma tête par contre se remet à vibrer douloureusement et de l’anxiété s’installe à nouveau. J’ai de plus en plus peur de finir comme les deux précédentes nuits.

Pendant la pause du goûter, j’ai pris une demi pilule de caféine. J’ai souvent les effets pendant 4 heures, en la prenant à 17h, ça devrait s’estomper au coucher. Néanmoins, pendant le débriefing du soir, toute la fatigue m’est tombée dessus, s’ajoutant aux maux de crâne, yeux, et battements incessants des paupières. Je n’arrivais plus du tout à me concentrer, j’étais en train de m’endormir assis mais je devais écouter Goenka. Mes yeux ne toléraient presque plus la lumière de la télévision pourtant assez loin de moi. C’était intenable, mais je n’avais pas le choix que de me forcer à rester éveillé. C’était abusivement douloureux. Mes yeux allaient sortir de leur orbite alors qu’ils étaient ouverts. Mes paupières étaient parfaitement incontrôlables. A la fin de ce supplice, j’ai demandé au professeur si je pouvais aller me coucher maintenant, et donc sécher les dernières 45 minutes de méditation. Il a refusé m’expliquant que c’était une séance très importante. J’ai commencé à très sérieusement douter de ses competenced de professeur à ce moment là. Je lui ai fait part plusieurs fois de détresses qu’il semblait minimiser, voir ne pas prendre au sérieux du tout. Il devait bien voir mon état pourtant, mais ne semblait plus vraiment y prêter attention. Alors je me suis aspergé le visage d’eau froide, j’ai pris de grandes bouffées d’air frais à l’extérieur, et je me suis installé pour la dernière méditation de la journée.

Goenka nous apprend un nouvel exercice dès le début de cette séance. Nous devions commencer à « balayer » notre corps. Plutôt que d’observer les sensations partie par partie, il nous fallait commencer du haut de la tête, et tenter de ressentir la sensation de propager uniformément le long du corps, de manière continue. Une fois arrivé aux orteils, faire le trajet en sens inverse et ainsi de suite. Une fois que l’on arrivait à faire ça, il fallait tenter de le faire en miroir, coté gauche et droit en même temps. Je commence l’exercice et me rend compte que j’y arrive assez facilement. Je débute tout en haut du crâne, puis coupe en deux mon attention, une partie sur la gauche du crâne, l’autre sur la partie droite, et je ressens comme de petites fourmies descendre jusqu’à ma nuque, puis remonter vers le front, prendre toute ma tête progressivement, jusqu’aux oreilles que je n’arrive par contre pas à faire en même temps. Et me revoilà à descendre le long du coup, des bras, des mains… Je suis impressionné par ma capacité à faire en miroir déjà, et à quel point les sensations persistent dans le temps. Quand j’étais sur mon torce, ma tête était toujours en train de picoter du début. Arrivé aux orteils, la moitié de mon corps était dans le même état. J’ai remonté progressivement, renforçant les sensations où elles étaient déjà bien actives, réveillant celles qui ne l’étaient pas. Durant tout l’exercice, j’essayais de ne pas prêter attention aux maux de crane, yeux et paupières, mais quand mon cerveau a commencé à plonger dans une espèce de sommeil, toutes les sensations de la tête se sont transformées en douleurs. J’avais des vertiges, acouphènes, et le visage qui s’anesthésiais à certains endroits tandis que je sentais mon cœur battre à d’autres. C’était devenu un vrai calvaire. J’ai lutté, jusqu’à entendre le gong de la lin libération. J’ai couru jusqu’à la cuisine, avalé un peu de nourriture, fait une infusion avec 4 sachets, et je me suis ecroulé dans mon lit. Sauf que bien évidemment, j’ai commencé à angoisser à l’idée de ne pas m’endormir. Pour la faire courte, je suis retombé dans le même état que la nuit d’avant, et j’ai du m’endormir aux alentours de 2h. C’était un vrai supplice que je ne souhaiterai pas même à mon pire ennemi.

Jour 7 : Anneau

Je ne me suis levé qu’à l’heure du petit déjeuner, dans le même état qu’hier matin, donc calme et en paix, mais après une nuit de maximum 4h. Comme la veille, j’ai réussi à méditer sur certaines séances alors que j’en était incapable pour d’autres. Comme la veille, j’ai réussi et progressé sur le nouvel exercice, balayant mon corps de haut en bas, de bas en haut, indéfiniment, en miroir. L’ensemble des mon corps était de plus en plus en vibration au fur et à mesure que je pratiquais. Le bon type de vibration, pas celui qui me blesse à la tête. Comme les derniers jours, au plus la journée avançait, au plus des douleurs s’installaient aux yeux, paupières, tête. Comme la veille, j’ai fini par prendre de la caféine pour tenir le coup. Comme la veille, le débriefing était atroce à cause de mon état de santé qui dégénérait de plus en plus. J’ai soumis une seconde fois ma requête de ne pas participer à la dernière séance de méditation pour pouvoir me coucher au moment où j’étais en train de m’endormir assis. Comme la veille, j’ai eu un refus avec le même prétexte : c’est une séance importante. Et effectivement, ça l’était, Goenka nous a expliqué qu’il s’agissait du dernier exercice pour pouvoir pratiquer Vipassana correctement. Nous devions imaginer cette fois que le scan de notre corps se faisait de haut en bas, puis de bas en haut, mais comme une IRM. C’est à dire que nous ne balayions plus droite et gauche en miroir, mais droite, gauche, avant et arriere en même temps, comme si le scan était fait par un anneau qui se balade de haut en bas, de bas en haut, à l’infini. J’ai eu un peu de mal au début mais j’ai fini par comprendre comment faire, et ressentir de plus en plus de choses. Ca semblait presque surréel toutes les sensations que j’avais ! Mais au bout de 4 scan, comme la veille, tout est devenu douloureux au niveau de la tête. Je me suis battu contre la douleur et le fatigue jusqu’au gong, avant de faire comme la veille et de m’écrouler dans mon lit. À nouveau, impossible de fermer l’oeil tant c’était douloureux. Les paupières qui sautent, des flashs stroboscopiques, mes yeux incontrôlables, la tête en vibration qui va exploser. J’étais à bout. J’ai fondu en larme. Je ne controlais plus rien de mon corps. Je n’étais plus moi. Encore 2 jours et demi à tenir. En étais-je vraiment capable ? Ca me semblait insurmontable. Bien plus que tous les défis que je m’étais lancé jusqu’à maintenant. À minuit et demi, j’ai réveillé Tom pour lui demander qu’on discute un peu. On s’est mis dans la cuisine, j’ai fait part de la dégradation de mon état, et j’ai demandé qu’ils regardent sur internet si tous ces symptômes peuvent être engendrés par la méditation ou si cela relevait d’un problème de santé. Il semblait un peu perdu. Il a appelé le professeur mais ce dernier ne répondait pas. On est donc allé dans une petite salle juxtaposée aux chambres des professeurs. J’étais tremblotant, hypersensible à la lumière, j’avais l’impression que mon cœur battait de manière irrégulière. Je suis parti en crise d’angoisse, je ne savais plus quoi faire.

Tom à réussi à réveiller le professeur qui est venu me voir. Il a vérifié sur internet comme je le lui ait demandé mais me dit juste qu’il ne trouve rien d’alarmant. Je tente à nouveau de lui faire comprendre la détresse dans laquelle j’étais mais il y reste parfaitement stoïque. J’ai complétement perdu confiance en lui et son assistant à ce moment là. Voyant que ca ne menait à rien, je demande s’il a un médicament pour m’aider à dormir, quitte à ce que je dorme toute la matinée du lendemain. Il n’avait que des anxiolytiques. Je lui ai donc pris un comprimé de xanax en espérant que ça me calme et que ça m’endorme pour que je puisse enfin récupérer. Je suis retourné dans ma chambre, et une sensation de solitude extrêmement pesante s’est installée. Alors que j’avais vraiment besoin de pouvoir me reposer sur quelqu’un, ils étaient presque figurants, et je n’avais aucun moyen de contacter d’autres personnes de confiance. La pilule a fait effet assez rapidement et j’ai enfin réussi à dormir.

Jour 8 : Premier abandon

Je me suis finalement réveillé pour le petit déjeuner, la tête lourde et dans le brouillard. Le xanax de la veille faisait encore effet, j’étais comme un zombie, presque incapable de réfléchir à quoi que ce soit. Je me suis installé dans le hall pour essayer de méditer mais je n’étais plus capable de rien. Trop désensibilisé pour ressentir quoi que ce soit, trop fatigué pour continuer. Si je devais prendre des anxiolytiques pour dormir, et que le lendemain, j’étais incapable de méditer à cause de ces derniers, c’était inutile de forcer jusqu’au bout de cette retraite. Je n’étais absolument plus en état de rien. Alors j’ai demandé à voir le professeur, à nouveau. Tom m’a déposé dans la même salle que cette nuit. Quand le professeur est arrivé, j’ai explosé en larme, lui annonçant mon souhait de quitter la retraite prématurément. Pour la toute première fois, j’étais confronté à l’échec et à l’abandon d’un de mes projets. Je m’étais battu jusqu’au dernier moment, j’avais fait preuve de détermination et de persévérance, mais j’avais atteint ma limite maximale. Je sentais ma santé en danger. Je n’étais absolument pas pris au sérieux. J’étais profondément seul dans ma merde, sans comprendre ce qui m’arrivait. Devoir en plus de ça encaisser l’abandon m’avait poussé au bout du bout. Il fallait que tout ça cesse.

Je n’avais plus de couverture médicale au canada depuis quelques jours, donc j’ai décidé de continuer mon voyage au Mexique et de me faire soigner là-bas si besoin. J’ai récupéré mes affaires, dont mon téléphone inutilisable à cause de son écran cassé. Le jardinier m’à déposé à l’intersection de l’autoroute le long de laquelle j’ai fait du stop direction Vancouver pour réparer mon téléphone et prendre un avion. C’était en pleine tempête de neige, ma tête était en train d’exploser. Je me suis effondré en larmes sur le bord de la route. Il n’y avait nul part d’autre où aller. J’ai fait des appels d’urgence avec mes bras mais personne ne s’arrêtait. Il m’a fallu plus d’une heure pour que quelqu’un comprenne la détresse dans laquelle j’étais. Il m’a conduit dans un magasin pour faire réparer mon téléphone, puis m’a héberger dans le camping-car de ses parents pour une nuit. Je me suis endormi sur les coups de 19h, toujours avec un énorme mal de crâne.

Postface

Je me suis retrouvé au mexique après 19h de vol dont une très longue escale à San-Francisco. J’ai pris une nuit dans une auberge de jeunesse mais j’aurai finalement passé la casi totalité de cette dernière aux urgences. C’était ghetto, et je ne reviendrai pas vraiment sur cette expérience infernale, mais j’ai fini par aller voir un autre médecin le lendemain. Le diagnostique médicale étant vraiment baclé, je me suis posé de sérieuses questions. Je ne suis absolument pas bien, je ne sais pas ce que j’ai, le système de santé du Mexique est calamiteux, je me sens très seul et je ne rencontre pas autant de personnes qu’escompté. Je n’arrivais même pas à profiter de Dia De Los Muertos (le jour des morts) qui est la plus grosse fête nationale du Mexique, une version XXL d’halloween. Je ne me sentais pas de continuer mon voyage dans ces conditions. Alors j’ai pris la lourde décision de rentrer en France, marquant mon second abandon. Je n’en avais aucune envie, et le retour fut particulièrement dur, mais c’était la meilleure chose à faire. En France, j’ai passé une IRM cérébrale et fait une prise de sang qui ne montraient rien d’anormal. Un mois après les premiers symptômes, j’ai pu passer ma toute première journée sans aucune douleur. J’ai tout de même souffert un mois entier de violents maux de tête, mal aux yeux, paupières qui sautent, engourdissement du visage… Et je n’ai à ce jour toujours aucune idée de ce qui m’est arrivé.

Conclusion

Vipassana, et la méditation de manière générale, m’ont agréablement surpris. Moi qui m’en croyait incapable et qui restait assez sceptique sur le sujet tout en étant curieux, j’ai redécouvert le calme de l’esprit et du corps, j’ai eu des moments d’introspection très intéressants, et j’ai revécu des moments de ma vie que j’avais complétement oublié, tout en étant spectateur de mes émotions. J’ai découvert en parti le lâcher prise et j’ai été vraiment étonné des capacités de mon corps et de mon esprit lors de cet exercice peu anodin. Je suis tout de même très déçu de ne pas avoir réussi à aller jusqu’au bout. Là où je suis furibond, c’est de voir l’inaction, le presque dédain et le cruel manque de professionnalisme et d’encadrement qu’ont eu l’assistant et le professeur à mon égard. Alors que j’étais en complète détresse et que je le leur en faisais part à de multiples reprises, ils sont restés stoïques et inutiles lorsqu’il s’agissait de sortir un peu de la bulle méditative et de considérer de réels soucis de santé.

C’est très dommage que cette expérience se termine de cette manière, mais je tente tout de même de ne pas tenir compte des soucis que j’ai eu et de me concentrer sur les bienfaits que j’ai pu en tirer. Je pense que l’extreme fatigue, l’angoisse et le non contrôle de mes yeux au début sont la raison de ces soucis, plus que la méditation en elle même. C’est quelque chose que j’essaierai fort probablement à nouveau, mais dans d’autres conditions. Je n’ai découvert que les prémices de cette technique, et je pense sincèrement que celà pourrait m’apporter d’autres choses lors d’une pratique moins intense et plus intime. C’était très intéressant, et je la conseille à quiconque étant curieux sur le sujet.

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