Je continue mon aventure dans les montagnes du Colorado, découvre des paysages fabuleux et fait face à quelques difficultés. Mais je m’estime heureux de pouvoir toujours marcher malgré mes soucis de cheville. Je n’étais par contre pas prêt à l’intensité de cette section.
Jour 58-59-60-61 : mile 961,2 Lake City
Je me suis creusé les méninges en essayant de comprendre pourquoi mes douleurs aux chevilles sont revenu. J’en vient à deux possibles raisons; mes chaussures, et mes semelles. Les semelles ont été faites par un podologue. C’est du sur mesure, mais je remarque qu’elles ont vraiment très mal vieilli. Supposées pouvoir tenir 10 ans, elles sont déjà foutu après 3 mois d’utilisation. Une partie de la correction se détache, les matériaux sont fissurés, la mousse est complètement aplati… Mais le plus gros défaut dans tout ça, c’est probablement qu’elles ont tendance à glisser vers l’intérieur du pied, à tel point que mon petit orteil n’est même plus en contact avec elle. Mes chaussures, elles, ont une grosse semelle externe mais qui après à peine 150km, s’affaisse. Probablement trop molle, elle doit accentuer tous mes problèmes de position.
Je me décide donc à acheter de nouvelles chaussures, et à partir vers des grosses chaussures très européennes, qui montent au dessus de la cheville. Je n’aime absolument pas ça, c’est excessivement lourd sur les jambes, mais c’est mon seul espoir d’avoir du maintien au niveau des chevilles et une semelle rigide. J’en commande une paire sur Internet car le seul magasin de la ville n’en propose pas. Livraison dans 2 à 7 jours…
Je passe donc quelques journées en ville, à me reposer et à manger en grande quantité. Stallion arrive en ville, avec Jim. Wildman et Man O’ War se remettent en route lors du second jour.
Le vendredi, je prend une décision. Si mes chaussures n’arrivent pas le lendemain, soit 4j après la première date de livraison possible, je laisserai de l’argent à la poste et je leur demanderai d’envoyer mon colis dans la prochaine ville, dès qu’ils l’auront reçu. Ça ne m’enchante absolument pas de refaire une section avec ces chaussures, mais la poste est fermée le dimanche et le lundi. Il est hors de question que je passe à nouveau une semaine entière en ville. Je n’en peux déjà plus.
Jour 62 : mile 973,2
Nous sommes donc samedi. Stallion et Jim partent à 7h pour faire une journée d’eau moins 15 miles. Moi, je dois attendre l’ouverture de la poste à 11h. Je me retrouve donc à nouveau seul. Je n’ai pas vraiment le moral. D’autant plus qu’ils prévoient 2j de tempête. Me retrouver seul dans ces conditions et en étant blessé ne m’enchante pas du tout.
J’arrive à la poste, mon colis n’est toujours pas là. Je leur laisse de l’argent pour faire le nouvel envoi, je passe à la boulangerie acheter un bagel avec des oeufs, du fromage et du bacon, en espérant qu’il me redonne le moral ce soir, je répare mes semelles autant que possible, j’utilise du scotch double face pour les faire tenir au fond des chaussures, et je fais du stop. Un homme à bord d’une vieille voiture de 2002 me prend et me dépose sur le sentier. Il était adorable et connaissait toute la région. C’était intéressant !
Je commence à marcher, il est midi. Une montée particulièrement raide que j’arrive à faire en une petite heure avant d’arriver sur un immense plateau. Je voyais le mauvais temps arriver donc j’ai mis mon imperméable et j’ai bien fait car une demi heure plus tard, j’avais le droit à mes premières gouttes. C’étaient d’abord une très fine pluie mais qui s’est transformée en grosses gouttes et beaucoup de vent. J’avais trop froid aux mains pour utiliser mes bâtons de marche donc j’ai marché les mains dans les poches.
Après 1h de pluie le soleil revient. Je reprend un peu de hauteur et je vois la pluie s’abattre sur toutes les montagnes alentours. Je croise un randonneur qui va vers le sud. Ce dernier m’indique que Jim et Stallion sont au moins 10miles plus loin, sauf que j’en avait déjà fait 7. Je n’allais donc pas les rattraper.
J’arrive sous un grand soleil au niveau de l’endroit où j’avais prévu de dormir, après 9,6 miles de marche. En plein milieu du campement, quelqu’un a écrit avec des bous de bois « 2 miles north ». Étaient-ce Stallion et Jim qui m’indiquaient qu’ils n’allaient que 2 miles de plus ? Peu de chance. Mais il n’était que 16h, je pouvais donc encore marcher un peu. Dès que je ressentais la moindre douleur, je m’arrêtais pour faire quelques etirements. Le reste du temps, c’étaient des gènes plus qu’autre chose.
Le pluie est revenue quelques minutes avant de laisser place à un grand ciel bleu. J’ai entamé une montée beaucoup trop raide jusqu’au col de montagne. C’était plus raide que toute les sections que j’avais pu faire depuis le début du Colorado ! En haut, j’ai une belle vue sur les falaises environnantes. Puis je redescend dans la vallée. Entre quelques arbres, j’aperçois deux tentes. Stallion et Jim ! Le randonneur s’était complètement trompé sur les distances et c’étaient bien eux qui m’avaient laissé le message ! J’installe ma tente sous un grand soleil et je mange mon bagel qui libère une quantité hallucinante de sérotonine. Je fait mon dernier croc quand la pluie arrive à nouveau. Je saute au sec dans ma tente et je me prépare à dormir.
Sauf que c’est le déluge qui commence. Des rafales de vent monstrueuses et chaotiques viennent pousser ma tente dans tous les sens, arrachant mes sardines de terre. Il pleut averse avant que ça ne se transforme en grêle. Des éclairs commencent à fendre le ciel arrachant un puissant tonner qui raisonne de nombreuses secondes dans la vallée. Ils tombent à moins de 500m de moi. Le vent redouble encore de puissance écrasant la pluie sur ma tente dans un brouhaha intenables. Je tente tant bien que mal de tenir les paroies quand le vent vient défigurer mon habitacle mais ça change sans cesse de côté.
Après 2h intense de tempête, il ne reste plus que la pluie qui tombe à grosses gouttes. Il semblerait que les moussons aient commencés dans le Colorado. Je dois m’attendre à des tempêtes comme ça très régulièrement maintenant, si ce n’est quotidiennement.
Jour 63 : mile 987,9
Le genre de journée qui donne envie de tout arrêter.
Impossible de dormir avant 1h30 du matin. A chaque fois que je perdais conscience, j’arrêtais de respirer. Je devais sans cesse forcer sur la respiration tant j’étais en difficulté. Je gardais à peine mes yeux ouverts tant j’étais fatigué et à chaque fois, je suffocais. A ça s’ajoute le bordel autour de moi, l’arbre qui cède sous le vent à 50m de moi et qui fait trembler le sol, deux élans qui se mettent à crier au loin… A deux reprises, le vent a arraché mes sardines de terre.
Au réveil, mon sac de couchage est humide de condensation et ma tente est dégoulinante de pluie. J’attend une accalmie pour ranger tout ça et me lancer dans ce qui s’apprête à être ma pire journée, tout trail confondu. Départ sous une five pluie qui dégénère vite en grosses gouttes. Le vent se lève, une fois de plus et les projette sur mon visage. Ils avaient prévu 4 degrés à 3000m. Je suis à 3600m en train de monter vers les 4000m. La pluie devient grêle. Le vent augmente au plus je monte et je suis désormais congelé. Je n’avais jamais eu ce genre de froid. Je ne sens plus mes jambes tant elles ont été brûlé par le gèle. Je peine à bouger mes genoux qui se bloquent petit à petit.
Je suis en plein dans un nuage, j’ai excessivement froid. La moitié de mon visage, exposée au froid, s’engourdi et devient douloureuse. La grêle devient de la neige. De très gros flocons projetés à plus de 80km/h, qui remontent la pente jusqu’à s’écraser en grand nombre sur mon visage endoloris. Je ne vois pas à plus de 20m de moi.
Mes mains commencent progressivement à geler dans mes gants que même la couche imperméable n’arrive pas à prévenir l’eau glaciale des flocons de s’infiltrer. J’arrive au premier col et je prend aucune pause. Je redescend un peu dans la vallée, légèrement à l’abris du vent. Mon pantalon est imbibé d’eau gelée.
Début de la seconde montée, et rebelote. Exposition au vent à nouveau, mes jambes gèlent. Mes doigts commencent à suivre le même chemin. Ainsi que mes orteils. Et mes oreilles, et mon nez. Mes mains deviennent si froides que j’abandonne les doigts des gants pour serrer mes poings. Je ne peux plus utiliser mes bâtons de marche. Je les accroche à mon sac et je redescend dans la vallée, mais le vent ne se calme pas, et la neige redevient pluie. L’absolue totalité de mon corps est désormais dégoulinant d’eau. Le moindre coup de vent et je perd les quelques degrés auxquels mon corps s’attache.
Je passe enfin sous les nuages mais pour ne pas voir grand chose si ce n’est le pied du tout premier « fourteener », que je ne pourrai pas gravir en raison de la situation. Ils appellent « fourteener » les montagnes de plus de 14000ft (+4260m d’altitude). C’est l’un des plus facile et il est juste à côté du sentier mais les conditions météo sont telles qu’il n’est même pas envisageable de le faire.
Montée vers le dernier col encore pire que les deux premiers. Mélange de grêle et de neige dans un vent absolument terrible ! Mon corps est parfaitement congelé. J’arrive à sentir le peu de chaleur qu’il reste juste au niveau de mon ventre. Tout le reste n’est qu’extreme froid. La neige s’abat sur moi avec une telle force… Le vent me frigorifie, je commence à dangereusement trembler. De temps en temps, mes jambes se bloquent.
Redescente dans la vallée dans les mêmes conditions. Je patauge dans l’eau de mes chaussures. J’essaie d’activer chacun de mes muscles aux exterminés pour les réchauffer mais rien n’y fait. La douleur à mes mains devient insupportable ! Je n’arrive presque plus à bouger mes doigts. C’était pour moi l’élément déclencheur du mode survie. Je me sentais désormais en réel danger.
Mes mains étant déjà trempées, j’ai pissé dessus pour les réchauffer. C’était brulant, me lançant d’atroces douleurs, mais c’était une bonne chose sur le long terme. J’ai voulu sortir ma couverture de survie mais je n’ai pas réussi à ouvrir les clips de mon sac pour y accéder. J’ai couru quelques mètres par ci par là, forcant que les douleurs aux tendons, pour essayer de me réchauffer. J’ai mangé 3 barres d’affilées en arrachant les emballages avec mes dents. J’étais à bout. L’eau dans ma barbe gèle.
Quand j’ai suffisamment perdu de hauteur, le vent s’est légèrement calmé, puis j’étais un peu abrité des arbres qui craquaient autour de moi. Je n’avais qu’un objectif : faire les 14,7 miles qui me séparaient de toilettes sèches publiques dans lesquelles je pourrai m’abriter, me changer et me nourrir de repas chauds.
La pluie s’est calmée, laissant parfois apparaître un semblant de soleil pendant une dizaine de secondes dont j’absorbais chaque UV en quête d’un once de chaleur. J’étais à bout de force quand j’ai croisé Stallion dans un état tout aussi calamiteux que le mien. Il tentait de s’abriter des gouttes sous son tarp maintenu de quelques pierres. Je me suis joint à lui et nous avons tremblé pendant une demi heure. Quand je lui ai demandé combien de route il restait, je m’attendais à 2 miles. Il m’a annoncé qu’il en restait 6. J’ai senti en moi quelque chose s’arracher. C’était mon bonheur. J’étais plongé dans une immense douleur. Tant physique, par les conditions et les presque 15km que j’avais fait sans pause, que mentale, par l’intensité de la situation et l’omnipresence d’inconfort.
Pas une seule seconde de joie, de bonheur, ou de calme. J’ai souffert pendant les 8h de marche qu’il m’a fallu pour rejoindre ces toilettes dégueulasses. La pluie s’est arrêtée, laissant place à un chaud soleil. J’ai monté ma tente encore trempée de la veille. En ouvrant mon sac, je me suis rendu compte qu’il n’est pas imperméable alors que vendu comme tel. L’absolue totalité de mon corps et de mon matériel est trempé. J’étale tout, je m’allonge, et je gise, meurtri par la situation. Quand la pluie me fait reprendre mes esprits.
Tout mon matériel était déjà trempé donc je n’ai même pas daigné tout mettre à l’abris. J’ai attendu la prochaine accalmie qui durera suffisamment de temps pour sécher mes affaires. Je range tout dans ma tente, je mange 1700kcal de repas, barres et Nutella, je bois 3 chocolats chauds, et je m’écroule dans un sommeil de plomb. Il était 15h. Je réouvre les yeux vers 18h, réveillé par une enième pluie. Jim et Bass ont réussi à atteindre le campement. Ils sont eux aussi au bout du bout. Je n’ai pu prendre que très peu de photos car mon téléphone ne réagissait ni à mes doigts, ni à mon nez, dépourvus de sang. Quand je pense qu’au même moment, c’est la canicule en France avec 40 degré, je suis sur le point de craquer.
C’est le genre de journée qui donne envie de tout claquer. Mais on n’abandonne jamais sur une mauvaise journée. Ce sont ce genre de moments qui nous font apprécier encore plus les meilleurs. Ils rappellent aussi qu’il faut rester humble face à la nature car aussi belle qu’elle soit, elle peut être impardonnable.
Jour 64 : mile 1007
La sieste de 3h et ma nuit de 10h ont assurément fait du bien, tant à mon corps qu’à mon esprit ! Et me réveiller avec un magnifique ciel bleu et quelques nuages illuminés des premiers rayons de soleil y est sans doute aussi pour quelque chose.
Début de journée sur un sentier très légèrement vallonné avec principalement de la descente. Il longe une rivière sur de nombreux miles. Cette dernière est vraiment belle, se scindant en plusieurs rivières à plusieurs reprises. Il y a aussi pas mal de barrages de castors. C’est un lieu parfait pour rencontrer des élans. D’ailleurs, depuis plusieurs jours, de nombreuses personnes juste devant ou juste derrière moi affirment avoir vu des élans. Je n’en ai toujours pas vu, mais je suis très impatient ! D’ailleurs, ce matin, un homme qui marchait vers le sud m’a assuré qu’il y avait un élan 300m plus loin.
J’étais tout excité ! J’ai marché sans faire de bruits, et sans même utiliser mes bâtons. Quans je suis arrivé au sois disant lieu, je n’ai rien vu. J’étais une fois de plus déçu. Je vois régulièrement des empreintes d’élans, mais jamais ces derniers ! Je commençais à me dire que c’étaient peut être les Dahu d’Europe.
Au fond de la vallée, le sentier commence à remonter. Je m’installe légèrement en hauteur pour boire de l’eau et faire quelques etirements, tout en profitant de la vue de cette belle rivière, quand j’aperçois au loin, dans l’eau, une sorte de tâche marron qui se défait du paysage. Quelques secondes plus tard et… Ça bouge ! L’animal se met de profil et je me rend compte que c’est un élan ! Le tout premier que je vois de ma vie, à une distance raisonnable pour l’observer sans pour autant être en danger. Quel bonheur !
J’étais si heureux que j’ai gravi la colline en quelques minutes à peine ! Le sentier traversait de magnifiques forêts de bouleaux et de grandes plaines vides. Puis il s’est enfoncé dans un paysage proche du Nouveau-Mexique. Des plaines assez aride à perte de vue, beaucoup de chaleur, pas d’ombre et une route de terre à suivre sur de nombreux kilomètres. L’eau devenait aussi un problème. Il n’y avait que peu de ravitaillements et ils étaient parfois assez douteux. J’ai voulu filtrer l’eau par précaution mais je me suis rendu compte que j’ai perdu la pièce qui permet l’étanchéité du filtre le rendant inutilisable.
J’atteins finalement le marqueur indiquant le mile 1000. Je n’en ai pas fait 1000 officiellement à cause des feux du Nouveau-Mexique et des détours comme la rivière Gila, mais j’estime à au moins 700 miles (1120km) la distance parcourue, ce qui est déjà impressionnant. Encore 2x cette distance et je serai au Canada ! Si mes chevilles le veulent bien. Car les douleurs étaient assez importantes aujourd’hui. Je n’ai trouvé que le soir l’étirement parfait. J’ai aussi fait un massage transversale sur les tendons pour essayer de les détendre un peu.
2 miles avant le campement, je prend 4,5 litres d’eau pour préparer mon repas et tenir la nuit. J’aurai marché 19,1 miles aujourd’hui, ma plus longue journée depuis ma reprise. J’ai pas mal de courbatures à cause de la veille, mais j’ai beaucoup apprécié cette journée. J’ai aussi préparé mon premier « Chilimash », un mélange de chili avec ajout d’oignons et de fèves, dans lequel je met de la purée de pommes de terre. C’était délicieux mais manquait juste d’un peu de sel. Je le sais pour la prochaine fois.
Jour 65 : mile 1026,6
Encore une très grosse journée ! Départ avec les premiers rayons de soleil jusqu’à atteindre une route forestière qui monte légèrement pendant quelques miles. C’était vraiment plaisant de marcher entre ces pins dont j’adore l’odeur. La météo prévoyait une tempête mais que n’est ni, il y avait un grand soleil.
J’étais dans la forêt pendant toute la journée, ce qui n’aide pas pour avoir de belles vues. En milieu de matinée, j’arrive à mon dernier ravitaillement en eau avant une section de 10 miles. Le sentier monte rapidement en altitude, sur des pentes beaucoup trop raide, d’où l’absence d’eau. Porter un sac avec 5L d’eau sur ces montées, tout en étant régulièrement exposé au soleil entre les arbres, n’a pas rendu la tâche facile. Jim, lui, commence à en avoir un peu raz le bol de ces montées et descentes inutiles.
J’ai atteint une route à partir de laquelle il est possible de faire du stop pour atteindre Gunnison, mais ce n’est pas une ville que je prévoyais de visiter. J’ai continué ma route. Encore 2 à 3 jours avant que j’atteingne Salida, mon prochain ravitaillement.
Après 17,5 miles de marche, j’arrive à la petite source dans laquelle je peux ravitailler 5 autres litres d’eau pour la prochaine section tout aussi sèche. Stallion et Jim sont arrivés et, bien que nous avions prévu de dormir là, Stallion est devenu fou à cause des moustiques. Là où le vent me rend taré, les moustiques ont le même effet sur lui. Il s’est donc remis en route pour faire 0.4 miles. Sauf que… Ça c’est terminé en 2 miles de plus pour un total de 19,5 avec 1400m de dénivelé positif ! Une belle montée qui m’a donné une superbe vue sur la chaîne de montagne que j’ai traversée toute la journée m’a été offerte juste avant d’atteindre le campement. J’ai même pu sympathiser avec une famille de 3 chevreuils.
Jour 66 : mile 1048
Une grosse journée de 21,4 miles avec 1100m de D+ ! La nuit était peu reposante car j’ai eu des sueurs froides sans raison apparentes, mais la journée était vraiment géniale !
Tout d’abord, je dois avouer ne pas avoir eu de douleurs aux tendons de toute la journée ! Une première depuis bien longtemps. J’ai par contre eu pas mal de douleurs à la cheville gauche. C’est d’habitude la droite qui se manifeste mais pas aujourd’hui. J’ai fait un peu plus de pauses, d’étirements, de massages et j’ai mis de la crème de CBD dessus pour calmer les douleurs.
Le sentier traversait exclusivement des forêts aujourd’hui. Beaucoup de petits montées puis de petites descentes, tantôt entouré de pins, tantôt de bouleaux. Les forêts étaient assez jeunes, tous les arbres étaient de petite taille. Avec la luminosité du ciel gris et la fraîcheur, c’était vraiment très plaisant à voir ! Le vent faisait grincer les arbres et avec tous les arbres morts qui formaient un tunnel au dessus du sentier, on aurait pu se croire dans un film d’horreur.
C’était vraiment sympa cette ambiance et cette section en elle même. Certaines montées étaient une fois de plus bien trop raides, mais quand la forêt s’est ouverte au sommet, j’ai eu le droit à un paysage grandiose ! Le contraste entre les grandes montagnes dénudées et la vallée pleine de pins a su ravir mes yeux.
Mon repas du soir par contre, un peu trop épicé, n’a pas ravi mon intestin. Merci l’imodium ! Je mange d’ailleurs de plus en plus. Je dois faire la grosse commission 2 à 3 fois par jours maintenant. Et j’ai aussi consommé toute ma nourriture en 5 jours alors que je prévoyais 6,5 jours de marche. Il ne me reste qu’une seule barre de céréales pour demain matin. Environ 13 miles pour arriver en ville et me goinfrer de Macdonald. J’ai hâte !
Le ciel était menaçant toute la journée mais si ce n’est les trois gouttes qui sont tombé pendant la journée et la fine pluie qu’on a eu juste après avoir planté nos tentes, nous n’avons rien eu !
Jour 67 : mile 1060,7 – Salida
Je n’ai pas dormi de la nuit. Entre la pluie, l’inclinaison de la tente et les monticules de terre sous mon tapis de sol étaient vraiment trop inconfortables. Je me met en route en ayant en tête le macdonald qui m’attend en ville. J’ai une dernière barre de céréales que je mange en cours de route. Ma tente est trempée et augmente considérablement le poids de mon sac.
À peine 200m de marche et je découvre un paysage incroyable avec des montagnes pleines de nuages éclairées par le lever de soleil.
Deux montées à faire sur la journée pour un total de 1000m de D+. La première était assez longue et raide mais passait au dessus de la hauteur à laquelle les arbres poussent. Ça m’a donné des vues à couper le souffle. Ces derniers jours, c’étaient plus des collines que des montagnes, mais je suis de nouveau dans les hautes montagnes !
Entre les deux montées, je suis passé à côté d’une plaine dans laquelle se baladaient deux élans. Il suffit d’en voir un pour en voir plein !
Il y avait pas mal de motocross et de VTT sur le sentier aujourd’hui ce qui était un peu énervant. Mais les vues ont clairement apaisé l’esprit ! Mes chevilles ont par contre rapidement fait mal. Vraiment mal. Les trois dernières grosses journées et la mauvaise nuit n’ont sans doutes pas aidé.
Après beaucoup de douleurs et d’impatience, j’arrive à Monarch Pass où je fais du stop. Je suis déposé devant le macdo et je m’empifre d’un gros repas que je complète par une glace. Je passerai la nuit à un hostel géré par un couple de randonneurs qui ont fait le PCT en 2015. J’ai pu faire une bonne douche avec vue sur les montagnes. Le soir, on a regardé un film tous ensemble dans le salon en mangeant du popcorn.
Le sentier est bien plus compliqué que le PCT, et plus exigeant que je ne l’imaginais. Mais c’est vraiment magnifique, et ca en vaut le coup. Mes jambes commencent à vraiment prendre le pli. J’espère juste que mes nouvelles chaussures aident mes chevilles à faire de même.
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