Comment préparer le Pacific Crest Trail (PCT) – Guide

Astuces et conseils pour bien se préparer à marcher le PCT

Sur ce blog, parlons de budget, de matériel, de permis et d’organisation. Conscient qu’il soit parfois difficile de préparer 5 mois de sa vie avec autant d’avance et pas ou peu d’expérience, je vous propose un guide pour préparer votre randonnée sur le Pacific Crest Trail (PCT) du mieux que possible !

Photo de Baptiste Orieux sur le PCT en 2016
Photo proche de la frontière canadienne

Organiser le voyage

L’organisation de ce voyage comporte de nombreux points, c’est pourquoi il est conseillé de s’y prendre de nombreux mois en avance.

Tomber sur ce blog est un premier pas pour organiser votre randonnée. Vous y trouverez de nombreux conseils pour bien vous lancer, par un ancien randonneur qui est déjà passé par tout ca. Tout d’abord, il vous faudra vous procurer un VISA américain. La délivrance de ce dernier peut nécessiter un délai de deux mois et un déplacement en personne à l’ambassade des US à Paris.

Une fois sur place, il vous faudra vous reposer du voyage et vous habituer au décalage horaire. De plus en plus de Trail Angels proposent gratuitement de vous héberger, vous nourrir et vous conduire au monument de départ du Pacific Crest Trail. Parmi eux, les plus connus sont Scout & Frodo.

Le PCT se fait habituellement du sud au nord, d’avril à octobre, afin d’avoir les meilleures conditions météorologiques en traversant les différents paysages. Il est néanmoins possible de faire la randonnée du nord au sud, mais cela demande une logistique et une préparation bien plus conséquente. Pensez à vous y prendre encore plus tôt.

En fin d’année précédent votre année de départ, il vous faudra obtenir un permis pour marcher sur le PCT (si vous faites plus de 500 miles consécutifs). Ce permis est gratuit et est disponible sur le site officiel du PCT. Votre permis vous autorisera à prendre la route à une date bien précise (que vous pourrez choisir si vous n’arrivez pas trop tard). Réspecter cette date est primordial pour la vie du trail car le désert est fragile et trop de mouvement au même endroit en si peu de temps détruit considérablement l’écosystème dans lequel le chemin passe. Il a pour but non seulement de recensser le nombre de personnes qui tentent l’aventure, mais aussi de réguler le trafic quotidien, éviter les sites de campement bondés et les chenilles de randonneurs.

Vous vous retrouverez en pleine nature, souvent sans réseau, et bien souvent seul pendant de nombreuses heures voir jours. Connaître des techniques de survie est donc primordial pour se sortir de situations délicates. C’est un aspect à ne pas prendre à la légère ; sachez comment recoudre une plaie ouverte, faire un abri de fortune, allumer un feu avec une pierre à feu, purifier de l’eau…

Documentez-vous sur la randonnée en elle-même, les conditions météorologiques, les points de chute, les méthodes de ravitaillement en fonction de votre avancée, les méthodes pour être pris en stop, la maitrise du yogi-ing… Pour vous aider à faire tout ceci, je vous conseille grandement l’achat du livre Yogi’s PCT Handbook qui possède toute une partie sur l’organisation des ravitaillements, des plans simplifiés des villes et villages qui bordent le PCT et comment les rejoindre.

Choisir son matériel

De loin, la partie la plus longue et compliqué de toute la préparation

Préparer le Pacific Crest Trail (PCT), c’est aussi passer du temps à trouver le matériel adéquat. Il existe deux grandes philosophies de la randonnée : l’américaine qui se veut ultra-légère, et l’européenne qui se maximise le confort.

Ainsi, l’européenne favorisera des grosses chaussures montantes en cuir, un matelas gonflable, une grosse polaire et un sac très grande capacité (60 à 70L) tandis que l’américaine changera les chaussures pour des trail runners (chaussures très légères et non imperméables, adaptées à la course en montagne), préfèrera un matelas en mousse coupé à 3/4 et un sac de 40 à 60L.

Mon choix est vite fait et se porte sur la philosophie américaine. En effet, chaque gramme est un gramme à porter, pendant ~4300km. Le confort apporté par un poids de base (poids de tout le matériel sans eau ni nourriture) faible m’est bien plus important que le confort apporté par un meilleur matelas (mais qui se crèvera de nombreuses fois pendant toute l’aventure) ou tout autre matériel plus lourd que nécessaire. Au plus vous êtes légers, au plus vous pourrez porter de nourriture et au mieux vous vous sentirez et prendrez du plaisir à marcher. C’est par contre une philosophie un peu plus onéreuse que sa concurrente. Pour les petits budgets, je vous conseille de faire un mix des deux.

Chaussures

Préférez des chaussures ultra-légères (trail runners) avec faible drop (moins de 10mm), non imperméables (sèchera plus vite; vous serez mouillé dans tout les cas, que ce soit de sueur ou de pluie). Il n’est pas rare de mettre plus de 100€ dans une paire de chaussure.

Les trail runners s’abîment plus que des chaussures en cuir. Pensez à prévoir dans votre budget l’achat de 4 à 5 paires au total.

Chaussure Brooks Caldera, parfaitement adaptée à la randonnée longue durée

Sac de randonnée

Oubliez tout de suite Décathlon. D’excellentes compagnies américaines proposent des sacs d’une légèreté impressionnante. C’est par exemple le cas de ULA avec leur ULA Circuit, de SuperiorWildernessDesigns avec leur incroyable Long Haul 50 customisable dans les plus petits détails, riche en couleur, ou encore ZPacks avec leur Arc Blast (pour les plus gros portefeuilles).

3 modèles de sac parfaitement adaptés pour le Pacific Crest Trail

Abri pour la nuit

C’est l’un des éléments sur lesquel il est possible de réduire considérablement le poids. Vous souhaitez vraiment voyager en ultra-léger et êtes prets à mettre tout le confort d’une tente de côté ? Le tarp est ce qu’il vous faut. Certains sont a moins de 100gr comme le modèle Hexamid Pocket de ZPacks, ou faire d’une pierre deux coups avec le Pro Rain Poncho de Mountain Laurel Designs qui fait à la fois tarp et poncho pour les jours de pluie. L’utilisation d’un tarp nécessite au moins un bâton de marche. Si vous randonnez sans, il vous faudra vous tourner vers un autre type d’abri.

Pour gagner considérablement en confort, il existe de nombreux modèles de tentes ultra-légères. La plupart d’entres-elles sont autoportantes ce qui permet de les poser sur n’importe quelle surface. C’est un avantage non négligeable par rapport aux tarps; à prendre en compte en fonction du terrain sur lequel vous allez randonner. Pour le PCT, vous n’aurez pas trop de soucis à trouver un sol pour y installer un tarp.

Je préfère augmenter le poids de mon sac mais gagner en confort en prennant une tente autoportante comme la Hubba Hubba NX Solo de MSR (une excellente marque, avec un service client irréprochable, qui propose de remplacer gratuitement une piece abimée lors d’une tempête par exemple) ou plus récemment, la Copper Spur HV1 de Big Agnes.

L’achat d’un abri est onéreux mais la qualité est au rendez-vous. Ma Hubba Hubba NX Solo était l’un de mes meilleurs achats sur mon Thru-Hike du PCT en 2016.

Sac de couchage

Il ne fait pas trop froid sur le PCT. Vous dormirez au plus haut entre 3000m et 3500m d’altitude dans la Sierra Nevada. Un sac avec une température de confort de 0°C est suffisant. Privilégiez le duvet pour son pouvoir gonflant et son poids, mais faites bien attention à ne pas le mouiller et bien faire sécher la condensation du matin; le duvet, mouillé, perd tout son pouvoir chauffant.

J’ai fait le PCT avec un Ansabere 400 de TripleZero couplé à une doublure de sac de couchage Thermolite Reactor Compact Plus de Sea To Summit. Frileux, j’avais besoin d’un peu plus de chaud la nuit. L’avantage d’une doublure de ce type est de garder le sac de couchage propre pour maximiser le pouvoir chauffant du sac, mais cela apporte aussi un peu de chaleur en plus. Je conseille aussi la marque Cumulus qui propose de très bons produits customisable.

Tapis de sol

Si vous avez besoin de beaucoup de confort pour dormir, il sera sans doutes préférable de partir avec un tapis de sol gonflable. Ils sont assez onéreux mais sont ce qu’il se fait de mieux en matière légèreté et confort. Vous pouvez par exemple vous orienter vers un NeoAir Uberlite ou le NeoAir XLite de Therm-A-Rest. N’oubliez pas par contre de prendre de quoi réparer votre matelas en cas de fuite d’air. Dormir à même le sol jusqu’à pouvoir retourner en ville est une expérience peu sympathique ! De simples rustines comme celles-ci suffisent. Ne faites pas l’erreur de partir avec un tapis de sol gonflable. On s’habitue rapidement et on fini vite par prendre du plaisir à dormir sur un tapis de sol assez dur. Vous le crèverez, bien plus d’une fois. Il vous faudra donc porter un kit de réparation. Parfois, les réparations ne suffisent plus et il vous faudra le changer. Mais pour se faire, il vous faudra dormir à même le sol jusqu’à atteindre la prochaine ville…

Préférez partir avec un tapis en mousse, coupé en dessous des genoux pour gagner en place et en poids. Vous poserez vos jambes sur votre sac afin d’éviter un contact direct avec le sol. Le Z Lite de Therm-A-Rest reste indétrônable.

Le tapis de sol Z-Lite de Therm-A-Rest

Vêtements

Pour ce qui est du haut, la technique des trois couches est à connaitre.

  1. La première couche, un tee-shirt technique, a pour but primaire d’évacuer la sueur. La seconde couche permet d’apporter de la chaleur. La dernière est pour protéger le tout de l’environnement (pluie, vent, branches…). L’un des meilleurs matériaux pour la première couche est la laine de mérinos. Ultralégère et rapide à sécher, elle sait réguler la température de votre corps à la perfection tout en retenant les mauvaises odeurs. Vous pouvez porter une première couche manche longue aussi bien en montagne qu’en plein désert, et ne le laver que toutes les deux semaines. C’est par contre une matière fragile. Icebreaker est une marque chez qui vous pouvez acheter ce matériel les yeux fermés. Pensez à acheter un second tee-shirt que vous porterez pendant la nuit.
  2. Pour vous réchauffez, rien de mieux qu’une doudoune. Je vous conseille très fortement de vous orienter vers du synthétique, là où le duvet est le plus adapté pour un sac de couchage. En effet, votre doudoune n’a pas besoin d’être ultra-compressible et doit rester efficace, même mouillée. La Climalite Full Zip de Cumulus est mon Graal. Ultralégère et très chaude, elle a largement fait ses preuves sur le PCT. Vous partez dans un pays plus froid ? Votre seconde couche peut se faire en deux étapes : une polaire et une doudoune. Si vous souhaitez tout de même vous orienter vers du duvet car vous cherchez la performance et faites attention à l’humidité, quelques options sympa s’offrent à vous : le Ghost Whisperer 2 de chez Mountain Hardwear est le plus performant. En moins onéreux, la Hard Land est un bon compromis.
  3. La troisième et dernière couche n’est autre qu’un imperméable. Il y en a pour tous les prix; de la basique à l’ultralégère, il y en a pour tous les budgets. Poncho ou un veste, c’est selon vos préférences ! Quelques exemples : le poncho de Anyoo ou celui de chez Flintronic, l’ultra-légère veste de chez Frogg Toggs si vous en prenez bien soin, la veste Inner Limits Ii de Columbia ou pour les plus gros budgets, la Stormline Stretch de Black Diamond.

Le bas du corps est très simple à habiller.

  • Un pantalon léger est suffisant. Décathlon en propose quelques uns avec ceinture. Vous allez perdre du poids, c’est donc intéressant de pouvoir modifier le tour de taille. Ne vous encombrez pas d’un short, il suffit de remonter le pantalon pour avoir le même résultat. Une a deux poches est appréciable pour avoir à porté de main un appareil photo, une barre chocolatée ou des plans.
  • Un bas imperméable si vous n’avez pas un poncho. Je peux vous encourager à partir vers un kilt de pluie, ou à profiter du pantalon ultra-léger qui vient avec la veste Frogg Toggs.
  • Un caleçon en mérinos pour le jour, un second pour la nuit. Pour les plus petits budgets, des sous-vêtements respirants qui ne contiennent pas de coton suffira.
  • Deux paires de chaussettes en mérinos à alterner chaque jour, et une paire un peu plus grosse pour la nuit. Darn Tough propose les meilleurs produits, et vous pourrez les échanger gratuitement lorsqu’elles seront abimées dans de très nombreux magasins aux US, à vie !

Pensez à prendre un bonnet et une paire de gants. C’est appréciable non seulement la nuit mais aussi pendant les fraîches matinées. De même, la casquette est un must pour se protéger du soleil du désert, et s’avère très utile sous l’imperméable en cas de pluie, pour éviter que la capuche ne tombe sur le visage.

Traitement de l’eau

Il est très important de traiter l’eau que vous vous appretez à consommer si vous souhaitez éviter les diarrhées intempestives. Trois options s’offrent à vous : les filtres et les purificateurs.

  1. Les filtres vont non seulement retenir les bactéries, mais ils vont aussi empêcher les impuretés de se retrouver dans votre bouteille. Ainsi, vous vous assurez de ne pas ingurgiter de petit bout de bois, de feuille ou de terre. Ils sont par contre plus lourd que la purification chimique, nécessitent un certain entretien, filtrent l’eau lentement et sont très sensibles au froid. Sawyer fait de bons produits mais leur embout n’est pas adapté aux bouteilles européennes. Pensez donc à prendre une bouteille de la marque. Il existe aussi le Katadyn BeFree très réputé sur l’Appalachian Trail.
  2. La purification chimique est de loin ma préférée. Quelques goutes d’un produit type Aquamira, 30 minutes d’attente et vous avez une eau clean. Le gout légèrement chimique en dérange certains; ce n’est pas mon cas. Une alternative serait de partir sur des comprimés comme ceux de la marque Micropur.
  3. Le dernier moyen de purifier l’eau est à l’aide d’un StériPen. C’est une alternative onéreuse, lourde, qui nécessite d’être rechargée régulièrement. Mais qui a pour avantage de ne pas laisser de gout et de permettre de continuer de marcher pendant le processus de traitement.

Préparation physique

Pour s’éviter de nombreuses blessures

Vous allez marcher. Beaucoup. Avez-vous pensé à aller voir un podologue ? Mon plus grand regret est de ne pas l’avoir fait. J’ai les pieds plats, un os surnuméraire à chaque pied, et je ne portais pas de semelles orthopédiques. Ca m’a valu des inflammations quotidiennes pendant toute mon aventure. Ne faites pas la même erreur !

En soit, la randonnée ne demande pas de grosse préparation physique. Vos muscles vont se faire sur le tas et vous allez perdre les kilos que vous avez en trop assez rapidement. Mais si vous avez l’occasion de rendre vos premières semaines de marche meilleures avec une petite préparation physique… Pourquoi vous en priver ? Un à deux footings par semaine, ou de la marche rapide, afin de muscler les jambes et le cœur. Une séance de natation par semaine pour travailler la respiration et les épaules. Commencez dès novembre pour un départ en avril et vous serez en pleine forme le jour J !

Budget à prévoir pour marcher tout le PCT

Pour ne pas tomber à cours de fonds en pleine aventure

Une des raisons principales d’abandon du Pacific Crest Trail est économique. Beaucoup se lancent dans cette aventure sans réfléchir aux besoins financiers. Pour le matériel, comptez de 1500€ à 3500€. Au plus vous chercherez à voyager léger, au plus la facture sera lourde. Pour atteindre mon poids de base de 7.1kg j’ai dépensé environ 2100€. Préférez l’achat de matériel pendant les soldes ou les journées du type « Black Friday ».

Le transport peut lui aussi revenir cher. Comptez entre 1200€ et 2000€ l’aller-retour en avion.

Sur place, il faut prendre en compte votre alimentation (qui sera bien plus importante qu’en temps normal !). Les ravitaillements sont souvent à faire dans des petits villages qui n’hésitent pas à bien gonfler les prix. Il en est de même pour le matériel que vous devrez changer en cours de route.

Enfin, il sera tentant de vouloir vous faire un petit plaisir de temps en temps en louant une chambre pour la nuit, que ce soit en hôtel ou chez un trail angel, pour vous laver, vous sécher, ou vous remettre d’une blessure.

Qu’on se le dise, faire un PCT à moins de 7000€, c’est possible, mais si vous n’avez aucun matériel et que vous priver d’absolument tout confort n’est pas envisageable… N’y comptez pas. Pour être large, prévoyez au moins 9000€ (transport et matériel inclus).

Lisez des comptes rendu d’aventure

Lire des comptes rendu d’aventure vous permettra de mieux savoir à quoi vous attendre, en plus de vous faire rêver avant votre grand départ. C’est aussi un moyen d’apprendre des erreurs des autres, et de voir ce qui a bien fonctionné pour vous en inspirer.

J’ai moi même tenu un journal de bord quotidien dans lequel j’explique mes aventures et mésaventures. Voyagez à mes côtés sur ce sentier de l’extrême !


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Vous voulez découvrir une autre grande randonnée encore plus folle ? J’ai créé spécialement pour vous un guide pour vous permettre de préparer le Continental Divide Trail et un autre pour l’Appalachian Trail. Bonne lecture !