La sortie des montagnes du Colorado me mène dans le désert du Wyoming. En à peine deux ou trois jours de marche, je me retrouve à devoir marcher de nuit, porter de grosses quantités d’eau, chercher chaque petit coin d’ombre, et faire de très grosses journées de marche pour rattraper tout le retard que j’ai pu accumuler jusqu’alors.

Jour 98 : mile 1519,5 – Encampment

Aujourd’hui, c’est journée de repos ! Les deux personnes qui nous ont permis de trouver un logement pour 2 nuits nous ont proposé de faire une lessive chez eux et d’avoir un petit-déjeuner préparé avec de la viande de wapiti qu’ils ont eux même chassé. On a eu le droit à une assiette assez exceptionnelle et vraiment délicieuse. Le reste de la journée était très calme. Quelques bières, un peu de billard, beaucoup de glace, une bonne sieste…

Petit déjeuner avec du gibier chassé et cuisiné maison

En milieux d’après midi, mes deux pieds ont commencé à gonfler. Sans raisons particulières. Les ibuprofènes, la glace, les chaussettes de compression et l’élévation de mes jambes n’ont eu qu’un effet minime. Je ne sais pas ce qu’il m’arrive mais ce n’est vraiment pas rassurant.

Jour 99 : mile 1530,9

Je me suis réveillé à 4h avec des pieds qui faisaient 150% de leur volume initial. C’était un peu douloureux et rien ne semblait réduire ce gonflement. En me levant vers 7h, c’était un peu mieux. J’ai préparé mes affaires et j’ai rejoint les autres au restaurant pour un dernier repas avant de reprendre la route.

Encampment au fond, Cool Whip en premier plan

On a fait du stop et un homme s’est proposé de nous déposé tous les six. Je suis donc monté dans le coffre pour un voyage très sympathique vers le sentier. De là, j’ai commencé à marcher en montée jusqu’au sommet où j’ai pris une petite pause. D’en haut, j’avais une belle vue sur Encampment et le désert alentour. C’est à peu près par là que le sentier de dirige.

Mes pieds étaient toujours gonflés, et j’avais pleins de petits boutons qui sortaient un peu partout. Ça ressemble vaguement à une allergie mais je n’arrive pas à identifier ce qui pourrait en être la cause. Dans le doute, j’ai pris un antihistaminique. Ça n’a pas fait beaucoup d’effet.

Alors que j’arrivais au niveau de la source d’eau à côté de laquelle j’allais dormir, je suis tombé nez à nez avec un porc-épic, en plein milieu du sentier. On s’est regardés, puis je l’ai suivi sur le sentier. Quand il est parti sur le côté, j’ai pu prendre quelques photos à 3m de lui à peine.

On s’est installés à 6 sur un seul emplacement en dormant à la belle étoile.

Jour 100 : mile 8,7 du détour de Sage Creek

Réveil à 5 heures pour cette centième journée. Nous étions tous agglutinés les uns sur les autres. J’ai passé une bonne nuit mais je ressens encore un peu de fatigue. Le sentier continue dans la forêt tout en perdant de l’altitude. Puis les arbres commencent à se raréfier. J’ai une première vue impressionnante sur les alentours, arides.

Lors de mon dernier jour sur le PCT, en 2016, j’ai eu l’occasion d’essayer pour la toute première fois des champignons magiques. Considérés comme stupériants depuis Nixon, Ils ne couchent pourtant aucune des cases qui définissent une drogue et sont même jugés comme bénéfiques par la population scientifique. Cette première expérience psychédélique m’a fait découvrir un monde que je ne connaissait pas, de la même manière qu’un microscope nous dévoile le monde de l’infiniment petit que nos yeux ne soupçonneraient jamais. J’ai découvert notamment la sensation d’interconnexion avec l’environnement et les synesthésies que des mots ne pourront jamais correctement décrire. Depuis, j’ai essayé dans différents environnements, toujours en quête d’aventure, de nouvelles expériences, d’émerveillement et d’ouverture sur le monde qui m’entoure. Le désert sous psychédéliques m’était encore inconnu, et j’estimais que c’était le jour parfait pour y remédier. J’ai ingéré 1,8gr de psylocibe cubensis secs et j’ai continué ma route en attendant les effets.

Découverte psychédélique du Grand Bassin

Arrivé sur un petit sommet, j’ai pu voir l’enchaînement de petites montées et descentes que j’allais suivre, descendant de plus en plus vers la sécheresse. J’ai commencé à le sentir léger, euphorique. Ma vision s’est d’abord un peu floutée avant de devenir bien plus nette et détaillée que d’habitude. Les couleurs sont devenues plus vives, plus profondes, plus variées. Je suis arrivé sur le troisième pic à partir duquel j’ai eu ma toute première vue sur le Grand Bassin, section parfaitement désertique que je m’apprête à traverser. Le contraste entre le jaune profond et les ombres du relief était époustouflant. La brume matinale rayonnait d’un cyan improbable. J’avais comme l’impression d’être sur une autre planète. Un paysage martien aux couleurs de science fiction. Le tout vibrant, ondulant et tournoyant légèrement. J’étais abasourdi par ce spectacle. Wildman est arrivé peu après et on s’est amusé à décrire ce que l’ont voyait en terme de couleurs.

En reprenant la marche, j’ai raté une intersection et je me suis retrouvé sur une petite route de terre qui longeait le sentier à quelques 300m de ce dernier. J’ai fini par retrouver ma route tout en m’émerveillant de cette sensation d’interconnexion avec les arbres, l’herbe… Mes sens étaient en éveil. J’étais sujet à différentes synesthésies, comme l’impression de voir le son et de goûter les couleurs.

J’ai campé quelque part au fond de la vallée

Pendant quelques heures, j’ai profité de ces sensations inexplicables, planant au dessus du sentier dans un petit monde en coton. Petit à petit, les effets de sont dissipés jusqu’à retourner à la normale lorsque j’ai atteint la dernière source d’eau avant un moment. Ça m’a laissé joyeux et en parfaite extase sur le monde qui m’entoure. C’est très occasionnel que je consomme, mais toujours bénéfique.

Je bois un bon litre d’eau, j’en emporte 4,5 autre et je me remet en route. La température augmentait considérablement. A 13h, j’ai atteint le tout dernier arbres d’une très longue section. Je me suis installé dessous pour une longue sieste jusqu’à 17h30. À partir de maintenant, je vais devoir marcher principalement le matin et le soir pour éviter les grosses chaleurs.

Wildman, Cool Whip et moi même commençons à marcher sur la route. Il n’y a presque aucune voiture, mais la seconde qui passe nous propose de l’eau. On était déjà bien chargés et qu’au début de la marche donc on a décliné l’offre.

On a vu un serpent et une antilope. On a profité d’un superbe coucher de soleil sur les nuages. C’était vraiment magique ! La température est restée assez haute mais c’était vraiment plaisant. La nuit est progressivement tombée, laissant apparaître le ciel étoilé. Un calme plat s’est installé.

J’ai passé une excellente journée. C’était ma meilleure journée sur le sentier ! Oui, c’était douloureux de marcher sur du bitume. Oui, je suis de retour dans le désert. Oui, je ne dors pas beaucoup, mais c’est un moment vraiment magique. Marcher dans le noir, sans utiliser de lampe et sans lune, sous une voie lactée claire comme de l’eau de roche, c’est indescriptible.

A 23h30, on est arrivé à la première water cache, toute neuve, dans laquelle on a trouvé de l’eau et des bières qui baignaient dans de la glace. Absolument parfait pour terminer une journée de 24 miles.

Jour 101 : mile 1600,9 – Rawlins

Début de journée à 4h30, autres qu’il faisait encore nuit noire. Je me suis réveillé de nombreuses fois pendant cette courte sieste et je voyais les éclairs éclairer les nuages au dessus de ma tête. Ce n’était pas très rassurant car nous étions tous en train de dormir à la belle étoile, mais il n’y a pas eu de pluie.

Une fois de plus, je marche en pleine nuit sans lumière et je profite du calme qui m’entoure pendant quelques heures. Puis le soleil vient pointer le bout de son nez laissant paraître de magnifiques couleurs. Il pleut au loin, mais les nuages s’éloignent de moi. Quand le soleil commence à taper fort, j’atteins la seconde water cache dans laquelle je ne trouve qu’une petite bouteille pleine. Je n’en ai pas immédiatement besoin donc je la laisse là et je continue ma route. Route qui suit de très longues et un peu vallonnées lignes droites dans ce vide désert. C’est étonnamment très plaisant et relaxant. Si seulement mes chaussures avaient un peu plus d’amorti, tout irait pour le mieux !

Vers 10h, il fait déjà 34 degrés. J’avais fait 12 miles et il ne m’en restait que 9 pour atteindre la 3 ème water cache à côté de laquelle j’avais prévu de camper. Je trouve sous la route un tuyeau d’évacuation des eaux. Il est suffisamment large pour que quelques personnes s’y installent. Alors je m’exécute. Quand je commence à manquer d’eau, je vais sur le bord de la route dès que j’entends une voiture et je montre ma bouteille vide. A chaque fois, le conducteur s’arrête et m’offre un peu de ce précieux breuvage.

Vers 15h, de gros nuages noirs apparaissent à l’horizon. Ce n’était pas rassurant donc j’ai repris la route. Je marchais presque aussi vite qu’eux, donc je suis resté au soleil par cette température de fou. Quand j’ai eu un peu de réseau, j’ai vérifié la météo. Ils prévoyaient des orages toute la nuit. Donc j’ai décidé de pousser jusqu’en ville.

Arrivé en ville, exténué, j’ai mangé un énorme menu de chez macdonald et j’ai rejoint le groupe dans un hôtel. On a dormi à 7 dans une chambre pour 3 personnes. Je vous laisse imaginer l’odeur ! Je me suis écroulé en quelques minutes à peine.

Wildman

Jour 102 : mile 1613,9

Après une excellente nuit de sommeil, je remarque que mes pieds ont enfin dégonflés. C’est rassurant ! Je vais faire mon ravitaillement, je passe à la poste récupérer mon niveau couteau et le ukulélé que j’ai décidé de porter à partir de maintenant, puis on se dirige vers un restaurant thaï. Vers 16h, on se remet en route le long d’une route pavée. C’est le début de la section la plus plate et l’une des plus aride de mon aventure. Le fameux Grand Bassin. Mon sac est abusément lourd. Entre le ukulele, les 4,5L d’eau et le surplus de nourriture que j’ai, je souffre !

Le sentier bifurque ensuite pour enseigner un peu de la route. Le vois quelques antilopes et beaucoup de vaches. Le sentier traverse de grands champs parfaitement vide, jusqu’à passer à côté d’un plan d’eau entouré de merdes de vaches. Pas le choix, c’est le dernier ravitaillement en eau pour les 16 prochains miles. J’ai des flashbacks du Nouveau-Mexique !

Je me couche à 22h15 sous un ciel étoilé époustouflant ! Demain, grosse journée, je devrai me réveiller vers 4h pour marcher à la fraîche jusqu’à la prochaine source.

Jour 103 : mile 1644,6

Début de journée à 4h30 sous les millions d’étoiles que cette nuit noire m’offre. Je suis obligé d’utiliser ma lampe pour me déplacer car je ne trouve pas le sentier. En fait, il n’y en a pas, et les marqueurs sont tous cassés. Je marche en regardant souvent mon gps pour m’assurer de ma position. Ça m’énerve vite et je bifurque vers la voie rapide que le sentier rejoignait un peu plus loin. Le long de cette route, il y a un petit plan d’eau dans lequel je pensais ravitailler pour le reste de la section. En m’en approchant, j’ai le droit à une odeur nauséabonde. Je préfère donc agiter ma bouteille le long de la route. Deux voitures s’arrêtent et me donne un total de 2L. Avec ça et les 2,5L qu’il me restent, je devrais être capable de traverser les 14 miles (22km) surexposés jusqu’au prochain ravitaillement.

J’entame cette première ligne parfaitement droite dans un désert où pas un seul coin d’ombre se fait voir. 10 miles (16km) de ligne droite. C’est long, il n’y a rien à voir, et la température augmente rapidement. Vers midi, et après 16,5km, j’atteins la source. La pompe est alimentée par un panneau solaire et va puiser de l’eau fraîche et claire sous terre. J’installe ma tente pour essayer de me cacher un peu du soleil et je somnole. Il fait presque 40 degrés à 2 heures. À 17 heure, je me remet en route sous un soleil de plomb. J’entame le début de la seconde ligne droite. 14 miles tout droits. Il n’y a pas grand chose à voir si ce n’est les antilopes, les cadavres de vaches et les plaines à perte de vues. Le ciel se couvre un peu lorsque le soleil commence à se coucher. Vers 23h, il commence à pleuvoir. Assez étonnant pour une section aussi sèche ! De nombreux passages sont dans du sable, ou sur des petits rochers, ce qui complique un peu la marche.

À minuit et demi, j’arrive finalement au plan d’eau qui me servira de ravitaillement. Je suis exténué. J’ai faire ma route première journée à +30 miles. 30,7 pour être exacte, soit 49km. Mes pieds sont en feu à cause de mes chaussures. Je suis tellement à bout de force que je ne tiens presque plus debout.

Jour 104 : mile 1667,8

La journée d’hier m’a tellement fatigué que j’ai décidé de dormir jusqu’à 6h. Je n’allais de toute façon par faire de nouveau 30 miles mais 23, pour arriver jusqu’à une source d’eau. Après 5h de sommeil, j’ouvre difficilement les yeux pour enfin admirer le réservoir d’eau à côté duquel j’ai dormi. Des tonnes d’eau en plein milieu de nul part.

Je commence à marcher jusqu’à me rendre compte que je suis en train de suivre la mauvaise route. Un détour de presque 1 mile au total. De nouveau sur le sentier, je marche sur du sable. J’essaie de zigzaguer et de trouver des sols un peu plus ferme mais ce n’est pas toujours possible. C’est vraiment fatiguant.

Désert, à perte de vue

La température augmente rapidement et vers 11h30, j’atteins un premier ravitaillement en eau. Je ne m’éternise pas car les mouches alentours me mordent jusqu’à en saigner. A 12h30, il fait si chaud que je décide de monter ma tente et de dormir dessous quelques heures, en attendant que la température redescende. Il n’y a pas d’eau du tout, donc j’en portais 4L, mais elle est chaude et ce n’est pas vraiment désaltérant.

Je reprend la marche à 17h. Je croise des cheveux sauvages, deux sources d’eau sèches, jusqu’à arriver à une troisième source qui coule. L’odeur laisse à désirer, mais je ne peux pas me permettre de faire le difficile.

Le sentier monte progressivement pour environ 600m de dénivelé positif. Au sommet, j’ai une vue surprenante sur la section que je viens de traverser, avec un superbe coucher de soleil. Je continue ma route jusqu’à devoir utiliser ma frontale. Me voilà à marcher tout seul dans le noir. À un moment, je tombe face à face devant 7 paires d’yeux. Je suis tétanisé ! J’augmente l’intensité de ma lampe pour découvrir des vaches en plein milieu du chemin. Je passe à côté, et je tombe sur un autre troupeau.

Mes pieds étaient extrêmement douloureux à la fin de la journée, et tout mon corps commence à me faire comprendre que j’ai besoin de repos. Ma cheville droite et en feu et j’ai 3 ampoules dont je n’arrive pas à me débarrasser depuis 4j, dont une entre deux orteils au pied gauche. Il me tarde d’arriver en ville, de faire une bonne douche, dormir une nuit complète dans un lit, manger et boire…

Jour 105 : mile 1690,6

Je me suis effondré de fatigue hier, si rapidement que je n’ai pas entendu les autres arriver au campement et s’installer à quelques mètres de moi. Après une bonne nuit, je me met en route à 6h. J’allais devoir marcher un peu plus sous le soleil mais j’avais grandement besoin de ce repos. Juste avant de partir, j’ai filtré 3L d’eau du petit étang juste à côté. Une eau chaude malgré la nuit, avec un délicieux goût de diarrhée bovine. J’avais des réflexes nauséeux à chaque gorgée, mais pas le choix.

Début de journée par une petite montée au sommet d’une colline puis je suis les crêtes pour passer de sommet en sommet. Je vois le sentier à perte de vue. C’est beau et calme, surtout avec les couleurs matinales, mais c’est complètement vide, désert. A tel point qu’il n’y a pas même un centimètre d’ombre naturelle sur plus de 50km. Alors que le soleil me brûlait les yeux et la peau, j’arrive au niveau d’une water cache qui faisait un peu d’ombre. J’ai bu. Énormément. C’était le seul ravitaillement en eau en 40km. Le petit groupe est arrivé au compte goutte et on s’est retrouvés à 7 à partager un tout petit coin d’ombre que produisait le panneau d’affichage. Toutes les 10 minutes, on devait se déplacer pour suivre le mouvement du soleil.

Il faisait une chaleur étouffante. C’était vraiment intenable. Quand quelques nuages sont arrivés, j’ai repris la route, vers 16h. Mais ils sont vite partis. En quelques minutes à peine, je commençais à avoir des gouttes de sueur qui coulaient sur mon visage. Mes paupières brulaient et l’air était presque irrespirable tant c’était chaud. À raison de nombreuses pauses, j’ai fini par atteindre (et non sans douleurs aux talons et tendons !) la source d’eau, vers 22h. J’ai monté ma tente car le ciel était menaçant et le vent s’était levé. J’ai filtré un peu d’eau qui avait étonnement un très bon goût malgré les centaines d’insectes morts qui y flottaient.

Jour 106 : mile 1714,8 – Lander

Dur de bien dormir quand le vent menace d’arracher ma tente toute la nuit. Je débute donc ma journée très fatigué. Encore un peu de montée avant de commencer à traverser d’immenses plaines en suivant de parfaites lignes droites. J’ai pu voir deux groupes de chevaux sauvages courir et emmerder les troupeaux de vaches, une bonne centaine d’antilopes, deux énormes wapiti, un serpent et de nombreux rapaces. Heureusement, car c’était vraiment vide comme paysage. Enfin… C’était avant d’arriver au sujet d’une petite colline à partir de laquelle je pouvais enfin apercevoir les impressionnantes montagnes du Cirque des Tours (Cirque of Towers) que j’atteindrai au bout de 2j de marche et qui signifient la fin du dernier désert de l’aventure.

Alors qu’il me restait 17,6 miles avant d’atteindre la ville, il a commencé à pleuvoir. Avec le vent, j’étais rapidement congelé. J’ai eu très peur de devoir revivre mon premier jour dans l’état du Wyoming, à devoir marcher 10h sous la pluie. Ça s’est finalement calmer. De temps en temps, quelques gouttes histoire de bien me garder au frais, mais rien de trop important. J’ai du mal à comprendre comment je pouvais avoir du mal a respirer hier à cause de la chaleur, alors que j’avais froid aujourd’hui…

J’ai pris une petite pause à l’abris du vent sous un pont. J’ai ravitaillé en eau et j’ai repris ma route. Mon corps était sérieusement en train de lâcher. Toutes les douleurs ressortaient. Mes muscles avaient même du mal à fonctionner correctement. Principalement à cause de la fatigue tant mon rythme de sommeil est foutu, mais aussi par les très grosses distances que j’ai parcouru en si peu de temps. J’ai beaucoup forcé sur les derniers miles. Beaucoup. En arrivant enfin à Atlantic City après 40km en 10h de marche, dont le dernière heure se fera sous la pluie, j’arrive à peine à tenir debout. La ville est complètement déserte. Si bien qu’aucune voiture ne circule. Cool Whip a réussi à avoir le contact d’un résident et a négocié pour qu’il nous dépose à Lander.

Les montagnes du Cirque des Tours

Arrivés au macdonald’s, on était tous en train de boiter. Je mange et je m’endors sur le canapé alors que j’étais en train de déguster ma glace. C’est dire le niveau de fatigue que j’ai atteint. On va ensuite à l’hôtel. Je lutte pour rester éveillé le temps d’une douche avant de m’écrouler, à bout de force et le corps endoloris, dans un lit que je ne quitterai pas une seule seconde pendant la nuit.

Comme un roi au McDonald’s

Jour 107 : mile 1714,8 – Lander

Je profite de cette journée de repos et d’avoir enfin pu dormir correctement pour compléter les précédentes journées. J’étais si fatigué et à bout de force chaque jour qu’écrire pour le blog était une petite torture que j’essayais de garder succinte.

J’ai été subjugué par cette traversée désertique. Subjugué par la beauté et la vastité de ces paysages désolés et parfaitement vide. Impressionné par les lignes parfaitement droites qui s’étendaient à perte de vue, par ces groupes d’animaux qui sortaient de nul part, par tous les cadavres qui se trouvaient le long du chemin, par la raréfaction de l’eau ou même de l’ombre. Je suis sur le cul d’avoir eu un changement aussi radicale de terrain, et c’est une section qui m’a physiquement et psychologiquement forcé à repousser mes limites. J’ai atteint des niveaux de souffrances physique j’allais égalés. De l’extase et de l’ennui en même temps. J’ai bu des eaux immondes, ressenti la soif. J’ai eu peur, j’ai senti de la confiance en moi. Un pêle-mêle chaotique d’un peu tout.

C’était une section vraiment intense et pour le moins incroyable. Un passage que j’ai souvent sous-estimé, tant en beauté qu’en difficulté. C’est désormais terminé. Je quitterai le désert après quelques miles de marche pour retrouver de belles montagnes. Quelle aventure…

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