Quelques jours de pluie puis beaucoup de beau temps. De très gros dénivelés et beaucoup de fatigue. De longues journées et une nuit insolite… C’est tout ce qui m’attendait sur cette section tant éprouvante qu’intéressante.

Jour 30 : mile 241,5 – Standing Bear Hostel

Aujourd’hui, c’était repos toute la journée ! Le parc national des Great Smoky Mountains était si épuisant que j’ai préféré prendre une journée complète de repos dans cet endroit qui, bien qu’un peu cher, a vraiment une très bonne ambiance. Au programme, de la bouffe, des bières, des jeux de cartes et une séance de yoga animée par Mantis qui en est prof. Dans le fond, une bonne journée de détente afin de reprendre sur un bon pied.

Jour 31 Pluie 8 : mile 261,8

J’ai passé une très bonne nuit. Au réveil, j’ai par contre été déçu de voir qu’il pleuvait averse. Au moment de me mettre en route, ça s’est calmé un peu pour reprendre de plus belle quelques minutes plus tard. Je marchais avec mon parapluie, gardant tout mon torse au sec. Il ne faisait pas froid, et il n’y avait pas de vent donc ce n’était pas trop dérangeant de marcher comme ça. Je me suis perdu dans mes esprits jusqu’à une accalmie.

J’en ai profité pour faire ma première pause et grignoter quelque chose. Quand j’ai regardé la différence parcourue, j’étais à déjà 8,3 miles (un peu plus de 13km) de mon point de départ. 4,3km/h de moyenne, malgré toutes les montées. J’étais sur le cul ! J’ai repris au bout de quelques minutes, juste avant que la pluie ne reprenne. Elle ne s’arrêtera pas jusqu’au soir.

C’était d’ailleurs bien dommage, car je traversais Max Patch aujourd’hui, une sorte de plaine très connue sur le sentier, offrant une belle vue sur les alentours. Je ne verrai strictement rien, et le serai juste un peu plus exposé au vent et aux gouttes. Le sentier s’est d’ailleurs transformé en petit ruisseau dans lequel je n’avais d’autre option que de marcher. Lorsque j’ai voulu passer au-dessus d’un arbre qui me barrait le sentier, j’ai fini par glisser. Une glissade non contrôlée. J’ai fini sur les fesses, sans trop de douleurs. C’était parfois moins une que ça n’arrive à nouveau, surtout dans les montées ou presque chaque pas me faisait glisser vers l’arrière.

Au sommet de Max Patch

Quand j’arrive à l’abri qui était à 15,5 miles de mon point de depart, il n’était encore que 14h30. J’ai fait une pause au sec, mangeant et buvant ce que je n’avais pas encore consommé de la matinée. Je me suis ensuite posé la question d’arrêter ma journée ici ou de pousser jusqu’au prochain refuge. Il était tôt, et tant que je bougeais, je n’avais pas froid. Chaque mile que je ferai aujourd’hui est un mile que je n’aurai pas à faire le lendemain, sous une pluie peut être plus intense, et plus tôt j’arriverai en ville.

J’ai fini par décider de pousser les 5 miles jusqu’au prochain abri. Il n’y avait la place que pour sois disant 4 personnes, même si on aurait pu en mettre 7 facilement. Les 5 personnes dedans ont refusé de se coller un peu plus pour me faire une place, m’obligeant à monter ma tente sous la pluie. C’est malheureusement ce qui arrive lorsqu’on est sur une section populaire avec des personnes qui ne font que des sections et qui ne comprennent pas l’intensité d’un thru-hike.

En deballant mes affaires dans ma tente trempée, je me suis rendu compte que j’ai oublié l’un de mes sacs à l’hôtel ce matin. Il comprenait mon rechaud, ma popote, et des chocolats chauds que j’avais grande impatience de manger ce soir. Je ne suis pas sûr de pouvoir les récupérer, ce qui va engendrer de nouvelles conséquentes dépenses dont je me serais bien passé… Je m’endors a 18h, le téléphone en main, alors que j’étais en train d’écrire cet article. J’ai réalisé ma plus longue journée sur le sentier ; un peu plus de 32km, avec 1950m de dénivelé positif, le tout avec uniquement 2 pauses et une pluie presque continue.

Jour 32 Pluie 9 : mile 274,8 – Hot Springs

Je suis réveillé vers 23h lorsque le vent, qui s’était levé, à réussi à ouvrir la fermeture éclair de ma tente. J’ai refermé tout ça, et constaté que tout mon matériel était trempé. Même mon sac de couchage. J’étais en train de nager dans ma tente. Il faisait frais, mais je n’avais heureusement pas froid. À 6h, alors que la pluie se calmait, je décide de me faire violence, de ranger mes affaires, et de me mettre en route pour atteindre la ville où je pourrai me mettre au sec.

Alors que j’essayais de ranger ma tente, les rafales de vent glaciales, à 80km/h, ont tenté de l’emporter. J’ai dû courir après pour la récupérer avant qu’elle ne dévale la pente. J’étais frigorifié de mettre des vêtements dégoulinants et froids par ce vent. J’ai donc essayé de trottiner histoire de me réchauffer. Ça a fonctionné un peu, et descendre sur la face ouest des montagnes, à l’abri du vent, a clairement été bénéfique.

La pluie a par contre repris de plus belle. Quand le vent soufflait, c’était si fort qu’il détachait mon parapluie ou le retournait en une fraction de seconde. Le soufflement était tel que la pluie était horizontale, et parfois même semblait remonter par dessous le parapluie. J’étais frigorifié. Je ne prenais aucun plaisir. J’étais par contre très content d’avoir fait les 5 miles de plus la veille, lorsque j’étais en forme. C’étaient 2 heures de marche en moins aujourd’hui.

J’ai marché les 13,6 miles (22km) d’une traite, sans pause, arrivant avant midi à Hot Springs. J’ai immédiatement posé mes fesses dans un restaurant pour un énorme burger. Puis j’ai rejoint les autres pour faire une lessive. Quel bonheur d’enfiler des vêtements chauds et secs… Enfin, on a rejoint l’hôtel et on a profité de quelques glaces. Je déteste vraiment la pluie.

Jour 33 : mile 283,2

J’ai passé une excellente nuit, et quel bonheur de me lever avec un grand ciel bleu ! J’ai fait mon ravitaillement puis on est allés manger un brownie, un bagel avec du Nutella, eu un smoothie banane myrtilles. Vers 12h30, il était temps de nous remettre en route.

J’ai traversé le pont et commencé la montée en sortie de la ville. C’était beaucoup trop raide, et il faisait très chaud. J’ai eu du mal à prendre le rythme, mais une fois que j’étais lancé, j’ai fait toute la montée d’une traite. J’ai juste adapté ma vitesse pour ne pas tomber à court de souffle. Je sens tout de même que mon cardio est bien meilleur maintenant qu’il ne l’était avant le début de la randonnée.

Après quelques heures de marche, j’arrive à une intersection pour rejoindre une tour de garde. Elle est 400m hors du sentier, mais vu la météo, je me suis dit que c’était une bonne idée. Quand je suis arrivé au pied, Il y avait Chopstick, un gars que j’ai vu quelques fois ces derniers jours. C’est sa 8eme année consécutive sur le sentier, et il est très connu notamment parce qu’il fait un feu tous les jours et qu’il porte quelques kilos de viande à chaque fois, qu’il grille puis partage avec tout le monde. Le reste du groupe est arrivé et il nous a proposé de le rejoindre pour le barbecue.

On est allé voir le coucher du soleil en haut, profitant d’une vue incroyable sur les alentours, puis on l’a rejoint pour le bbq. Des steack, des ribs et un autre morceau de viande avec un assaisonnement absolument délicieux, le tout bien grillé et juteux. C’était incroyable ! Pendant notre repas, deux hommes sont venu en voiture et nous ont offert une bière et quelques pignons de poulet.

Nous devions normalement aller 4km plus loin pour rejoindre l’abri, mais c’était vraiment trop tentant de rester là et de dormir directement au sommet de la tour, alors on s’est installés. Comme le vent s’est levé, on s’est collés les uns aux autres afin de limiter l’air qui venait d’en dessous de nous comme le sol était une grille. Il a commencé à faire très froid mais on était bien équipés et on avait le ventre bien rempli.

Jour 34 : mile 301,8

La température a chuté à -2 degrés pendant la nuit, et les rafales à 70km/h n’ont pas aidées. Néanmoins, j’ai dormi avec un chauffe main dans mon sac de couchage et ca m’a maintenu au chaud pendant de nombreuses heures. J’étais vraiment bien ! Je me suis levé deux fois pour aller aux toilettes et j’avais à chaque fois une vue imprenable sur les villes alentours et sur le ciel parfaitement dégagé.

C’était compliqué de ranger mes affaires au matin tant il faisait froid et tant le vent soufflait. Je me suis dépêché afin de commencer à marcher pour me réchauffer. Au bout de quelques minutes de marche, je redescend un peu et suis à l’abri du vent. J’entends un drôle de bruit dans les feuilles en face de moi donc je lève la tête et je vois un ours en train de courir aussi vite que possible vers le sommet, apeuré par ma présence. C’était le premier ours que je voyais de l’aventure, et je suis très content de cette rencontre !

J’ai continué ma route jusqu’à finalement atteindre Allen Gap. Un peu plus loin, il y avait de la trail magic. J’ai eu des boissons et pas mal de nourriture que j’ai très largement apprécié. J’ai ensuite commencé la plus longue et raide montée de la journée. Elle était interminable. 8km de montée d’une traite. J’étais essoufflé ! À mi chemin, il y avait un abri. J’étais très étonné car je n’ai reconnu absolument personne. Ça signifie que je viens d’entrer dans une nouvelle bulle de randonneurs. À croire que je marche plus vite et plus longtemps que les personnes devant moi !

Le sentier suivait ensuite les crêtes sur un chemin très cabossé, avec beaucoup de racines et de rochers. À plusieurs reprises, j’ai dû utiliser mes mains pour avancer. J’ai fait un tout petit détour pour avoir une vue sur les villes que je voyais pendant la nuit. Ça valait largement le coup ! Un peu plus loin, j’ai atteint le mile 300. 480km de marchés déjà. Je suis si fier ! Encore quelques 3000km pour rejoindre Kathadin, le monument marquant la fin de l’Appalachian Trail.

Quand je suis arrivé à l’abri, j’étais vraiment extenhué, à bout de force. J’ai mangé et j’ai préparé un feu dans l’abri vu qu’il a une cheminée, comme dans le parc national des Great Smoky Mountains. Ca devrait nous permettre d’avoir un peu plus chaud que la veille, car ils prévoient encore des températures négatives. Au moins, il n’y a pas de vent ce soir.

Jour 35 : mile 317,3

Le feu a maintenu une très bonne température dans l’abri jusqu’à au moins 3h. Je n’ai ressenti le froid qu’aux alentours de 5h. C’était une excellente nuit ! Par contre je me suis réveillé avec quelques douleurs à la cheville gauche. Ça faisait plusieurs jours que je ne les avais pas senties.

Début de journée sur un sentier particulièrement cabossé, ce qui n’a pas aidé les chevilles. C’était ensuite une longue descente jusqu’à une route. Il faisait particulièrement chaud, et un panneau indiquait que l’auberge de jeunesse à 100m de là vendait des sodas. J’étais trop tenté. Je suis aller acheter deux cocas. Un pour tout de suite, et un pour le soir, puis j’ai entamé la très (trop!) longue montée. Bien trop raide. Ma cheville est devenue de plus en plus douloureuse, mais je vais bientôt pouvoir prendre du repos.

À la fin de la journée, je n’avais vraiment plus de force. Je me rend compte que je suis particulièrement fatigué ces derniers temps. Je met ça sur le coup d’un manque de calories. Du coup je me suis forcé à avaler 400gr de purée de pommes de terre avec des ramen, du thon, des bouts de saucisson et un complément alimentaire. J’ai aussi triplé mon apport en curcuma en espérant ne pas devoir me retourner vers des ibuprofenes.

Demain, je prévoie de faire ma plus grosse journée depuis le début de l’aventure afin de m’approcher un maximum de la ville pour que le lendemain soit le plus reposant possible. J’ai aujourd’hui dépassé les 500km de marchés. Plus que 3000 !

Jour 36 : mile 338,0

J’ai passé une excellente nuit, nécessaire pour la journée qui m’attendait. 20,7 miles au total (33,1km), ma plus longue journée. 1500m de dénivelé positif au total. Je mange un bon petit déjeuner, je passe aux toilettes qui font face aux montagnes alentour et je me mets en route. Je n’avais pas fait gaffe, mais il y avait 17 tentes derrière l’abri, et 7 personnes sous ce dernier. J’ai effectivement atteint une nouvelle bulle.

C’était une journée en montagnes russes. De très nombreuses petites montées et descentes, et deux longues ascension. J’ai marché la première partie de la matinée jusqu’à 11h, quand je suis arrivé devant deux glacières perdues au milieu de nul part. Dedans, des oeufs durs cuits le matin même, des chips, des chocolats et des pommes. De la trail magic ! J’ai pris un œuf et une pomme puis j’ai repris la route.

Il n’a pas tardé à faire chaud. Pour le 4 eme jour d’affilé, nous avons une météo irréprochable ! Un grand ciel bleu et des températures très appréciables. Pas de vent.

J’étais en train de monter sur la montagne Big Bald quand, 300m avant le sommet, je suis passé à côté d’un feu laissé à l’abandon alors qu’il était encore plein de braises fumantes. C’est exactement à cause de ce genre de comportement que de nombreuses sections se retrouvent brulées sur les autres sentiers. J’ai utilisé le peu d’eau qu’il me restait pour l’éteindre.

Au sommet, j’ai pu avoir une vue à 360 degrés sur les environs. D’un côté, de grands plateaux urbanisés, de l’autre, les chaînes de montagnes que l’on avait traversées quelques jours plus tôt. Une vue impressionnante comme je n’en attendais pas vraiment sur ce sentier.

J’ai fait une pause en milieu de journée, à presque équidistance entre mon point de départ et d’arrivée. J’ai mangé de quoi me donner des forces pour ce qui m’attendait, mais la fatigue a commencé à se faire ressentir. J’ai donc pris un cachet de 200mg de caféine. Un quart d’heure après et j’étais presque en train de courir sur le chemin, jusqu’au soir. Un peu plus de 10miles (16km) sans pause, à plus de 3 miles par heure même en montée. J’étais survolté. Le cardio au maximum, je dépassais de nombreuses personnes que je n’avais encore jamais vu. Moi qui ne consomme jamais de café, je suis toujours très réceptif à cette molécule et c’est parfait pour ce genre d’occasion.

J’arrive à l’abri, j’installe mes affaires, je mange et la caféine s’estompe finalement, me laissant dans une intense fatigue. C’était parfait, juste ce dont j’avais besoin. Mes chevilles ont été un peu douloureuses aujourd’hui, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Rien d’alarmant par contre, et le repos des prochains jours me fera le plus grand bien. J’ai oublié de préciser que j’ai trouvé de l’ail des ours sur le sentier, que j’ai utilisé dans mon repas. Un vrai délice !

Jour 37 : mile 344,3 – Uncle Johnny’s

Il a fait très chaud pendant la nuit. J’ai néanmoins passé une excellente nuit. Quand je me suis levé pour aller aux toilettes vers minuit, j’ai eu un peu d’angoisse car mes chevilles étaient très douloureuses, mais au final, au petit matin, je n’avais plus rien.

La journée était très courte, d’où l’importance d’avoir fait beaucoup de distance hier. 6,3 miles que j’ai fait avant 9h30. C’était principalement de la descente, donc assez rapide à faire. Premier réflexe en arrivant à l’auberge de jeunesse Uncle Johnny’s, acheter un coca. Puis, j’ai récupéré mon réchaud que j’avais oublié à la précédente auberge. Je vais enfin pouvoir chauffer mes plats sans dépendre des autres !

L’auberge de jeunesse Uncle Johnny’s
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