En prévision d’un projet bien plus gros, mais qui va me demander quelques années de préparation, j’ai fait un stage d’initiation au parapente. Avec mon expérience en parachutisme et un stage de speedriding, j’aurai pu apprendre de moi même, mais passer par une école m’a permis de faire mes premiers vols en toute sécurité et de prendre les bons réflexes.

Préparation

J’ai fait un covid il y a un mois, qui s’est transformé en céphalées de tensions. Les migraines étaient si intenses par moments que j’ai passé une nuit aux urgences. Le cause reste incertaine, mais les symptômes sont assez violents et persistent. À cela s’ajoute une certaine pression au travail, un surmenage (4 jours de congés en 1 an), et une fatigue chronique. Le combo parfait pour un craquage. J’avais besoin de repos et de prendre un peu de temps pour moi; quoi de mieux que de réaliser un rêve, et la première étape d’un projet bien plus gros ?

A 1 semaine et demi du stage, j’ai envoyé un message à Thibault, un ancien collègue de Decathlon avec qui j’avais parlé de parapente et qui rêvait d’essayer. Et nous voilà en route pour Gérardmer, en passant par le Luxembourg. Pour limiter les frais et pour une déconnexion totale, on avait trouvé un coin qui semblait pas mal pour camper grâce au site Park4Night. On était encore plus ravi quand, une fois sur place, on s’est rendu compte que c’était à 3 minutes en voiture du club de parapente ! On a fait une petite balade en ville et un peu de marche le long du lac, puis on est montés au spot de camping à 1000m d’altitude.

La nuit n’était pas terrible; ma tête me faisait mal malgré le traitement, et j’avais un peu le mal de l’altitude, avec le coeur qui battait la chamade au repos. J’ai tout de même fini par m’endormir tout en me réveillant toutes les heures ou 2.

Jour 1 : pente école

La piste rouge

On arrive au club pour 8h, on rencontre Téo notre moniteur, et les 4 autres inscrits à la formation. Il nous donne notre matériel : une sellette, une voile, une radio et un casque, et on se met à monter le long d’une piste rouge de ski. Un peu avant la mi-hauteur, on s’installe au milieu et il nous explique comment préparer la voile, puis l’accrocher à la sellette. Puis on allume nos radios et il nous explique la position de départ et le mouvement à avoir pour gonfler la voile, la caler au-dessus de nous, et la descente en courant tout en maîtrisant la trajectoire. On passe chacun notre tour, il nous guide à la radio pour corriger notre position, et nous fait un petit debriefing une fois que la voile est au sol. Et on remonte, pour recommencer.

Mon premier essai se passe plutôt bien, je retrouve un peu les sensations d’une voile de parachute, même si les voiles sont bien plus sensibles en parapente. Pour le moment, pas de décollage à plus de quelques centimètres du sol; le but étant vraiment de travailler le gonflage, la préparation de la voile, et son contrôle.

En milieu de matinée, le vent se lève légèrement. Gonfler la voile devient beaucoup plus simple et rapide : quelques pas tonic suffisent à la faire monter, nous bloquant sur place voir reculant lorsque le vent est un peu trop soutenu. Ca nous permet aussi de faire nos quelques premières secondes de vol, toujours proche du sol.

L’un de mes essais se termine par la voile qui passe devant moi car je manquais un peu de frein. En retombant au sol, elle s’emmêle un peu. Un bon casse-tête lorsque l’on prépare le prochain essai ! Mais je fini par m’en sortir. Vers midi, on s’arrête, on range le matériel et on va faire un peu de théorie. On a fait une bonne dizaine de descente chacun, et on est tous déjà lessivés ! Entre la descente en courant, et remonter tout le matériel à pied, ça use !

Les après midi sont libres et c’est tant mieux, ça nous permet de souffler et de nous détendre. Pour se remettre de nos émotions, quoi de mieux qu’un kébab et une sieste à l’ombre au bord de l’eau ? Ensuite, un passage sur le marché pour acheter quelques saucissons, un ravitaillement, et retour au campement ! On range nos affaires tous les matins pour tout remettre le soir mais avec une tente 2s, c’est vite fait. Avant de faire notre campement, on a fait une balade de 5km dans la forêt alentour, suivant une boucle de ski de fond.

C’était une très bonne première journée, et je sens en me couchant que des courbatures arrivent déjà ! Beaucoup de fatigue… En espérant que la nuit soit meilleure que la précédente.

Jour 2 : piloter la voile

Deuxième journée sur la piste école. Nous n’utilisons pas la même piste de ski car le vent est un peu plus soutenu et a changé de cap. Au lieu de la piste rouge, on se retrouve sur une piste bleue bien moins inclinée mais beaucoup plus longue. L’objectif des premiers essais, c’est de retravailler le gonflage et la temporisation pour que la voile se cale bien au-dessus de nous. Mon premier essai se passe plutôt bien ! Le second, pas du tout ! Le gonflage n’est pas uniforme en raison d’une mauvaise préparation et d’un petit coup de vent de dos. À pleine vitesse de course, la partie gauche de ma voile se referme et me voilà à rouler au sol ! Rien de bien douloureux. Je reprend mon matériel et je le prépare pour le prochain essai qui était bien mieux.

La piste bleue

Comme on s’en sortait bien, on est passé sur un nouvel entrainement : plutôt que de juste faire une ligne droite, on devait maintenant s’entraîner à faire quelques virages une fois la voile stabilisée. Ce n’était vraiment pas facile car pour la maintenir bien gonflée et réactive, il fallait courir, vite. La piste étant bien plus longue que celle d’hier, on courait, encore et encore. Je voyais par contre des progrès dans mon pilotage. J’ai même demandé à Théo de ne pas m’indiquer à la radio le timing pour faire la temporisation, histoire de voir si j’avais trouvé le bon moment et les bonnes sensations. Dès le premier essai, j’ai réussi !

Thibault et Théo

Monter, et descendre à toute allure cette longue pente, ca nous a rincés. On était vraiment tous à bout de nos forces à la fin de la matinée, avec une bonne quinzaine d’essais par personne. Mais le cours n’était pas fini : après le pliage, on est tous passés sur un portique. C’est une sellette en suspension, qui nous a permis d’apprendre et de s’entraîner à s’asseoir et se relever de la sellette en plein vol. Ca nous sera utile dès jeudi pour notre premier grand vol.

Colmar

Le reste de la journée, Thibault et moi l’avons passé à Colmar pour fêter son anniversaire et visiter la ville. Il faisait chaud, et nous étions courbaturés, mais on a tout de même réussi à faire un bon tour avant de nous poser en terrasse d’un bar.

On était de retour sur Gerardmer aux alentours de 23h. On monte notre campement à la frontale et on s’allonge pour une bonne nuit. Manque de pot, je n’arrive pas à m’endormir. Il faisait chaud, et j’avais mal un peu partout. J’ai dû m’endormir vers 2h.

Jour 3 : décollages et atterissages

Début de journée à la fraîche malgré la fatigue des derniers jours. La météo est parfaite pour que l’on puisse pratiquer sur la piste rouge. Cette fois, on commence d’un peu plus haut. La piste est donc un peu plus raide, afin qu’on arrive à décoller légèrement, pour apprendre les atterrissages.

Dès le premier essai, on s’envole de quelques mètres ! On bosse du coup la technique de décollage et de stabilisation en vol, puis on travaille sur l’arrondi qui nous permet de ralentir la voile pour se poser en douceur sans devoir courir trop vite.

Lorsque le vent se lève un peu, on prend plus de hauteur, ce qui nous permet de faire des petits virages en l’air pour se positionner vent de face. J’enchaîne les vols, de plus en plus propres, jusqu’au moment où, en commençant mon gonflage, Théo me demande de m’arrêter. Frein d’urgence pour faire retomber la voile net. J’avais mal fait une des vérifications au niveau des suspentes et il y avait quelques nœuds qui déformaient la voile. Je reprépare tout mon matériel et c’est reparti pour un essai !

Je décolle très bien et suis la pente à quelques mètres d’altitude. En arrivant au croisement des postes de ski, je suis confronté à un vent de face un peu plus puissant qui me fait prendre de l’altitude. Je me retrouve à une petite dizaine de mètres, mais pas de panique, je suis stable. Comme je me dirigeais vers les remontées mécaniques, j’ai entamé un petit virage à droite pour me diriger vers un terrain sans obstacles. Une dizaine de secondes après avoir décollé et je faisais mon arrondi pour me poser tout en douceur.

C’était vraiment plaisant d’enfin se sentir planer et de voir que les efforts des deux derniers jours nous permettaient désormais de faire des décollages et atterrissages en route sécurité. On a fini la matinée par un peu de théorie et une analyse du plan de vol pour demain, car nous irons à Oderen pour nos premiers grands vols. Des vols de seulement 200m d’altitude, mais nos premiers vols tout de même !

Décollage en haut et atterrissage en bas

On a pris la route avec Thibault en début d’après midi pour aller au camping qui longe la piste d’atterrissage des deux prochains jours. De là, on pouvait voir notre point de décollage, et observer les centaines de parapentistes qui partaient d’un peu plus haut et qui prenaient des thermiques pour monter toujours plus. C’était beau, et ça donnait envie de se lancer dans le grand bain !

Jour 4 : premiers vols

C’est le grand jour. Après une bonne nuit et 3 jours de théorie et pratique sur pente école, je vais réaliser mes premiers vols. Rendez-vous à 7h sur la piste d’atterrissage à côté de laquelle se trouve notre camping. Les conditions météorologiques sont optimales pour débuter : aucun vent, ni en altitude, ni à l’atterrissage. Un petit briefing et on prend la route en van pour monter au spot de décollage.

La sellette est différente de celle des 3 premiers jours, car il y a une voile de secours. On doit donc préparer notre voile et l’accrocher à la nouvelle sellette. En quelques minutes, j’étais prêt à décoller. On est en haut d’un champ de vaches. Elles bloquent un peu le passage donc Théo les fait reculer. Je m’attache à la sellette et j’observe la vallée, en attendant mon tour.

Vue du décollage. Terrain d’atterrissage en bas à droite

On surplombe le terrain d’atterrissage. Il est lui-même entouré d’autres champs au cas où on se rate. Ça ne fait pas très haut; environ 200m de dénivelé, mais on voit très bien toute la zone dans laquelle on doit évoluer sous voile.

Thibault est le premier à partir. Toute première expérience de vol pour lui, il avait les jambes qui tremblaient à l’idée de décoller. Il a eu l’autorisation de se lancer par Théo. Il souffle un grand coup, bombe le torse, écarte ses bras pour être en position de décollage, tire sa voile, temporise la montée pour qu’elle reste bien au dessus de lui et le voilà en train de courir quelques mètres avant de s’élever dans les airs en position de l’aigle ! On entend les instructions de Théo à la radio, qui s’occupe du décollage, jusqu’à lui souhaiter bon vol. Puis c’est Denis, l’autre moniteur au sol, qui prend le relai pour le guider jusqu’au posé. Le vol ne dure que quelques minutes, mais c’est suffisant pour travailler le décollage, l’installation dans la sellette, les virages, l’approche, sortir de la sellette et se poser.

Pendant le vol de Thibault, j’ai contrôlé ma voile. Lors du contrôle des suspentes, j’ai remarqué qu’elles étaient twistées. Mince, c’est ce que l’on appelle un tour de sellette. Je m’empresse de corriger ça pour être prêt au décollage, mais ça augmente légèrement mon stress. Une fois en place, Théo demande confirmation à Denis pour lancer quelqu’un d’autre. Quand il l’a, il me regarde et me dit « Ok Baptiste, tu es prêt ? C’est quand tu veux ! »

J’ai l’impression d’avoir une bulle de vide dans le ventre, mes jambes tremblent un peu. Je vois la pique devant moi. Je sens de l’air frais qui vient du côté. Le temps semble s’écouler lentement. L’adrénaline montre en flèche, un peu de stress s’installe, mais aucune peur; j’ai déjà vécu quelque chose de similaire, je sais ce que c’est que de se lancer dans le vide. Je mets mes bras en position, je lève la tête, je bombe le torce, j’inspire et j’expire un grand coup…

Et bien, c’est maintenant.

« Et bien c’est maintenant » sont les seuls mots qui sont sortis avant que je pousse sur les élévateurs avant en entamant mon petit sprint. Je sens ma voile se lever jusqu’à arriver au dessus de moi. Je la freine avec la temporisation pour la garder bien au dessus, et je me met à courir, penché en avant, les mains bien derrière mon dos. En quelques pas à peine, je décolle et me retrouve avec le vide sous les pieds. Ca y est, après 3 jours de formation, je vole. Le décollage est parfait, bien dans l’axe, et en parfaite autonomie. Je m’éloigne du relief avant de m’installer dans ma sellette. C’est très confortable ! Il n’y a pas un bruit, tout est très doux. Théo me souhaite bon vol. Je profite des beaux paysages illuminés du soleil levant. Denis prend le relai à la radio et me demande de faire un quart de tour à gauche. Je me penche dans la sellette, j’enfonce doucement la poignée gauche et mon virage démarre. A la fin du virage, je reviens à plat. C’est si doux !

Je suis les instructions de Denis, entame la prise de terrain en U, j’entre dans la phase finale du vol : la ligne droite dans l’axe de la piste d’atterrissage. Je sors de ma sellette pour pouvoir courir, je prend de la vitesse en restant bras haut jusqu’au moment où je fais mon arrondi pour réduire ma vitesse. A quelques centimètres du sol, j’enfonce mes deux freins à fond et je me pose comme une fleur avec quelques pas à peine de course. Voilà, mon premier grand vol est fait.

Vue du Treh

Je plie avec Thibault, tout excités par notre premier vol, le temps que les autres fassent le leur. On enchaîne sur un debriefing, et nous revoila dans le van pour un second vol. On apprend pendant ce vol à utiliser les commandes en mode dragonne pour plus de précision. Décollages et atterrissages au top. Debriefing, et c’est parti pour un troisième vol, pendant lequel on apprend à trouver la voile de secours et on simule son ouverture. Tout se passe à la perfection ! C’était le dernier vol de la journée, mais que c’était bien !

On a passé une grosse partie de l’après-midi au site de décollage du Treh, qui se trouve environ 1000m au dessus de celui qu’on utilise en école. Ca nous a permis de rencontrer quelques parapentistes confirmés, d’avoir des réponses à des questions sur l’aérologie, et à voir des décollages, parfois ratés. C’était très intéressant ! Mais il faisait 33 degrés aujourd’hui, et on commençait à avoir du mal à tenir. On est donc redescendu jusqu’au lac dans lequel on s’est baignés, puis direction un restaurant juste en dessous du site du Treh, pour manger un équivalent de raclette avec une incroyable vue sur les montagnes environnantes pendant le coucher de soleil. C’était vraiment une excellente journée, et des vacances qui me font le plus grand bien !

Après l’effort, le réconfort !

Jour 5 : autonomie

Cinquième et dernier jour qui commence pour ce stage d’initiation. Déjà 3 vols de faits. Le but du stage d’initiation, c’est de pouvoir réaliser au moins un vol. C’est déjà réussi ! La météo s’annonce excellente en ce vendredi matin.

Tout le monde est à 7h pétante devant l’école de parapente, près à en découdre. On sait qu’on doit être efficaces si on veut faire trois vols ce matin. L’objectif du premier vol : apprendre à piloter juste avec notre position dans la sellette. En effet, lorsque l’on créée un déséquilibre, on appuie plus sur un côté de la voile, la déformant légèrement et la faisant dévier de sa trajectoire. C’est une étape très importante lors des virages car ça permet une meilleure précision et évite un effet de balancier en sortie de virage. On devait donc, pour cet exercice, lâcher complètement les commandes et nous pencher d’un côté, puis de l’autre, pour ressentir les inclinaisons engendrées par notre position.

On commence à être rodés pour préparer notre matos, et ce n’est pas un tour de sellette qui me perturbera pour mon vol. Je corrige ça, donc, et je me prépare au décollage. Il n’y a absolument pas de vent, donc il faut courir assez vite pour s’envoler. J’entame ma course et, je dois avouer, j’ai été un peu flemmard. Je n’ai pas assez couru. J’ai légèrement décollé mais pas suffisamment pour m’éloigner de la pente. J’ai dû redonner une impulsion assez violente avec mon pied droit pour enfin m’extirper du sol. Ça m’a fait un peu mal mais rien de bien grave, et ça a fait un peu rire le groupe.

Me voilà en l’air. Je garde la fameuse position de l’aigle, bien penché en avant, le corps dans le vide, avec les bras en arrière à hauteur du torce, et corrige très légèrement ma direction pour aller droit vers le terrain d’atterrissage. Une fois stable et loin du relief, je m’installe confortablement dans ma sellette. Denis prend le relais à la radio et me dit de commencer l’exercice. Je lache les commandes, je fais l’avion avec mes mains et je me penche à gauche. La voile se met à tourner vers la gauche, avec de plus en plus d’angle. Je me recentre lentement et elle revient à plat comme il faut. Je fais de même à droite, puis à gauche, et j’entame la branche dos au vent, qui est la première étape du posé. Je suis les instructions à la radio et je me pose tout tranquillement.

Pour le second vol, nous allions faire deux exercices. Le premier consiste à tenir les deux commandes de la main gauche et de faire une simulation d’ouverture du parachute de secours avec l’autre, tout en maintenant son cap. Le second, c’est de faire un tour complet, et de finir son virage sur la même ligne droite que lorsqu’on l’a commencée. C’est reparti en van jusqu’au décollage !

Théo nous fait une surprise en descendant du van. Plutôt que de commencer du champs juste en dessous du camion, on remonte un peu la pente pour atteindre un deuxième terrain de décollage, 50m plus haut que le précédent. Ca va notamment nous donner un peu plus de marge pour pouvoir faire les 360⁰ qui nous font perdre pas mal d’altitude. On était ravi ! Le champ est bien plus raide ce qui facilite le décollage mais pas la préparation. Une fois prêt à décoller, je demande s’il est possible de ne pas me donner d’indication lors du posé, car je pense avoir compris les timings pour le freinage. Denis me confirme par radio que si mon approche est bonne et que tout semble en ordre, il me laissera me poser sans me donner d’info. J’étais content !

Mais je l’étais encore plus lorsque Théo me regarde, se décale, et m’annonce : « Je ne te dis rien ». Il sous-entendait que je pouvais prendre la décision de décoller quand je sentais que c’était le bon moment. C’est un certain sentiment de liberté quand ton moniteur t’annonce qu’il te fait confiance pour prendre les bonnes décisions et organiser ton décollage en parfaite autonomie ! Je fais une dernière vérification sur les systèmes d’attache du harnais, et sur la position des suspentes. Je respire un bon coup, je bombe le torse, et je me lance. Je gonfle la voile sans problème, je la temporise à la perfection, et j’entame la prise de vitesse. En quelques pas à peine, je décolle dans un axe parfait. Je m’installe dans la sellette et je procède au premier exercice. Je peine un peu à trouver la poignée de secours donc je le répète. Puis Denis me dit de faire le premier tour complet par la gauche. Je commence à tourner sans mettre mon poids dans la sellette ce qu’il me fait remarquer. La voile tourne et prend une belle vitesse. Ma sortie de virage n’était pas la plus propre à cause de mes appuis dans la sellette. Je tâche de corriger ça pendant le second virage à 360⁰ et ca se passe beaucoup mieux, avec une sortie propre et dans l’axe. Je suis content de moi !

Denis me guide à la radio pour l’approche, et une fois sur la phase finale; la dernière ligne droite jusqu’au posé; il m’indique « tout est bon, je ne t’aide pas pour le posé, tu es tout seul, ne freine juste pas trop tôt ». Ça y est, je vais faire mon premier posé en autonomie ! Je me mets bras haut pour la prise de vitesse, je me relève de la sellette, je corrige légèrement ma trajectoire avec des appuis sur la sellette, et je commence la première partie du freinage. Ma voile cesse de chuter et je suis à quelques centimètres du sol. Comme il n’y avait pas de vent, j’avançais à environ 28km/h. C’est rapide pour une course, mais le freinage n’était pas terminé : quand je sens que la voile veut se remettre à chuter, j’enfonce les freins à fond. Elle part légèrement en arrière ce qui me freine grandement. Et me voilà penché en avant prêt à courir ! J’attends le dernier moment pour poser mon pied et je cours sur quelques mètres; me voilà posé, tout en douceur, et sans indications. Denis me félicite à la radio.

On enchaîne bien les vols et les pliages sont de plus en plus rapides. On prépare donc le 3 ème vol de la journée. L’objectif est de nous apprendre à préparer notre Prise de Terrain en U (PTU). Une ligne droite en vent arrière, un quart de tour d’un côté, une ligne droite en vent de côté appelée la phase de base, un quart de tour du même côté puis la phase finale. Pour que ce soit efficace, il faut être bien positionné au bon moment; c’est ce qui est le plus compliqué. L’exercice consiste donc à se mettre parallèle à la piste d’atterrissage. On tend ensuite son bras à 45 degrés vers le bas, et il faut que la trajectoire de notre bras pointe vers le milieu du terrain. Si ce n’est pas le cas, il nous faut corriger un peu notre position. Une fois au bout du terrain, on fait un demi-tour et on refait la même chose avec l’autre main, jusqu’à être à la bonne hauteur pour entamer notre PTU.

Je décolle à nouveau sans instructions et sans soucis. Je me mets parallèle à la piste et je commence l’exercice. Je vois que la piste est à environ 60⁰, donc j’ajuste ma trajectoire pour m’approcher un peu plus du terrain afin qu’il soit à 45 degrés. Denis me confirme à la radio que je suis bien placé et me dit de faire un demi tour. Une fois fait, comme j’ai perdu de la hauteur, je suis à nouveau un peu trop loin de la piste. Je corrige. Puis je fais un autre demi-tour et cette fois-ci, je suis bien positionné. Denis m’indique que c’est la première branche de ma PTU. Je suis ses instructions jusqu’à la phase finale pendant laquelle il me confirme à nouveau que je suis seul pour l’atterrissage. À nouveau, je me pose parfaitement sans radio.

Une pause s’imposait car le rythme était soutenu, et il commençait à faire chaud. Ils avaient prévu 33 degrés aujourd’hui. On grignote tous un peu, on s’hydrate bien, et on fait le debriefing avec Denis. Il est plutôt content de nous et des derniers vols. Il nous propose de faire un dernier vol car le vent commence à légèrement se lever mais reste assez faible pour les débutants. On était plutôt emballés, et il nous fait une proposition : réaliser un vol en parfaite autonomie, du décollage à l’atterrissage. Avec tous les exercices que l’on a fait jusqu’à maintenant, et notamment le dernier, il dit que l’on devrait être capable de décoller, de préparer notre atterrissage avec une PTU sans nous guider, de nous mettre en phase finale et de nous poser. La cerise sur le gâteau ? Il nous laisse carte blanche sur ce que l’on fait pendant ce vol, à condition que l’on respecte les règles de sécurité. Il nous indique tout de même que s’il voit que l’on commet des erreurs, il nous corrigera par radio.

Il faut savoir qu’il est rare de faire 7 vols en stage d’initiation, et que le plus souvent, ils n’en font que 3 ou 4. Avec 6 vols, on a pu faire de nombreux exercices qui ne sont en général abordés que lors des stages de progression, après l’initiation. Que l’on ait fait autant de vol, et qu’il nous fasse suffisamment confiance pour que l’on puisse se débrouiller seul, c’est d’autant plus rare. La pression monte d’un coup; c’est LE but ultime de tout débutant, de devenir indépendant. LE vol sur lequel il faut le plus se concentrer pour prouver ce dont on est capable. LE vol qu’il ne faut pas rater.

Tout le monde sent cette petite pression en plus. Tout le monde vérifie à deux fois son matériel avant de décoller. Je suis prêt. Je gonfle ma voile, je temporise, je prends de la vitesse et me voilà en l’air, sans instructions. J’entends Théo à la radio qui me dit « Beau décollage ça, bon vol ». Je me mets dans la sellette. Je voulais essayer de freiner en l’air pour ressentir l’abattée lorsque la voile plonge en avant pour reprendre de la vitesse. La sensation est très douce. Je fais trois virages engagés qui me font perdre de la hauteur. Depuis une minute, je vole librement. Quand je commence à le sentir, je me mets parallèle à la piste. J’ai un angle de 45 degrés, mais je suis encore haut. Je fais un demi-tour, toujours à 45 degrés du terrain, puis un second demi-tour que je dois légèrement corriger car le terrain est à 60⁰. J’estime qu’il s’agit de la bonne hauteur pour considérer cette ligne droite comme le début de ma PTU. Je dépasse le terrain, et je fais mon quart de tour pour arriver dans la phase de base. J’attend un peu puis je fais mon quart de tour pour arriver en final, mais pendant ce virage, je me trouve encore un peu haut, donc je le maintiens pour faire un 180⁰ un peu engagé. Je perds rapidement la hauteur que j’avais en trop et je fais un quart de tour à droite pour me mettre dans l’axe du terrain. J’entends à la radio Denis me dire « belle approche ». Je vole légèrement de travers, ce que je corrige avec un appuis sellette. Je vole désormais bien droit. Je me relève, prends de la vitesse, et fais un atterrissage tout en douceur. J’entends « bravo » à la radio. Je viens de réaliser mon tout premier vol en parfaite autonomie. Deux personnes du groupe ont raté leur PTU et ont dû être guidés par radio, mais Thibault, Arnaud et moi même avons réussi cet exercice ultime d’un vol sans assistance. C’est un moment incroyable de fierté que l’on partage ensemble. Un moment que l’on ne cessera de nous remémorer le reste de la journée.

Après 5 journées de formation théorique et pratique, 7 vols, et une gamelle en pente école, je termine ce stage d’initiation encadré par Théo et Denis de Cumulus Parapente. Ils ont été adorable, très pédagogue, et ont proposé un apprentissage pas par pas jusqu’à nous accorder leur confiance pour un vol sans assistance. J’ai passé un moment incroyable, réalisant un rêve, et en préparant un autre pour lequel il me faudra quelques années de plus d’expérience pour pouvoir le réaliser. Je vous en parlerai en temps voulu, mais ce n’était que la première étape d’un projet beaucoup plus gros.

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