J’ai fait 4 heures de route pour redescendre jusqu’à Damascus, ville dans laquelle j’ai participé au festival Trail Days. Après ce weekend mouvementé, je suis remonté où je m’étais arrêté et j’ai repris ma route, entrant dans le second et dernier parc national de l’aventure; le parc de Shenendoah. Je ne ferai par contre qu’une partie de ce parc en marchant.
Jour 73, 74, 75 : mile 845,2 – Damascus
Appalachian Trail Days est le nom du plus grand festival de randonneur au monde. Situé chaque année dans la ville de Damascus aux US, la population passe de 850 habitants à plus de 20000 personnes le temps d’un weekend. Avant tout une occasion de retrouver des personnes que l’on a perdu de vue, c’est aussi un moyen d’acheter ou de remplacer du matériel, d’apprendre de nouvelles choses au travers des nombreuses conférences, et de souffler un peu du sentier entouré de personnes de la communauté, le tout en festivité.
On se met en route de Charlottesville pour arriver à Damascus sur les coups de 11h. Il y a déjà beaucoup de monde car de nombreux randonneurs commencent la fête quelques jours plus tôt. On gare la voiture et on se dirige vers le camping appelé « Tent City ». Aménagé à quelque 900m du centre ville, c’est un camping constitué d’un petit champ et d’une immense forêt. A chaque endroit son ambiance : la forêt pour faire la fête et le champ pour se reposer. J’installe ma tente dans le champ puis je fais un tour dans la forêt. Au plus je m’enfonce, au plus il y a de tentes empilées les unes sur les autres. Une marée de tentes perdues dans les arbres, avec des guirlandes lumineuses de partout. Je retrouve déjà des randonneurs que je n’ai pas vu depuis de nombreuses semaines. Je tombe aussi nez à nez avec des randonneurs que j’ai rencontrés l’année dernière sur le CDT. De belles retrouvailles.
Une particularité de ce festival, c’est que presque tout est gratuit. Les randonneurs sont connus pour beaucoup (beaucoup!) parler de matériel. De ce fait, les grandes marques offrent un service client irréprochable. Ainsi, j’ai pu faire réparer ma tente sur le stand de BigAgnes, et j’ai fait changer les embouts de mes bâtons de marche par Leki alors que ce n’était pas de la même marque. Un stand m’a offert un tapis de sol que j’ai pu essayer mais que je n’ai pas vraiment aimé. Une autre m’a donné une boîte avec près de 200 sachets de réhydratation. Ces derniers, on les achète presque 2€ l’unité d’habitude ! Des stands donnaient des petits sièges, des stickers, des sacs de rangement… Il y avait beaucoup de tirages au sort pour gagner des sacs flambants neufs, des tapis de sol gonflables, des tentes… De tout !
Niveau nourriture, de nombreuses églises ont déplacé des groupes pour cuisiner et servir à manger. Je n’ai pas payé un seul centime en nourriture, et j’ai été incroyablement bien nourri ! L’une des églises proposait des massages et une autre un service de coiffure et barbier. J’ai fait entretenir ma barbe. Puis j’ai pris une douche dans l’une des douches portatives d’une église. Cette dernière proposait aussi de faire des lessives. J’ai aussi rencontré le culte YellowDeli, que je reverrai plus tard dans l’aventure. J’aurai l’occasion d’en reparler plus tard.
J’ai été interviewé par le magazine et podcast BackpackerRadio (propulsé par TheTrek), j’ai suivi deux conférences sur des livres et j’ai siroté des limonades devant des groupes de musiques composés d’anciens randonneurs. J’ai aussi pu faire l’achat de mon matériel d’été, du moins, niveau vêtement. Je vous laisse apprécier ce changement quelque peu radical. J’ai enfin remplacé pantalon et t-shirt manches longues par shorts et t-shirt manches courtes.
La première nuit, je suis aller dans la forêt pour faire la fête. Il y avait des feux de camps de partout, dont deux immense. Par immense, j’entends un cercle de feu de la longueur d’une voiture, avec des morceaux de troncs si large qu’il faut que deux personnes se tiennent la main pour en faire le tour. On était une bonne centaine autour de ces feux. En fonction de l’endroit dans la forêt, j’avais des ambiances différentes. Un coin rap, un coin années 2000, un coin très psychédélique… Avec toutes les guirlandes lumineuses et les tous les jeux de lumières, je me sentais parfaitement dans mon élément. Une ambiance digne d’un festival hippie. À côté de l’un des feux, il y avait 6 gros bidons vides sur lesquels de nombreuses personnes s’adonnaient à frapper, créant différents rythmes et musiques au bout de quelques secondes sans même avoir besoin de communiquer. Cela a duré jusqu’à 1h du matin sans une seule seconde d’interruption. Autour du feu, une vingtaine de personnes couraient en rond. Tout était un peu chaotique, mais vraiment sympa. J’ai particulièrement apprécié toutes les lumières dans la forêt, rendant le lieu plutôt mystique.
Le lendemain, c’était un peu la même chose. Journée détente, une conférence, beaucoup de musique, quelques bières et soda. Il y a aussi eu la traditionnelle et très fameuse parade. Tous les randonneurs se sont rassemblés au nord de la ville et se sont rangés dans des blocs représentants l’année à laquelle ils ont marché le sentier. De 1940 à 2023, nous étions quelques milliers à nous suivre jusqu’au sud de la ville, marchant sur l’allée principale tout en criant et chantant. Les spectateurs et accompagnants, eux, étaient sur les côtés et nous aspergeaient d’eau car on est sale. Il y avait une très bonne ambiance et c’était impressionnant de voir autant de monde rassemblés au même endroit.
Le soir, la fête à repris dans la forêt, avec une petite interlude de lourde pluie. J’étais si fatigué que quand ça s’est calmé, je suis allé me coucher. Le lendemain, on s’est remis en route jusqu’à Charlottesville, chez Bob. Sur la route, petite pause dans un DairyQueen pour une glace. Aucun de nous n’a demandé notre reste et à 19h, nous étions tous en train de dormir.
Jour 76 : mile 864,1
On arrive où on s’était arrêtés sur les coups de 9h. De là, j’entame la journée avec un sac particulièrement lourd. En effet, je viens d’acheter du matériel pour randonner pendant l’été, comme un plaid pour remplacer mon sac de couchage. N’étant par contre pas sûr que ce matériel réponde à mes attentes, je préfère porter le tout pendant une section. Si je suis content de mes achats, j’enverrai tout mon matériel d’hiver plus au nord afin de m’alléger.
Je ne me sens pas vraiment motivé aujourd’hui. C’est probablement à cause de la fatigue, bien que j’ai passé l’une de mes meilleures nuits. J’écoute du coup pas mal de musique et des podcasts. Le sentier suit une route, passant d’un côté puis de l’autre à plusieurs reprises. J’aurai pu la suivre, mais j’ai préféré avoir le calme de la forêt après ces quelques jours de fête. J’ai pris un détour de quelques centaines de mètres pour aller voir un point de vue intéressant depuis la chaotique falaise de Humpback. C’était impressionnant de voir à quel point la Virginie est plate quand on s’éloigne de la chaîne des Appalaches.
J’ai fini par atteindre l’abri dans lequel tout le groupe était en train de s’installer. Demain est censée être une très grosse journée niveau distance. Comme il était encore tôt, j’ai préféré pousser un peu tout seul afin de réduire la distance à parcourir demain. Après 7,5km de marche, je fini par m’installer sur le bord du sentier. Ils ne prévoient pas de pluie cette nuit donc je dors à la belle étoile avec mon nouveau plaid.
Jour 77 : mile 885,0
Malheureusement, la couverture n’a pas été suffisante. La température est tombée à 9 degrés, et dès 21h30, j’étais en train de trembler. J’ai enfilé ma doudoune et mes collants, mais à 22h30, rebelote. J’ai donc fini par dormir avec mon sac de couchage. Ce n’était pas la plus calme des nuits car j’étais à 250m d’une autoroute et d’un échangeur avec deux grandes routes. Avec les bouchons d’oreilles ça allait, mais ce n’était tout de même pas le plus confortable.
Je commence ma journée avant 7h et j’entre dans le parc national de Shenendoah. C’est le second et dernier parc national de l’aventure. Sur toute la longueur du parc, le sentier suit et traverse de nombreuses fois la route principale. Les dénivelés ne sont pas trop raides et importants, mais la végétation est dense et les vues sont un peu plus rares que sur certaines sections. Je marche donc sur une montée assez tranquille jusqu’à un petit sommet, puis redescend jusqu’à un parking. Il y avait un couple à côté d’une voiture. En leur parlant un peu, j’ai découvert que c’étaient les parents de Victory, une fille que j’ai croisée quelques fois ces dernières semaines. Ils m’ont donné des fruits et un précieux litre d’eau. En effet, le sentier suit la crête sur tout le parc, constamment en hauteur. A de rares occasions, il est possible de sortir du sentier pour redescendre jusqu’à une source, mais pendant 12 miles, il n’y a pas un seul ravitaillement.
Je marche plutôt vite et longtemps, ne faisant que quelques pauses. J’enchaîne les podcasts et musiques pour me motiver. Je me sens bien mieux qu’hier. Je n’ai pas trop de douleurs aux genoux, probablement parce que les descentes ne sont pas trop raides. Ma gorge est toujours douloureuse par contre. À chaque fois que j’éternue (et ça arrive une bonne trentaine de fois par jour en raison des pollens qui sont omniprésents en ce moment), ça relance les douleurs. C’est tout de même de mieux en mieux.
Au sommet d’un des monts, je surprends deux chevreuils qui n’avaient clairement pas peur de moi. Ils se sont légèrement déplacés pour me laisser passer puis ont repris leur dîner de feuilles et d’herbes. Plus loin, c’était au tour d’un grand serpent. Puis d’une petite grenouille.
Quand j’arrive à l’abri, je suis très tenté de pousser un peu car il n’est même pas 16h et je suis en forme, mais je décide de m’arrêter car le magasin qui vend des milkshakes, à 6miles de là, n’ouvre qu’à 9h. Il n’y a donc aucune raison pour que je m’en approche plus ce soir. J’ai donc fait un petit feu de camp et discuté avec les randonneurs qui font quelques sections du parc. J’ai fait une bonne séance d’étirements et de massages puis je me suis couché ; il n’était même pas 20h.
Jour 78 : mile 900,3
Départ à 5h15 pour un petit kilomètre de marche jusqu’au sommet de Blackrock, un amas de pierres duquel la vue est magnifique. Un coin parfait pour profiter de ce lever de soleil. C’est la première vue vraiment intéressante de ce parc. La marche était vraiment tranquille, avec des montées très douces et beaucoup de plats. J’arrive dans un restaurant sur les coups de 10h et je mange un burger puis un milkshake. Je reprends la route vers midi avec quelques autres points de vue intéressants puis j’arrive au mile 900,3. De là, sur le côté de la route, je fais du stop pour retourner au premier restaurant. Derrière ce dernier, il y a un campement dans lequel le reste du groupe s’est installé. Je voulais tout de même atteindre le mile 900 avant de quitter le parc.
Demain, on retourne vers le sud en voiture pour faire 3 jours d’aqua-blazing (je reviendrai là-dessus dans le prochain article). Au restaurant, je prends un second milkshake, fait un ravitaillement et je rejoins le groupe. On fait des hotdogs au bbq et je retourne au restaurant pour un ultime milkshake. Les pollens sont atroces aujourd’hui. Même avec double dose d’ antihistaminique , je souffre d’éternuements à répétition ce qui endommage ma gorge à chaque fois, et fais constamment couler mon nez.
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