Dernière section complète de l’aventure, la 100 miles Wilderness va me permettre de retrouver un rythme de croisière bien plus intéressant. C’est aussi une section pleine de lacs et les plus belles vues sur Katahdin, la fin de l’aventure.

Jour 159 : mile 2102,9

J’ai passé une excellente nuit dans l’auberge de jeunesse. J’ai pu profiter d’un bon petit déjeuner puis j’ai fait mon ravitaillement. L’auberge de jeunesse propose de livrer de la nourriture à la moitié de la section, afin d’éviter de porter 6 jours d’un coup. Pour faire ça, on partage deux seaux pour 5 personnes qu’on rempli à raz bord. On sera livré dans 3 jours.

La section qu’on allait commencer est la fameuse « 100 miles wilderness », une section de 100 miles très éloignée de toute ville. Il est préconisé de prendre 10 jours de nourriture quand on est débutant en rando. On prévoit de la faire en 5. Malheureusement, il y a 3 rivières à passer aujourd’hui, et leur niveau est historique. Des conditions qui n’ont pas été vues depuis plus de 100 ans d’après l’Appalachian Trail Conservancy. On opte donc sur un détour sur une route, de la même distance, pour en éviter deux.

La route était sympa, pas trop empruntée. J’ai d’ailleurs eu 3 fois de la trail magic ! Des sodas, bières et barres chocolatées. Quand le sentier a bifurqué sur un chemin de gravier, c’était immédiatement le retour des inondations et des moustiques. Après une bonne heure, j’ai rejoint le sentier officiel où j’ai fait la fameuse troisième traversée. L’eau était un peu plus haute que mes hanches et le courant était très puissant. J’ai eu un peu de mal mais j’ai réussi à traverser ce cours d’eau. Juste après, le fameux marqueur indiquant qu’il reste 100 miles.

J’ai marché sur la longue montée jusqu’au sommet de Barren, l’une des dernière montagne de l’aventure. C’était un peu raide, mais la vue au sommet était juste époustouflante. J’ai même pu profiter de quelques vautours qui volaient à hauteur de mes yeux.

Un peu plus loin, c’était le sommet officiel avec des vestiges d’une tour de guet. De même, une incroyable vue. Malheureusement , le sommet du mont Katahdin était caché par une autre montagne.

L’heure suivante, j’ai rejoins un abri un peu loin du sentier, mais qui me permettra de rester au sec pendant les pluies de cette nuit. Je suis a côté d’un étang par contre, et les moustiques sont voraces. Je suis contraint de monter ma tente dans l’abri et d’utiliser du scotch pour fermer la moustiquaire.

Jour 160 Pluie 42 : mile 2124,5

Il a beaucoup plu cette nuit. Ça, et un bel orage histoire de mettre l’ambiance et d’inonder à nouveau le sentier. Je ne suis plus à ça près maintenant… J’ai dormi dans ma tente dans l’abri avec toile imperméable sur la moitié de la tente pour empêcher les moustiques de rentrer. J’étais bien au sec et je ne me faisais pas manger, un bonheur !

Je commence ma journée sous une légère pluie qui s’arrêtera lorsque je rentrerai dans les nuages au sommet de la colline. Alors que je marchais dans la forêt, je suis tombé sur les restes d’un crash d’avion. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais ça remonte à quelques années. Un peu plus loin, je n’ai pas su résister à la tentation de me gaver de myrtilles. Le soleil a d’ailleurs pointé le bout de son nez, pas mal pour le moral !

J’ai continué, fait deux ascensions de montagne, traversé une rivière dont l’eau ne m’arrivait qu’aux genoux, puis j’ai traversé une section assez plate dans une zone protégée. Elle abrite de vieux arbres et de nombreuse variétés de mousses. De là, le sentier entame une longue montée très progressive. Ça fait beaucoup de bien de pouvoir maintenir un bon rythme même en montée. Je suis tout de même un peu ralenti par le retour de la pluie et par toute la boue.

Je fais une petite pause dans l’abri qui se trouve juste avant le sommet de Gulf Hagas, la première montagne. Juste assez pour prendre un peu de caféine, deux barres et un peu d’eau. Et me voilà reparti pour 3 sommets de montagne, avec un total de 700m de dénivelé positif.

C’est long et je fatigue sérieusement, mais je n’ai pas trop le choix que de pousser jusqu’au campement que j’avais prévu. Je vais devoir faire les 18 miles qui me séparent d’une route, avant 15h demain, pour pouvoir récupérer mon ravitaillement de nourriture. Je vais devoir me lever tôt pour ça du coup…

J’ai fait une très grosse journée aujourd’hui, avec peu de pauses. Presque 2000m de dénivelé positif pour 36km. Je suis exténué, mais je sais que les 4 prochains jours seront intensifs avant d’enfin pouvoir souffler un grand coup.

Jour 161 : mile 2146,7

Départ à 4h30 comme prévu, à la lumière de la frontale, en plein brouillard. Il a un peu plu la nuit dernière mais pas autant que les prévisions. Par contre il fait bien froid ce matin ! Entre le vent, les nuages et les vêtements humides, il y a de quoi rapidement tomber en hypothermie si on ne fait pas attention !

J’ai une première petite montée jusqu’au sommet de White Cap, puis un passage sur des éboulis avant de redescendre. Une longue descente, un peu raide au départ, puis de plus en plus progressive. C’était ensuite une longue section presque parfaitement plate. Un bonheur. Le soleil s’est aussi installé, ramenant les moustiques pour gâcher un peu le moment.

J’ai marché vite et de manière continue car je devais faire 18 miles avant 15h, soit une journée complète. Ce n’était pas facile, surtout lorsque j’ai eu un gros coup de fatigue, mais j’ai réussi. J’ai pu récupérer mon ravitaillement et boire deux Canada Dry bien frais. Puis j’ai continué ma route jusqu’à un campement un peu plus loin.

Sur la journée, je suis passé à côté de trois étangs dont deux dans lesquels je me suis baigné. C’était froid mais ça faisait un bien fou au corps. Et les monts alentour avec les différentes couches de nuage étaient magnifiques.

Jour 162 : mile 2171,9

Départ à 6h30 dans un nuage de moustiques, mais par un beau soleil. Le sentier continue le long plat de la veille. J’ai les jambes un peu lourdes mais j’arrive tout de même à faire les 13 premiers miles en 4 heures. Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas marché à cette allure. J’ai d’ailleurs sur la route eu une impressionnante vue sur le mont Katahdin lorsque j’ai longé un lac.

Je fais une pause dans l’abri et j’attend un peu car le ciel s’est assombri et il menaçait de pleuvoir. Néanmoins ça n’est jamais arrivé donc j’ai repris ma route. J’ai eu une première montée assez douce, puis une seconde un peu plus raide et longue. Au sommet de cette dernière, une belle vue sur les lacs et sur la montagne dont le sommet était dans les nuages. De là, c’était reparti pour une belle descente un et long plat dans des sous-bois couverts de mousses. C’était vraiment magnifique !

La fin de journée, j’ai fait une petite montée pour un faux plat ascendant et couvert de boue jusqu’à arriver à un campement au bord de l’eau. Les moustiques étaient horribles mais la vue était vraiment très belle. J’ai profité du lac, dont l’eau était parfaitement claire, pour me baigner. J’étais parfaitement nu, debout avec l’eau qui m’arrivait jusqu’au menton, face à ces belles montagnes et ce calme. C’était un moment vraiment magique.

La météo était plutôt bonne alors qu’ils avaient prévu un peu de pluie. Certaines zones du sentier avaient effectivement vu de l’eau mais avant mon passage. C’était une très grosse journée en terme de distance. Demain, j’en aurai une bien plus courte et ce sera ma dernière journée complète pour cette aventure.

Jour 163 Pluie 43 : mile 2193,2

J’étais beaucoup trop excité à l’idée de faire ma dernière journée complète sur le sentier. Et j’étais aussi fort angoissé à propos du système de permis du parc de Baxter. A 4h, j’avais les yeux grands ouverts et il m’était impossible de me rendormir, donc j’ai pris la route, sous une fine pluie.

Tout comme la veille, c’était principalement des faux plats, parfois ascendants, parfois descendants. Le sentier était très simple et j’arrivais à faire un bon 5km/h, traversant les forêts et longeant les lacs. J’ai eu une petite montée qui m’a permis de passer un appel avec le peu de réseau qui m’était offert. J’ai appelé le parc pour essayer de réserver un campement, mais il n’était pas encore ouvert. Pour vous expliquer le système des permis : pour se rapprocher un maximum du sommet et éviter de devoir faire une grosse journée, on essaye tous de dormir dans le campement des Birches, ou dans celui de Katahdin Stream. Ce dernier est en général complément réservé dès le début d’année et vu l’impossibilité de prévoir à 2 semaines près sur ce genre de rando, il nous est impossible de prendre un emplacement. Pour ce qui est du campement des Birches, seuls 12 personnes sont autorisés à y passer la nuit chaque jour. Lorsque la météo n’est pas clémente la veille ou le lendemain, tout le monde veut monter le même jour, même ceux qui n’ont marché que quelques jours sur le sentier. Pour avoir ces emplacements, ce sont les premiers arrivés les premiers servi. Vous imaginez bien la compétition que ça créer.

Je continue ma route, traversant notamment un mile bondé de moustiques, avant d’arriver au pont qui marque la fin de la section. De là, j’ai une très belle vue sur le mont. Il y a aussi un magasin dans lequel je mange deux glaces et quelques sodas en attendant le reste du groupe. Je n’avais toujours nul part ou dormir. Quand Timber arrive, c’est avec une excellente nouvelle : il a réussi à réserver l’emplacement handicapé du campement de Katahdin Stream. Ce dernier est toujours laissé vide pour permettre à une personne à mobilité réduite de venir dans le parc sans réservation, mais quand il n’est pas occupé, le parc le propose aux randonneurs. C’est un gros soulagement. Au même moment, la mère de Squirrel arrive avec un van. Elle nous emmène en ville pour qu’on puisse se goinfrer d’un McDo puis nous redépose.

Au campement, on est tout excité d’être au pied de cette montagne. Il se remet à pleuvoir donc on ne s’éternise pas et on saute dans nos tentes respectives.

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