Le West Higland Way est la randonnée la plus populaire d’Écosse et l’une des plus connues du monde. De Glasgow à Fort Williams, sur 154km, elle longe des rivières, lacs et traverse les très fameux Highlands. Paysages presqu’Islandais, on pourrait se croire dans un film du Seigneur des Anneaux. En quête de retrouver le gout de la rando que j’avais un peu perdu sur l’Appalachian Trail, je me suis lancé sur cette randonnée sans préparation pour ne pas gâcher la surprise. Je ne m’attendais pas à tant être bluffé par ce sentier.

[Jour 0] Dégustation de whisky dans un hotel boîte de nuit

J’ai pris l’avion de Charleroi en direction d’Édimbourg. Après 1h30 de vol, j’ai pris un bus jusqu’à Glasgow. De là, un second bus jusqu’à un hôtel pour me reposer un peu du voyage et préparer mes affaires. Ce n’était pas prévu mais je n’avais pas fait attention à l’heure d’arrivée en Écosse, ni au décalage horaire, donc j’avais le temps de faire tout ça sans soucis. L’hôtel semblait pas mal de l’extérieur. Mais quand j’ai ouvert la porte, je me suis retrouvé dans un bar/boîte de nuit dans lequel il y avait une séance de karaoké et de la musique bien forte. Je ne m’attendais absolument pas à ça ! Il fallait récupérer les clefs au bar, puis prendre une porte au milieu du dancefloor pour monter à l’étage. Les chambres étaient juste au-dessus de la salle de danse. Vous imaginez le bruit ! Heureusement, ils fermaient à minuit. J’ai pu prendre un fish&chips assez traditionnel dans le fast food d’à côté. L’une des cliente m’a parlé. Elle dormais dans la chambre juste à côté avec son père de 90 ans. M’entendant demander conseil sur les whisky à goûter, elle m’a invité à les rejoindre dans leur chambre pour une dégustation d’une bouteille de « Jura ». C’était vraiment sympa de passer un peu de temps ensemble. Le père avait un accent très prononcé qui rendait la conversation parfois un un plus compliqué que lorsque j’étais aux US, mais dans l’ensemble ça se passait bien. J’ai ensuite rejoint ma chambre pour une courte mais nécessaire nuit. Les fêtards faisaient beaucoup de bruit dehors et l’isolation phonique n’était pas terrible.

[Jour 1] Arrivée progressive dans les Highlands – 22km

J’ai dans l’ensemble plutôt bien dormi, même si pas assez. J’étais aussi très impatient de commencer la marche, bien qu’un peu perplexe vis à vis de ma forme physique et des prévisions météorologiques. Il y avait un très léger crachat au petit matin mais qui s’est vite levé.

Un passage au Lidl du coin pour le petit déjeuner et les derniers ravitaillements, et Renegade, que j’avais rencontré l’année dernière vers la fin de l’Appalachian Trail est venu me chercher. C’était cool de le retrouver après ces quelques mois où nos vies étaient un peu revenues à la normale ! Direction Milngavie, juste au nord de Glasgow, où démarre le sentier au milieu du village. Il y avait beaucoup de monde, et c’était à prévoir car c’est la saison la plus propice pour cette rando. Il y avait aussi un gros groupe de plus de 100 personnes qui allaient faire 1 journée de marche pour une œuvre caritative. Un bon gros groupe qu’on a essayé de devancé ! Quelques photos et nous faisions nos premiers pas sur ce sentier; l’un des plus populaires au monde.

Le sentier longe une petite rivière sous de beaux arbres et entouré de talus floraux et herboisé, jusqu’à quitter le village. S’en suit une montée progressive et plutôt longue jusqu’à sortir de la forêt. De là, on a nos premières vues sur les monts et champs environnants. Il y a pas mal de brume donc les sommets se font timide mais on distingue plutôt bien les montagnes qui s’arrachent des plaines ondulées environnantes. Il y a beaucoup de pâtures avec des moutons et leurs petits tout mignons. C’est très calme, beau, vert. La météo se maintient, à l’exception de l’humidité et de la température qui augmentent légèrement. Suffisamment pour suer un peu, mais les conditions sont très agréables dans l’ensemble.

Le sentier fait quelques montées et descentes, traverse de nombreuses pâtures qui nécessitent d’ouvrir et refermer des portes à chaque fois. Il y a quelques passages sur des routes de bitumes mais rien de trop dérangeant dans l’ensemble. C’est même l’occasion de passer à côté de petits magasins qui jouent la carte de l’honneur en mettant à disposition de la nourriture et une caisse avec de la monnaie. Je ne prends pour le moment rien, mais je n’exclue pas de me faire tenter par un coca un de ces quatre.

Mes pieds, chevilles, et mon dos sont un peu douloureux, mais pas autant que les hanches qui n’avaient pas porté de poids depuis longtemps. J’ai vite de grosses courbatures à cause de la pression qu’exerce la ceinture de mon sac et les frottements des mouvements. Ça passera, et le sais ce que sera bien pire demain !

On a été dépassé par une petite du gros groupe, mais c’était l’occasion de faire une petite pause pour grignoter et profiter du calme. Nous avions prévu d’aller jusqu’à la ville de Drymen, à 19km de notre point de départ, mais il était bien tôt et nous n’avions pas d’eau pour la nuit, donc on a poussé un peu. On préfère dormir en pleine nature plutôt que d’aller dans des campings aménagés et à priori bondés. Quelques kilomètres plus loin, on est rentré dans une forêt où il y avait un grand campement sous des pins et un petit ruisseau à côté. L’endroit parfait ! Il était assez tôt donc on a pu faire nos étirements, manger, jouer aux cartes et goûter un whisky qu’un randonneur a acheté à la distillerie à 150m du sentier. C’était vraiment sympa !

Je teste ma nouvelle tente ce soir, en espérant que la condensation ne soit pas trop présente. Je veux essayer de passer une bonne nuit pour récupérer de ces derniers jours où j’ai accumulé de la fatigue. C’était une très bonne première journée de 22km.

[Jour 2] Premier lac et première montagne – 30,8km

Réveil fort matinal malgré une petite nuit. En effet, j’ai mis du temps à m’endormir car je ne le sentais pas spécialement fatigué, si ce n’est les douleurs musculaires. J’ai fini par prendre un anti douleur afin de me détendre pour essayer de m’endormir plus facilement. Sur les coups de 5h, j’étais déjà bien réveillé mais j’ai attendu un peu dans ma tente; il pleuvait légèrement. Ma tente avait pas mal de condensation à l’intérieur malgré que j’ai laissé une porte ouverte, mais je ne l’avais juste pas assez bien tendue. C’est aussi un risque que j’acceptais de prendre lorsque j’ai pris la décision de changer de style de tente.

J’attend que la pluie se calme un peu puis je range tout et prend la route. C’est fort brumeux mais ça ne me tombe finalement plus dessus. Comme il n’y a pas de vent, il fait frais sans pour autant faire froid, et tant que je m’active, c’est plutôt confortable.

Le sentier débute par un faux plat au sein d’une forêt dans laquelle quelques troncs ont été coupés ce qui laisse une bonne odeur de pins. Puis il me fait traverser deux grands champs avec des moutons qui refusent qu’on les approche. Un peu plus loin, c’est le début de la première vraie montée de l’aventure avec l’ascension de Conic Hill. Ce n’est pas trop raide, juste ce qu’il faut pour faire monter le rythme cardiaque tout en permettant de garder un rythme plutôt constant. Un vingtaine de minutes plus tard et je suis au sommet mais il n’y a aucune vue car je suis dans les nuages. Je commence la descente quand le sentier finit par passer en dessous de la couche nuageuse. De là, j’ai le droit à ma première vue sur l’immense lac Lomond au milieu duquel trônent fièrement quelques îles et dont de belles montagnes orangées le bordent. C’était une très belle vue, à un moment où je ne m’y attendais pas.

La descente était plutôt simple, pour qu’ensuite le sentier longe le lac tout se reste de la journée. Tantôt sur une route pavée pour le plus grand malheur de mes voûtes plantaires, tantôt en sable, et principalement en terre.

J’ai tenté de me baigner dans le lac mais la température de l’eau était si froide que mes pieds gonflés de sang étaient beaucoup trop douloureux. Mais ce n’est pas grave, c’était tout de même bon pour calmer les potentiels début d’inflammations.

Il y avait quelques restaurants sur la route mais je ne m’y suis pas encore arrêté. J’ai préféré tracer mon chemin pour ne pas arriver au campement trop tard. Les derniers kilomètres pour atteindre le campement étaient particulièrement longs et douloureux, principalement car c’était une belle distance pour ma condition physique actuelle. Néanmoins, j’ai été très heureux et surpris de trouver un abri en pierres, avec un toit et une cheminée, juste à côté du sentier. J’ai fait un feu pour garder l’abri bien au chaud pour la nuit, mangé, bu un peu de whisky avec les amis, joué aux cartes, et je suis parti me coucher. J’ai par contre eu des remontées acides et douleurs au niveau du sternum et je pense que le whisky y est pour quelque chose. Je vais probablement m’abstenir de goûter la prochaine fois.

[Jour 3] Les premiers rayons de soleil Écossais – 32,7km

La nuit était excellente. Entre le feu qui a gardé l’abri au chaud une grosse partie de la nuit, le sol bien plat et dur, le calme, et le fait de ne pas être mouillé par la grosse averse qu’il y a eu, j’ai vraiment réussi à récupérer ! Elle a juste été entrecoupée par la visite d’une petite souris qui a réussi à faire un trou dans un sac pour y récupérer un morceau de kinder.

Je me lève donc bien en forme et le corps peu endoloris de la journée précédente, à l’exception des traditionnelles courbatures. Nous avions prévu de faire 27km aujourd’hui, pour s’arrêter un peu avant une ville histoire de faire un ravitaillement et de manger un vrai petit déjeuner le lendemain.

Une grosse partie de la journée s’est faite le long du lac. Un enchaînement de petites montées et descentes en dent de scie peu appréciables car bondées de rochers ce qui me ralentissait considérablement en plus de m’abîmer les pieds. Gros point positif par contre : la météo. En effet, ils avaient prévu un gros orage aux alentours de midi, suivi d’averses jusqu’en milieu de nuit. Nous avons pourtant eu nos premiers rayons de soleil ! Jusqu’à 15h, le soleil se montrait puis se cachait un peu derrière de petits nuages. Les vues sur les montagnes environnantes, avec le beau ciel bleu, étaient magiques. C’était vraiment une ambiance différente de la veille avec son gris et son froid constant

Parfois, le sentier était bordé de murs de pierres, parfois de grandes étendues de fleurs bleues qui autrefois étaient en espèce en voie de disparition. De loin, on pourrait croire à un champ de lavande ! Il y avait aussi quelques bancs directement taillés dans des bûches, et des passages un peu plus étroits pour lesquels il fallait presque retirer son sac.

On a fini par atteindre un hôtel devant lequel on s’est posé un peu pour reprendre des forces, boire et manger. Presque tous les bâtiments principaux le long du sentier proposent gratuitement de l’eau et ont un petit magasin pour des ravitaillements de fortune. C’est très bien organisé ! On reprend la route sous un beau soleil, peut-être même trop chaud par moments, jusqu’à enfin quitter le lac par une première belle montée. Nous voilà donc de retour dans les montagnes. Changement presque radical d’environnement, fini les arbres, voilà les petits monts de fougères mortes qui donnent cette couleur orangée aux montagnes passées une certaine altitude.

On atteint un camping auquel est rattaché un restaurant. L’envie de prendre un coca frais et un bon de frite a été plus fort que moi, surtout par ce beau soleil ! J’ai aussi vu sur le menu qu’ils avaient le très fameux « Mars frit ». C’est une barre de chocolat Mars trempée dans une sorte de pâte, le tout frit comme des frites. Comment passer à côté d’une occasion de goûter ce dessert atypique, surtout qu’il était accompagné d’une boule de glace vanille ? Bon… On ne va pas se le cacher, ça ne casse pas trois pattes à un canard. Mais c’était une bonne découverte tout de même !

Reprise de la marche toujours en montée, le long d’une rivière. Veto, un néo-zélandais qu’on a rencontré hier et qui avait déjà fait cette randonnée, connaissait un endroit sympa légèrement hors sentier, avec une belle cascade et un endroit pour se baigner. Je me suis dit que ça pouvait être sympa de le suivre, et j’avais bien raison ! L’eau était par contre bien froide, et les pieds gonflés et injectés de sang par la perche étaient très douloureux dans l’eau. A force de les rentrer et de les sortir, ils ont fini par se refroidir et j’ai alors réussi à les garder dans l’eau quelques minutes. C’était parfait pour le récupération musculaire et pour calmer un peu les courbatures. Certes, c’était très raide pour y arriver, mais ça valait vraiment le coup.

Le sentier continue de monter jusqu’au soir. On se retrouve de plus en plus sur des montagnes orangées et les vues n’en sont que plus impressionnantes. Je suis émerveillé devant ces paysages que je découvre pour la première fois. Néanmoins, ce qui devait arriver au moins une fois sur le séjour arriva. La météo, qui jusqu’alors semblait mentir, à fini par dire vrai. Un peu de pluie s’est mise à tomber. Ce n’était pas bien problématique car ça s’est vite arrêté, et que le soleil est revenu me sécher, mais un orage s’est déclenché quelques minutes plus tard, alors que je prenais de l’altitude. La pluie est revenue, tantôt liquide, tantôt en grèle. Puis on a eu le droit à une belle et longue averse qui m’a complètement trempée, à l’exception du torse que je protégeais avec mon parapluie. J’ai eu le malheur de voir, trop tard, que le sur-sac que j’utilisais l’année dernière n’était plus imperméable. Heureusement que j’utilise un sac poubelle à l’intérieur de mon sac pour garder l’intégralité de mon matériel sec. J’utilise néanmoins mon sac comme repose pied la nuit pour les garder surélevé (ça aide pour la récupération) et cela allait mouiller mon duvet. Pour couronner le tout, il n’y avait déjà plus de place au campement que l’on visait. Nous étions donc partis pour quelques kilomètres de plus sous une pluie battante alors que j’étais épuisé et que mes pieds devenaient fort douloureux.

On a fini par trouver un peu de place; pas les meilleurs emplacements, on ne va pas se le cacher. J’ai attendu que la pluie se calme un peu avant de monter ma tente. J’ai laissé tout mon matériel mouillé en dehors, et j’ai utilisé mon sac poubelle pour entourer mon sac afin de garder mon duvet pendant la nuit. J’ai mangé beaucoup plus que prévu le soir tant j’étais affamé. Je redoute toujours ce moment où, au petit matin, je suis contraint d’enfiler des vêtements froids et mouillés pour reprendre ma route, mais je sais que ce n’est que passager, et ça devrait valoir le coup demain !

C’était dans l’ensemble une très bonne journée, plus longue que prévue et avec une fin moins sexy que le début, mais je commence à en avoir plein les yeux et je suis certain que le meilleur reste à venir.

[Jour 4] Vipassana en nature – 31km

Réveil avec une tente bien mouillée, tant de la pluie que de la condensation. Je n’ai pas spécialement le moral de devoir enfiler mes vêtements trempés alors qu’il fait froid dehors, mais si je veux me réchauffer, je n’ai pas le choix que de faire vite et de me mettre en route tout de suite. C’est chose faite; je range mon sac rapidement et je commence la marche.

C’est très nuageux ce matin, et le sentier est un peu boueux, mais rien de trop embêtant. J’arrive beaucoup plus à relativiser depuis l’enfer de l’année dernière sur l’Appalachian Trail. Le chemin fait quelques montées brèves avant d’entamer une longue descente vers la vallée. Dans cette dernière, on longe un peu les rails du train qui redescend de Fort Williams (la fin de l’aventure) jusqu’à Glasgow. C’est à priori l’une des plus belles ligne de chemin de fer de tout le pays, et si le prix c’est pas exorbitant, on se laissera sans doutes tenter.

On croise nos premières vaches écossaises; celles aux longs poils, et on traverse de nombreux enclos à moutons rempli d’agneaux qui se courent les uns après les autres. C’est adorable.

Après quelques kilomètres, on arrive dans la ville de Tyndrum dans laquelle se trouve un excellent restaurant et un magasin pour ravitailler. J’attendais avec beaucoup d’impatience ce moment pour pouvoir manger de la vraie nourriture. C’était un régal… 2 heures plus tard, je reprenais la route. Une petite montée pour ensuite suivre un long plat le long d’une montagne. Elles commencent d’ailleurs à prendre en hauteur, c’est très beau. Une seconde montée pour ensuite faire un très long faux plat descendant le long d’une autre chaîne de montage et de la fameuse voie de chemin de fer. Je vois quelques belles vallées démarquant de nouveaux sommets toujours plus impressionnants. Ils sont presque tous dans des nuages qui deviennent de plus en plus menaçants. Il fait d’ailleurs assez frais, mais comme je ne suis plus mouillé, ce n’est plus un problème.

Vers midi, j’arrive à un petit lieu de pique-nique où mangeaient de nombreux autres randonneurs. J’en ai profité pour monter ma tente afin de la sécher avec le vent frais qui s’était levé. Le ciel est devenu particulièrement sombre et j’avais peur que la pluie ne s’abatte sur mon matériel en train de sécher. Mais j’ai finalement eu de la chance et je me suis remis en route avec du matériel tout sec; quel bonheur ! C’était le moment d’entamer une longue montée jusqu’à un petit col de montagne. Le soleil était désormais de la partie ce qui a métamorphosé l’environnement. Les couleurs presque automnales des montagnes désolées étaient magnifiques, tout comme la vue au sommet qui laissait voir une longue vallée avec en son pied un lac et en sa tête une belle chaîne de montagnes. C’était magnifique mais je ne me suis pas attardé car le vent était un peu trop froid.

Redescente dans la vallée pour ensuite remonter en face. Une seconde longue montée plutôt bien gradée qui n’était aucunement compliquée. Elle était juste douloureuse aux pieds car, comme dans l’état de Pennsylvanie, le sol était jonché de pleins de petits cailloux, comme un chemin pavé qu’auraient construit les Romains. Avec quelques pauses, j’ai réussi à atteindre le campement.

Nous étions presque au milieu d’un plateau très vallonné avec, d’un coté un panorama à porte de vue vers des monts et montagnes et de l’autre, des montagnes désertes avec un peu de neige. On se croirait en Islande et en plein désert à la fois ! Le vent souffle un peu, mais la vue était absolument sublime, et la météo parfaite. C’était un moment incroyable, et je n’aurai jamais pensé ce matin en me levant que la journée allait être aussi belle et agréable, malgré la belle distance parcourue. J’étais comblé, et encore plus quand j’ai ouvert les yeux après 5 minutes de méditation Vipassana avec Renegade, face à ce splendide paysage. Un moment si calme et agréable que je n’en avais plus les mots, et lui non plus d’ailleurs.

On a mangé dans cet environnement des plus reposants, joués un peu au cartes puis on s’est installé dans nos tentes. J’avais oublié que j’avais acheté un avocat; une excellente surprise pour cette fin de journée ! Même si demain ne s’annonce pas aussi bien niveau météo, les paysages devraient être dans la lignes d’aujourd’hui. Il ne nous reste plus que deux jours sur cette aventure et je me sens pour le moins comblé, et comme réconcilié avec la randonnée. J’étais un peu en froid avec elle depuis mon expérience de l’année dernière mais aujourd’hui, j’ai retrouvé les sensations qui m’aident à sans cesse repousser mes limites et accepter douleur et inconfort.

[Jour 5] Les gros dénivelés des Highlands – 30,8km

Le campement était dans un lieu idyllique, mais le sol n’était clairement pas optimal pour dormir avec un matelas en mousse. Peu importe la position dans laquelle j’étais, c’était inconfortable à cause de deux rochers sous ma tente. Je n’ai donc pas très bien dormi. J’ai par contre pu voir le ciel étoilé vers 1h, mais je ne suis pas resté longtemps dehors tant il faisait froid avec le vent.

Au petit matin, il pleuvait à peine lorsque j’ai rangé mes affaires. Un crachin qui n’aura pas duré longtemps fort heureusement. En arrivant au sommet du col de montagne, j’ai même eu droit à un peu de soleil ! Ensuite, redescente dans la vallée le long d’une piste de ski, pour rejoindre l’hôtel Kingshouse avion d’en utiliser les toilettes. Après, j’ai repris le sentier sur une petite montée qui traversait toute la vallée avant d’atteindre le très fameux escalier du diable (Devil Staircase). C’est juste une montée assez raide, avec des lacets, jusqu’à un col de montagne. Rien de bien impressionnant quand on à fait l’AT car c’était presque quotidien, mais je comprends que ce soit impressionnant pour une première expérience. Je me suis mis de la musique, j’ai pris un rythme assez soutenu, et je l’ai gardé jusqu’à la fin, travaillant un bon coup le cardio. D’en haut, la vue était magnifique sur les différentes chaînes de montagnes. Mais pas trop le temps de s’extasier car il y avait beaucoup de vent froid. J’entame donc la descente jusqu’à la ville de Kinlochleven.

C’était une très (très) longue descente bien trop raide, qui m’a beaucoup endolori les jambes et pieds, au point de devoir prendre un doliprane. Le soleil était par contre au rendez-vous alors qu’il n’était pas prévu, donc je relativisait. Par contre, j’ai beaucoup ralenti au grand damne de mon ventre qui n’attendait que d’y arriver pour avaler un gros burger.

On avait déjà fait pas mal de distance, mais vu la belle journée et l’heure, il était tentant de pousser un peu plus pour que notre dernière journée demain ne soit pas trop longue. Alors j’ai repris la route sur un sentier qui n’apparaît pas sur ma carte car il semblerait que j’ai une version trop ancienne. Ça monte, monte, monte, encore plus que les escaliers du diable, encore plus raide et plus caillouteux. Et sous le soleil, il faisait très chaud. J’ai trouvé ça bien plus compliqué.

Quand la montée s’est terminée, le soleil s’est caché et le sentier est parti sur un faux plat ascendant, remontant une vallée. Il s’est mis à faire bien froid et le ciel est devenu menacent. D’après la météo, il devait pleuvoir aux alentours de 17h, donc vers 16h, alors que j’étais complètement cassé de ma journée et des probablement 1000m de dénivelé positif, j’ai préféré poser ma tente. Ça soufflait pas mal, il faisait froid, et la pluie est effectivement arrivée. Sauf que contrairement à la dernière fois, tout mon matériel est sec ! Quel bonheur ! J’aurai une journée légèrement plus longue que prévu demain, mais ça devrait aller. Par contre, de la pluie est prévue toute la nuit jusqu’à 9h demain. On verra ce que ça donne.

J’ai fait une grosse partie de la journée sous Doliprane car j’ai une inflammation de la cheville gauche, mais je suis à moins de 25km de la fin, donc je ne m’en fais pas trop.

[Jour 6] La fin de l’aventure – 19km

Ma nuit de 10h était plus que nécessaire. Je n’étais pas spécialement bien installé, mais j’ai écrasé si vite… D’après Renegade, j’ai pas mal ronflé, ce qui m’arrive rarement. C’est que j’étais dans un sommeil très profond ! Je me suis réveillé vers 7h, sous une fine pluie. Le vent s’était bien calmé, mais c’est à priori bien tombé cette nuit. Il y avait beaucoup de condensation dans ma tente, et mon sac de couchage était un peu humide aux pieds, mais ça ne m’a pas dérangé. Je range mes affaires, m’habille avec mon matériel qui était resté sec la veille, et je sors de la tente. Il pleuvine plus qu’il ne pleut, et c’est tant mieux ! Départ vers 7h45 pour reprendre la légère montée le long de la vallée.

Je croise de nombreux randonneurs encore dans leur tente; ce n’est jamais très motivant de se lever par ce temps. Néanmoins, ça se calme assez vite. Je n’ai par contre pas de vues, ce qui est un peu dommage. J’espérais que ça se découvre un peu pour profiter de cette dernière journée.

Le sentier fait quelques montagnes russes de petites montées et descentes, rien de bien embêtant. C’est par contre plein de petites pierres, comme la veille, ce qui n’est jamais très confortable. J’ai un peu mal aux pieds et chevilles au début, mais après m’être réchauffé, ça disparaît.

Je traverse de nombreux champs, puis une petite forêt, puis d’autres champs. Parfois déserts, parfois habités par des moutons et agneaux, dont l’un d’eux semblait avoir passé l’arme à gauche il n’y a pas longtemps.

Les nuages sont bas, donc les vues sont très minimes, surtout celle lorsque j’arrive au pied de la montagne la plus haute d’Écosse : Ben Nevis. C’était vraiment dommage de ne pas pouvoir voir cette impressionnante montagne qui borde la ville plate de Fort Williams, destination finale du West Highland Way, mais c’est comme ça. En venant en Écosse, il faut s’attendre à ne pas avoir les vues espérées et composer avec.

Le sentier redescend lentement dans une forêt, jusqu’à rejoindre une route en bitume très utilisée. On continue jusqu’à atteindre la ville dont, à son entrée, se trouvait l’ancien monument de fin de cette aventure. Nous n’avions jusqu’alors fait qu’une seule pause sur la journée, donc j’étais cassé. J’ai quand même pris quelques photos de ce monument, puis continué et travers de la ville. C’était très bruyant et peuplé, notamment de français. Le sentier traverse toute la rue marchande, probablement pour faire tourner les commerces, pour rejoindre le nouveau monument. Une simple plaque toute misérable, à moitié cachée derrière des plantes. Très décevant, surtout quand on voit à quel point le point de départ a été travaillé. Mais voilà, l’aventure est terminée, en 6 jours, soit une journée d’avance sur mes estimations.

Conclusion

Le West Highland Way est une randonnée magnifique. Abordable pour tous les niveaux et tous les styles de randonnée. Que vous préfériez marcher d’hôtel en hôtel ou dormir en pleine nature, vous trouverez ce qu’il vous faut. Il est possible de ravitailler à de nombreux points, limitant le poids du sac. En marchant vers le nord, vous vous assurez de commencer sur un terrain assez simple et garderez les sections les plus challengeantes pour la fin. De même que vous aurez des vues de plus en plus impressionnantes. Le terrain est très varié; des longs de cours d’eau aux forêts en passant par les lacs, les champs et les grandes étendues désertes des Highlands, vous serez probablement comblés comme je l’ai été ces quelques jours.

J’ai beaucoup aimé cette randonnée, bien que courte, intense de par les distances que j’ai tenu chaque jour. C’était la première fois que je voyais ce genre de paysages et j’avoue avoir été dépaysé. Proche de ceux qu’on trouverait en Islande, c’est un environnement qui m’a tant étonné que fasciné. J’ai d’ailleurs été très chanceux sur la météo, malgré les quelques douches. La météo, c’est bien le gros point faible de ce chemin. Une semaine entière de pluie aurait rendu l’aventure bien plus fade, inconfortable, et probablement peu intéressante. Si vous en acceptez les risques, il y a fort à parier que vous apprécierez ce que ce sentier a à offrir.

Enfin, si l’envie vous prend de marcher le West Highland Way, en entier ou par section, sachez que Renegade, que j’avais rencontré l’année dernière sur l’AT, et avec qui j’étais là, est guide professionnel. Si vous voulez une aventure sans embûches, que tout soit préparé, planifié et reservé, et que vous voulez entendre parler de l’histoire du Royaume-Uni, de l’Écosse, et avoir des informations sur la faune et la flore, tout en passant un excellent moment avec un mec incroyable, vous pouvez le contacter de ma part sur Instagram : @renfrew_in_the_lakes

Renegade & moi

Comment préparer cette randonnée ?

Si vous souhaitez préparer cette randonnée, je vous ai préparé un guide pour vous aider à planifier votre trajet, choisir votre matériel, et je vous partage quelques conseils. J’ai même préparé un plan de marche sur 7 jours afin de vous donner une idée de ce qu’il est possible de faire comme étapes tout en ayant le temps de profiter des paysages et des rencontres que vous ferez. Suivez le guide :

Travelers' Map is loading...
If you see this after your page is loaded completely, leafletJS files are missing.

Écrire un commentaire